Homélie du Père Bernard DESCARPENTRIES

Messe de minuit 2012

 

(Homélie_du_Père_DESCARPENTRIES_20121224.mp3)

 

A l’évangile de la crèche proclamé à minuit, répond l’évangile du Verbe proclamé le jour ; ils viennent éclairer l’intelligence du cœur à propos du petit enfant vulnérable de la nuit de Noël qui est Dieu , Parole qui s'est faite chair.

En Jésus, né de Marie ; Dieu vient dire qui il est, et nous révéle ce que nous sommes. Il nous dévoile à nous-même, comme le fait l'amour dans un coeur d'homme auquel dit-on, il donne des ailes (souhaitons qu'elles soient pour vous, celle d'un messager de la Bonne Nouvelle, d'un ange. Parce qu’Il nous aime, DIEU vient partager notre destin, nos soucis, nos peines, nos épreuves, et nos espoirs. L’incarnation, c’est un murmure, un aveu offert à tous les hommes. C'est un feu qui veut nous réchauffer, nous éclairer, nous purifier, et nous traverser, pour atteindre les autres de proche en proche. Quand ce don est accueilli, portes grandes ouvertes, comme celles de l'année de la Foi que nous venons symboliquement d'ouvrir ; alors DIEU est reçu en nos pauvres étables dont la paille devient or. Le Verbe se fait chair, et il habite parmi nous, et nous voyons sa gloire… »

Jésus est le fils de Dieu venu en notre monde. Il est le fils de Marie. Comme tout enfant, il apprendra auprès de ses parents. La parole de Dieu n'est pas une parole proférée loin au-dessus de nos vies ; elle prend chair et apprend les mots des hommes dans une humble famille. Aujourd'hui, nous fêtons dans la joie la naissance de Jésus. Il est né dans une étable en compagnie de Marie, sa mère, et de Joseph.

Dans le climat actuel de de questionnement sur la famille, je vous invite à considérer cette question : Qui a coupé le cordon ombélical ? L'Evangile ne nous le dit pas, peut-être pour signifier que Dieu est sans commencement, ni fin ; Il est éternel.

Couper le cordon permet l'accueil de l'enfant par la société. Tant que le cordon existe, l'enfant est lié à sa mère. Ce lien est physique et psychologique. Le père est selon les règles de la psychanalise, celui qui signifie la castration qui nous constitue comme sujet, individu en capacité relationnelle. Ainsi Joseph offre une filiation humaine à Jésus, et nous invite à couper le cordon de nos idées arrétées pour restituer la vraie place de la paternité spirituelle. Il nous provoque, par le don de DIEU, à l'accueil d'une vie autre avec les autres. L'homme ne se donne pas à lui même, mais se reçoit en se construisant avec d'autres, dans partage de vie. Il ne se construit pas de rien, mais avec un corps qu'il a reçu d'une relation qui l'a précédé. Nous, fils et filles, orphelins ou adoptés ; nous sommes des êtres reçus d'un “avant” qui nous précède, et avec lequel nous devons composer. En ce jour de Noël, Dieu le Père, nous introduit avec Jésus dans la vie trinitaire, dans une vie sociale ; et il nous invite à ad-venir à l'éternité. Cet enfant n'est pas seulement l'enfant de Marie ; Il fonde ce qui reste “à venir”. Pour nous, il devient ; et il tire le monde dans la réalité. Il est le sauveur du monde.

Vous l'avez compris, avoir un père et une mère est avantage pour la vie sociale, mais c'est toute la société qui nous met en demeure d'exister. Pour cela il nous faut accepter d'être vigilant quand au cordon ombélical. Vigilant à ce qui peut modifier la liberté et la protection de l'enfant. Durant la grossesse l'enfant est protégé par la vie placentaire et après sa naissance, il est protégé par les gestes et la prévenance de ses parents. Dans la sainte famille de Nazareth, Jésus a été protégé, mais pas couvé. Et nous ? Quels rapports entretenons nous avec nos proches ? Avec le monde ? Ne serions nous pas tenter par ces problèmatiques du “sur-protegé” ou “sur-protecteur” ? Cela est exigeant de présence et de dépossession. Nous existons dans le partage relationnel qui nous construit ,et en ce mystère. A ceux qui pensent que nous n’avons pas besoin d’un autre pour être simplement nous-mêmes, je pose la question ? Qui peut-il vraiment nous garantir que ce que nous pensons nous rende vraiement humain ?

Couper le cordon ombélical donne à l'enfant d'exister et modifie sa façon d'être nourrit. Désormais Jésus va se nourrir du lait de sa maman. Cela lui permettra de continuer sa croissance. Un jour, il sera nourrissant par offrande au Père.

Aujourd'hui et tous les autres jours, DIEU nous invite à nourrir nos vies et celles de nos “frères”, à sa présence. Si aujourd'hui, nous faisons attention à ce que nous absorbons par la bouche pour avoir une alimentation saine et équilbrée, biologique ; sommes toujours conscients que nos relations à l'autre peuvent le faire grandir ou le rendre dépendant, infirme, au point qu'il n'aura plus la capacité d'exister . Ce soir venons chercher dans la crèche, dans la mangeoire ; cette nourriture la plus saine et la plus sainte qui soit : DIEU lui même. Le Christ nous révèle tout à la fois Dieu et l’homme. Dieu se fait pauvreté offerte pour nous enrichir par sa pauvreté. Dieu se fait homme pour que l’homme devienne Dieu. Le Vivant traverse la mort et les ténèbres pour faire de nous des vivants. Noël est la fête d’une présence qui ne s’impose jamais et ne contraint personne. Une présence qui nous redit que, tels nous sommes aujourd’hui, tout n’est pas joué, tout est toujours possible, une nouvelle naissance est proposée. C’est chaque fois une naissance quand nous osons croire au renouveau, quand nous osons la fraternité, le partage et la réconciliation. C’est Noël quand j’ose aimer et me laisser aimer. Dieu se montre quand notre cœur s’ouvre à un autre, quand la rencontre devient possible. Ensemble, fêtons la joie de pouvoir croitre en Jésus. Par Lui, avec Lui,en Lui ; Amen !
 

 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Samedi 29 décembre 2012 • 864 visites

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