Homélies du dimanche 1er janvier 2017
Solennité de la Vierge Marie
Nb 6, 22-27 / Ga 4, 4-7 / Luc 2, 16-21
Homélie du père Bernard Descarpantries
prononcée à la messe anticipée, le 31 décembre
La première lecture nous présente la formule de bénédiction utilisée par le grand prêtre Aaron : « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi... qu’il t’apporte la paix . » C’est avant tout à travers son visage qu’une personne révèle ce qu’elle est. C’est pourquoi tous les grands prophètes et les grands mystiques ont désiré voir la face de Dieu. De Moïse il est dit que Dieu lui parlait face à face comme à un ami. « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage. » Le souhait est que celle ou celui sur qui est prononcée cette bénédiction soit enveloppé, par la lumière qui jaillit de la face de Dieu.
La deuxième lecture nous dit que « lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils : il est né d’une femme. » La lumière de la face de Dieu s’est révélée en un tout petit-enfant. Sa splendeur est apparue sur les traits de Jésus. Ce visage humain, qui sera bafoué, défiguré lors de la Passion, est l’image de l'identité divine. Nous-mêmes, transformés par l’Esprit Saint qui habite en nous, nous serons transformés par cette clarté et nous le verrons face à face. C'est ce que nous dit l’Évangile. Dans toute la beauté de son humanité, c'est cette lumière divine qui a pris la frimousse d’un tout-petit, de l'humble humanité.
Alors que les puissants, comme Hérode ou les docteurs de la Loi de Jérusalem, refusent de voir la lumière qui s’offre à eux ; des gens sans autre prétention que la recherche de la sagesse, acceptent de suivre l'Astre qui s'est levé. Nous avons ici, la rencontre du ciel et de la terre, figurée par les anges, les mages et les bergers. Sur leurs collines, au milieu de leurs troupeaux, les bergers sont entourés d’une grande lumière, celle de la vie qui vient de naître.Une grande joie leur est annoncée ; le salut leur est donné. Le signe en est qu’un enfant est né, déposé dans une mangeoire ; nous est offert par sa mère en nourriture de vie.
Au milieu de l'effervescence, se tient Marie, toute entière pénétrée de la lumière de celui qu’elle a porté durant neuf mois. Par la foi, elle est devenue Mère de Dieu. Tout ce qu’elle entend dire de son enfant, elle le médite en son cœur, dans la foi. Marie est vraiement Mère de Dieu, parce que mère de Jésus en qui est manifestée la plénitude de la gloire de Dieu. Elle est aussi notre mère dans la mesure où Dieu s’incarne en chacun de nous, lorsque nous nous laissons pénétrer par lumière divine qui brille en son Fils. Cet enfant, que sa mère a symboliquement déposé dans une mangeoire dira un jour de son corps : « Prenez et mangez ! » C’est par la foi que Marie est devenue Mère de Dieu. C’est par la foi que nous recevons le Christ dans l’Eucharistie et que nous sommes transformés en son image.
Luc nous présente l'Enfant, accompagné de Marie et de Joseph. La discrète présence de Joseph suggère l'importante mission de gardien du mystère. Le discret mais efficace Joseph est l'image de l'Église. Seule une “rencontre”, qui comporte un “voir” et un “toucher”, rend capable de témoigner de la Bonne Nouvelle. L'Evangile nous livre le premier fruit évoqué, de la “rencontre” avec le Christ: « Tous ceux qui les entendirent furent dans l'étonnement » (Lc 2,18). Demandons pour cette année, la grâce de savoir susciter cet “étonnement”, chez ceux auprès desquels nous témoignerons de l'Évangile. La bénédiction d’Aaron demandait la paix « Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix. » Prions la Mère de Dieu et notre mère, d’obtenir que ses enfants sachent davantage découvrir, construire et respecter le don de la paix en 2017
Père Bernard Descarpentries
Homélie du père Pierre-Marie Hombert
prononcée à la messe de 11h, le 1er janvier
Puisqu’avec la première lecture de ce jour, la liturgie nous invite à formuler des vœux les uns pour les autres, permettez-moi d’en formuler à votre égard. Non pour sacrifier à un rite parfois formel, mais comme l’expression de la foi, de l’espérance et de la charité qui nous habitent comme chrétiens.
La foi qui nous fait croire que Dieu veut nous donner le Bien qu’il est ; l’espérance qui nous fait attendre avec confiance la réalisation de ce Bien en notre vie ; la charité qui nous fait désirer ce Bien pour chacun de nos frères.
Je souhaite d’abord à chacun la santé du corps, en particulier aux malades, à ceux que l’âge rend dépendants ou fragiles. Je la souhaite à tous, car la santé est un grand bien. La maladie et la mort sont les signes d’un monde déchu, mais que le Christ rachète. Que la résurrection du Christ atteigne donc jusqu’aux profondeurs de votre corps pour que vous puissiez rendre gloire à Dieu par votre corps même, comme dit St Paul, et servir au mieux les vôtres et tout homme. Que la Vie qui a jailli du tombeau soit votre force quotidienne et le repos de nos corps souvent si malmenés. Et si la maladie est là, que Dieu soit votre courage chaque jour. Mais la santé n’est qu’un bien second, car ordonné lui-même à des biens plus grands : l’amour de Dieu et du prochain. De fait, à quoi bon être en pleine santé, si c’est pour se suicider ou se haïr les uns les autres ?
