Le Loup de Gubbio

Ext. des Fiorettis de St François repris et commenté par Frédéric Ozanam dans "Les poètes franciscains au XIIIe siècle en Italie" (pages 90-92)

Le loup de Gubio Le loup de Gubio  
Cathédrale d'Albi
Cathédrale d'Albi

 

Et voici que,voyant une foule d'habitants de la ville qui étaient venus pour voir ce miracle, ledit loup s'élance au devant de saint François, la gueule ouverte ; mais, approchant de lui, saint François fait sur lui le signe de la très sainte croix, et l'appelant lui dit : « Viens ici, mon frère loup ; je te commande de la part du Christ, que tu ne fasses de mal ni à moi, ni à personne. »

 

Admirable chose ! aussitôt que saint François eut fait le signe de la croix, le loup terrible ferma sa gueule, et s'arrêta de courir, et sur Tordre donné, vint doucement, comme un agneau, se coucher aux pieds de saint François. Et alors saint François lui parla ainsi : « Frère loup, tu fais beaucoup de ravages dans ce pays, tu as détruit et tué des créatures de Dieu, sans sa permission. Et non seulement tu as tué et dévoré des animaux, mais tu as eu l'audace de tuer des hommes faits à l'image de Dieu. Aussi es-tu digne du gibet, comme brigand et le pire des homicides ; tous les gens se plaignent de toi, murmurent contre toi, et tout le pays est ton ennemi. Mais je veux, frère loup, faire la paix entre toi et eux ; si bien que tu ne les offenseras plus, et eux te pardonneront toutes les offenses passées, et ni les hommes, ni les chiens, ne te persécuteront plus. »

 

Ces paroles dites, le loup, par les mouvements de son corps, de sa queue, de ses oreilles et en inclinant la tète, montra qu'il acceptait ce que saint François disait et qu'il entendait l'observer à l'avenir. Lors, saint François répéta ceci : « Frère loup, puisqu'il te convient de conclure et d'observer cette paix, je te promets que je te ferai donner tes aliments d'une façon continue, tant que tu vivras, par les hommes de ce pays, de façon que tu ne souffres plus de la faim, car je sais bien que c'est à cause de la faim que tu as fait tant de mal. Mais puisque je t'accorde cette grâce, je veux, frère loup, que tu me promettes que tu ne nuiras plus à personne, ni homme, ni animal, me le promets-tu ? » Et le loup, en inclinant la tète, fit un signe évident de promesse. Et saint François lui dit : « Frère loup, je veux que tu me fasses foi de cette promesse, afin que moi, je puisse bien m'y fier. » Saint François ayant étendu la main pour recevoir la foi du loup, celui-ci leva sa patte droite de devant, et familièrement la posa dans la main de saint François, lui donnant tout le signe de foi qu'il pouvait.

 

18 octobre, Douai
Lecture - Conférence : « Des fleurs de poésie » Frédéric Ozanam et François d'Assise

 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Dimanche 27 octobre 2013 • 1461 visites

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