Dimanche des Rameaux

Homélie du Père Lucien Dabira

 

Chers frères et sœurs, bonjour

 

Après la procession que nous venons de vivre et qui a traduit notre désir d'acclamer notre roi et sauveur, et après la lecture de la passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon saint Marc, je crois que je n'ai plus besoin de faire une homélie mais de laisser chacun méditer tous ces événements. Cependant, je veux tout simplement aider chacun à cette méditation en ouvrant certaines pistes.

 

Dans l'évangile du Dimanche dernier, nous avions entendu que des Grecs sont venus voir Philippe pour lui dire: « Nous voulons voir Jésus ». Philippe le dit à André et tous deux vont le dire à Jésus. En guise de réponse, Jésus dit ceci: « l'heure est venue où le fils de l'homme doit être glorifié; amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruits ». Cette heure dont parle Jésus, est le moment où il sera révélé au monde comme Fils de Dieu, comme le messie, le sauveur. Avec le Dimanche des rameaux, nous sommes entrés dans cette heure où nous avons reconnu Jésus comme l'envoyé de Dieu: « Hosanna au plus haut des cieux; bénis soit celui qui vient au nom du Seigneur; hosanna au plus des cieux ». Mais ce Dimanche des rameaux est aussi le jour le plus ambiguë, car le même peuple qui acclame Jésus sera le même qui va réclamer sa mort. C'est ce que nous venons de lire dans l'évangile de la passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon St Marc.

 

En lisant ce récit de la passion, chacun de nous a pu se reconnaître dans tel ou tel personnage. Nous pouvons, tour à tour, être tel ou tel personnage. Si nous nous sommes reconnus dans la pècheresse qui a apporté ce parfum de grande valeur et qui l'a versé sur les pieds de Jésus en les essuyant avec ses cheveux, heureux sommes; car nous avons reconnu notre état de pécheurs en quête du pardon de Dieu. Après sa rencontre avec Jésus, la pècheresse Marie Madeleine n'est plus la même. Sa vie est bouleversée, changée, c'est pourquoi elle peut désormais faire preuve d'un grand amour envers Jésus. Elle sait qu'elle peut compter sur la miséricorde de Dieu. Et nous, croyons-nous que nous pouvons compter sur la miséricorde de Dieu ou bien restons-nous enfermer dans notre péché ? Comme Marie Madeleine qui désire briser son cœur de pierre pour que le Seigneur le transforme en cœur de chair, entrons dans la prophétie d'Ézéchiel et accueillons-là: « j'enlèverai leur cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair ».

 

Nous nous sommes, peut-être, reconnus dans les apôtres qui ont abandonné leur maître et qui ont fui . En effet, très souvent nous sommes des chrétiens démissionnaires devant le témoignage à donner à cette société dans laquelle nous vivons et qui de plus en plus cherche à éjecter Dieu de ses structures. Comme Pierre, nous renions le Christ en disant: « je ne connais pas cet homme, … je ne sais pas de quoi tu parles ». En cet instant, laisse le regard miséricordieux de Jésus croiser ton regard pour te guérir de ta peur.

 

Je partage avec vous une découverte que j'ai faite par Sœur Claire Patier en préparant cet homélie. Il s'agit du coq dont le chant a rappelé à Pierre qui il était. Le coq, est selon le livre de Job et dans la tradition juive, l'animal du discernement (Jb 38, 36). Le coq est le premier à être capable d'annoncer que la nuit se termine et que le jour arrive. Il discerne avant tous les autres, la venue de la lumière. Le coq qui chante va rappeler à Pierre, où est la vraie lumière et que la lumière de Dieu peut se lever dans sa vie et qu'il n'a plus à désespérer. Comprenant cet amour, Pierre va pleurer son péché et se convertir avec ce flot de larmes. Frères et sœurs, il n'y a pas de péché désespéré que le Seigneur refuserait de nous pardonner. Comme Pierre, entrons en nous-mêmes, reconnaissons notre péché et allons trouver le prêtre qui nous donnera le pardon de Dieu.

 

Peut-être, nous sommes nous reconnus dans la personne de Barabas dont le nom signifie: fils du père. Le texte nous dit qu'il était un brigand, un meurtrier. Barabas représente le fils du Père que nous sommes. Nous sommes les fils du Père, dans le Fils unique Jésus-Christ, comme dit l'apôtre Paul, « fils dans le Fils ». Les frères de Barabas que nous sommes, à la question de Pilate, crièrent: « libère Barabas ». Pilate exécute le vœux du peuple en libérant Barabas. Barabas est donc délié, parce que Jésus est lié. En même temps que Barabas est délivré, Jésus, le Fils Unique du Père qui vient porter sur lui le poids de tous les péchés des fils du Père que nous sommes, est livré. Et comme nous allons l'entendre dans le chant de l'exultet à la veillée pascale, « Amour infini de notre Père, suprême témoignage de tendresse, pour libérer l'esclave, tu as livré le Fils! Bienheureuse faute de l'homme qui valut au monde en détresse le seul Sauveur ! ». Si Jésus a été livré, c'est pour notre délivrance, notre salut.

 

Frères et sœurs, avec ce Dimanche des rameaux nous sommes entrés dans la semaine sainte au cours de laquelle nous allons vivre de façon actualisée, le mystère pascal. Entrons dans cette semaine avec le désir de recueillir sans cesse les fruits de la rédemption car Jésus nous a sauvés par sa mort et sa résurrection; il nous a donné la vie. Amen !

 

Père Lucien Dabira,

Eglise Notre-Dame, le 29 mars 2015.

 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Jeudi 09 avril 2015 - 17h55 • 1005 visites

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