C’est pourquoi, en m’appuyant sur l’Évangile de cette fête de la Mère de Dieu, je vous souhaite deux biens spirituels qui accompliront en vous l’amour de Dieu et du prochain :
- Je vous souhaite d’être tout au long de cette année des hommes et des femmes de louange à l’école des bergers ; et des hommes et des femmes de silence et de contemplation, à l’école de Marie. L’évangile de ce jour nous ouvre ces deux chemins pour que nous les empruntions résolument.
La louange. C’est notre premier devoir, et c’est le but de notre vie : « L’homme est créé pour louer Dieu » écrit saint Ignace à la première page de ses Exercices spirituels. Quand le temps se sera tout entier écoulé et que les élus seront rassemblés dans la Jérusalem d’En-Haut, que feront-ils sinon louer sans fatigue, sans lassitude et sans interruption, mus par l’amour surabondant qui sera le leur ? Puisque le temps emporte toutes choses, et que l’année 2017 confirmera un peu plus qu’elle passe la figure de ce monde, comme dit saint Paul, soyons déjà des hommes et des femmes de l’éternité en anticipant sur terre la vie du ciel qui sera louange. Louons et rendons grâce, parce que nous avons reçu l’existence et déjà l’éternelle vie, semée en nos corps par l’Esprit Saint, don du Christ ressuscité ! Louons et rendons grâce en toutes circonstances. Prenons le parti de la louange, pour vaincre la tristesse et le découragement. Louons et bénissons Dieu pour le soleil et pour le sourire des enfants, pour la lumière et pour l’amour. Nous rendrons grâce surtout pour tout ce que nous « verrons » et « entendrons » de la présence et de l’action de Dieu, comme les bergers qui avaient « vu » et « entendu », et qui « repartirent en louant », comme le dit l’évangile. Nous serons en particulier fidèles à l’action de grâce hebdomadaire qu’est la célébration eucharistique, car chaque semaine, en milieu des peines et des fatigues, elle nous apportera la paix de Dieu. Nous serons fidèles aussi à la louange personnelle qui attestera que nous avons reconnus les dons propres que Dieu nous accorde dans un amour particulier. La louange relève, guérit, redresse, libère les énergies. Elle dilate le cœur. Louons, frères et sœurs !
- Mais cette année, nous nous mettrons aussi à l’école de Marie que nous voyons dans cet évangile méditative et silencieuse. Nous développerons en vous cette attitude mariale : garder au cœur les événements de Dieu et les repasser sans cesse en nous, dans le silence, la prière et l’amour.
Marie se tait. Mais ce n’est pas un silence vide. C’est une pleine activité. En effet, Marie retient et elle médite. Deux verbes magnifiques ! Toute la richesse de Marie est là ; de Marie, modèle pour l’Église et chacun.
« Retenir » les paroles-événements de nos vies, de Dieu dans nos vies : les garder avec soin, les inscrire en soi. Ne pas laisser échapper, mais conserver dans la mémoire du cœur. Ne pas être distrait, oublieux, inattentif.
Que l’Esprit Saint vous délivre de la superficialité et du zapping ! Nous nous desséchons faute de racines. Nous papillonnons, nous courrons, nous ne retenons rien, nous n’approfondissons rien. Tous les malheurs de l’homme viennent de ce qu’il ne sait rester une heure dans sa chambre, disait Pascal. Et c’est pourquoi, nous n’enfantons souvent que du vent.
Je vous souhaite d’être habité, riches au dedans, lourds au-dedans, avec une vraie vie intérieure. C’est la chose la plus précieuse et la plus urgente que nous chrétiens, nous pouvons et devons donner au monde. Je vous souhaite de réapprendre l’intériorité tout au long de cette année.
Cela seul qui est relu dans la prière et assimilé dans le silence du cœur en présence de Dieu peut donner du sens à notre vie et devenir fécond. Tout ne reste n’est que battage médiatique, bruit, écume des jours. Les médias s’en repaissent. Que Dieu nous en délivre. La vie est un puzzle dont les morceaux ne dessinent une figure qu’à celui qui prie.
Il nous faudra aussi « méditer » pour découvrir la volonté de Dieu sur nous et avoir la force de l’accomplir. Marie garde en son cœur et repasse sans cesse en elle ce qu’elle vit, afin d’être ajustée à la volonté de Dieu. Je vous souhaite cet attention aux signes et à la présence de Dieu dans vos vies, afin de servir au mieux le Dieu véritable notre Sauveur.
Oui ! que Marie et les bergers soient nos compagnons de route toute cette année. Qu’ils nous apprennent le silence et la louange. Le silence qui rend fort l’homme intérieur. La louange qui rend invincible l’homme extérieur.
Alors, tout en charriant son lot de consolations et de désolations, comme toute année, celle qui commence sera bonne, car sainte.
Père Pierre-Marie Hombert