Homélie du Père Jean-Marie Telle

7 décembre 2013 - Église Notre-Dame

 

Nous sommes à trois semaines de Noël. Le temps de l’Avent vient de commencer. Et déjà le temps nous presse. Jean Baptiste nous dit de nous dépêcher et d’être disponibles dès maintenant. Comme Marie qui a dit ‘oui’ à l’ange Gabriel, Fiat. Il y a à Nazareth ce signe émouvant à lire sur une plaque : « Hic verbum caro factum est – Ici le verbe s’est fait chair. » La même disponibilité de Saint Joseph, qui ne dit rien, mais qui fait ce qu’il doit faire et prend soin de « l’enfant et sa mère ». La même aussi de Zacharie et Elisabeth qui acceptent avec joie dans leur vieillesse et se demandent : « Que sera cet enfant ? »

 

La semaine dernière, l’apôtre nous pressait de « sortir de notre sommeil ». Et notre pape François nous y invite aussi de son côté. D’abord pour nos familles, que nous représentons ce soir, Aumônerie de l’Enseignement Public, catéchisme, Troubadours, Equipes Notre-Dame et paroissiens de Douai et d’ailleurs. Cette question nous touche tous, car nous connaissons tous des familles complètes ou incomplètes, des demi-frères et des demi-sœurs, des frères et des sœurs, des morceaux choisis ou des valeurs ajoutées, des arrière-petits-enfants, des petits-enfants, des enfants, des parents, des grands-parents et des arrière-grands-parents, avec leurs joies et leurs peines. Le pape a bien compris cela quand il convoque un synode sur la famille.Et les questions posées pour nous consulter reflètent bien toutes les questions de nos familles. Auparavant on aurait fait semblant d’ignorer ces questions, elles ne se posaient pas, elles n’existaient. Aujourd’hui le pape nous demande comment cela se passe chez nous et comment nous répondons, en croyants, à ces défis de maintenant.

 

Notre pape nous a aussi envoyé une lettre apostolique sur la joie de l’évangile, la joie d’évangéliser, suite au synode sur l’évangélisation. Elle mérite d’être lue attentivement en entier, et je vais en lire quelques phrases ce soir.

 

D’abord sur la prière et le pardon. « J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et quelque situation qu’il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus-Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse…C’est le moment pour dire au Seigneur : « Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières j’ai fui ton amour. Cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau, Seigneur, accepte-moi une fois encore entre tes bras rédempteurs ».

 

Oui, le pardon est essentiel dans nos vies. Comme dans notre société. On dit que Madame Taubira avait été insultée avec une histoire de banane brandie par une fillette. Les parents de cette fillette, la voyant ainsi à la télé, ont totalement désapprouvé ce que l’on avait fait faire à leur fille. Ils ont écrit avec elle une lettre d’excuses et de demande de pardon à Madame Taubira, laquelle a très bien reçu leur démarche. Mais de cela on ne parle pas dans les médias. On ne parle que de ce qui insulte, et qui fait du mal, et qui fait vendre du papier.

 

Il y a deux jours est mort Nelson Mandela. Et la Voix du Nord de ce jour lui consacre un dossier qui commence ainsi : « Le pardon libère l’âme. Il fait disparaître la peur. C’est pourquoi le pardon est une arme si puissante. »

 

Nous réveiller par la prière et par le pardon demandé et offert. Nous réveiller aussi dans nos paroisses : Saint Maurand – Saint Amé, Jean XXIII ou autres. Et le pape de préciser :

« La paroisse est l’Eglise elle-même qui vit au milieu des maisons de ses fils et de ses filles. Cela suppose que réellement elle soit en contact avec les familles et avec la vie du peuple et ne deviennent pas une structure prolixe séparée des gens, ou un groupe d’élus qui se regardent eux-mêmes. La paroisse est présence ecclésiale sur le territoire, lieu de l’écoute de la Parole, de la croissance de la vie chrétienne, du dialogue, de l’annonce, de la charité généreuse, de l’adoration et de la célébration … Elle est communauté de communautés, sanctuaire où les assoiffés viennent boire pour continuer à marcher, et centre d’un constant envoi missionnaire. »

Nos équipes de paroisses auront à relire ces lignes mot à mot, pour les mettre en pratique

 

Sortir de notre sommeil aussi à propos des rapports sociaux :

« Aujourd’hui tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible. (La première lecture de la messe de ce soir nous a dit exactement le contraire). Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voie de sortie. On considère l’être humain comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du « déchet » qui est même promue … L’adoration de l’antique veau d’or a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage et sans but véritablement humain. »

 

C’est pourquoi on prend le risque d’être mal vu dans notre monde, dans nos écoles, nos collèges, nos villes, nos commerces, nos communes.

« Beaucoup de paroles dérangent dans ce système ! C’est gênant de parler d’éthique, c’est gênant de parler de solidarité mondiale, c’et gênant de parler de distribution des biens, c’est gênant de parler de défendre les emplois, c’est gênant de parler de la dignité des faibles, c’est gênant de parler d’un Dieu qui exige un engagement pour la justice. »

 

Comme était gênant Jean-Baptiste, à qui il a fallu couper la tête pour le faire taire.
Comme est gênant Jésus, qui a été crucifié en n’ayant rien fait de mal.

Suivons-les. Avec courage,

 

Abbé Jean-Marie TELLE

 


 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Mardi 10 décembre 2013 • 1351 visites

keyboard_arrow_up