Jésus, Dieu, a pris chair, avec tous les aspects d'une histoire humaine, y compris les limites ; ne l'entendons nous pas dire à Gethsemani : “si ca pouvait se passer autrement !” . Ce soir nous voyons Jésus assumer sa condition d’homme, jusqu'à la souffrance et la mort ; afin de nous donner sa Vie éternelle. Le Dieu que nous révèle Jésus n’est pas le dictateur tout-puissant et invulnérable que nous imaginons parfois. C’est un Dieu qui se donne, un Dieu qui aime jusqu’à l’extrême. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Jésus ne garde rien de lui même, pour lui-même. Il va jusqu’à bout de l'offrande sa vie pour que vive l’homme. Il aime jusqu’à en mourir. Enfoui dans la terre, il est mort. Sa disparition est emblématique d’un amour absolu, qui refuse toute violence, qui ne force aucun coeur, qui se laisse tuer pour donner la possibilité aux bourreaux de choisir la vie...
Avec la CROIX, cette révélation fondamentale du coeur de Dieu est aussi un dévoilement, de ce qui fait le fond de notre coeur. Nous sommes faits, nous aussi, pour le don total de nous-mêmes dans l’amour, le partage. L’homme n’est pas fait pour soi. Il est fait pour aimer. Pour nous aussi, qui avons été créés à l’image de Dieu, il n’y a pas de plus grand amour que de donner notre vie. Refuser de mourir à soi, c’est rester stérile. La satisfaction de ses petits instincts égoïstes est la route la plus sûre pour rater sa vie. Durant le Carême et plus encore à l'heure de la Passion ; il est donc bon de refaire une fois de plus le bilan réaliste de nos “amours”, de nos relations d'amitié : conjoint, enfants, parents, collègues, voisins, condisciples... Acceptons de mourir à nous même, pour partager une vie qui donne du fruit en abondance. Il ne s'agit pas de penser à correspondre à un modèle idéal mais de vivre notre vie. Il nous faut donc reprendre l'expérience de Jésus pour la faire nôtre, partager les décisions de sa volonté pour les transposer dans notre comportement, entendre sa parole pour la communiquer à nos frères, accomplir ses gestes d’amour pour que les nôtres soient porteurs de grâces.
Dieu accueille les événements de notre humanité, et l’amour est la raison d’être de son action. Le Christ, nous donne l'amour trinitaire pour que l'espérance agisse par nous au cœur des épreuves. C'est difficile à vivre, même si nous savons que le spirituel s’unit au matériel. La croix percue au coeur de nos quotidiens de vie, fait du sacrifice de Jésus le centre de notre vie, de notre volonté, de nos sentiments. Elle y apporte aussi le fruit du salut, capable de changer radicalement le sens de nos croix humaines. Jésus n’a pas assumé une nature humaine idéalisée. Il a assumé notre nature « en état de mort ». La croix de Jésus n’est pas seulement un instrument de souffrance, mais aussi un instrument de victoire, celle du don total d’une volonté par delà les conditions humaines. Ce sont ses dernières paroles : « tout est accompli. » Regarder les hommes et les choses du point de vue de la croix, se persuader que rien n’est plus important au monde que le sacrifice du Christ éternellement présent et offert ; c’est une vision qui exige de notre part un changement radical de notre vie. Le jour où l’homme comprend la « centralité » de la croix, il accède au sens de la soufrance du Christ, et prend acte de son humanité et en même temps accomplissement de sa quête de sens. Alors il peut, par le Christ, habiter son existence en se sachant aimé, sauvé … Ainsi les périphéries insoutenables, ne sont pas niées ou abolies, mais accomplies. Concrètement Dieu nous sauve corps et âme parce qu'il se donne corps et âme. Il réclame que nous ne vivions pas seulement dans le désir mais aussi dans l'effort. C'est pourquoi depuis la croix, Jésus donne son souffle, son Esprit.
Ce soir, après avoir vénéré la croix de notre salut, je vous propose plusieurs lieux de communion pour aller trouver depuis nos expériences de vie, l'arbre dressé qui nous rend la vie. Le baptistère où se trouvera soeur Nicole aumônier de l'hôpital qui est témoin de joies et de douleurs entrer dans la vie, comme de la vie éternelle, en même tant que du don total de vie des consacrées. Robert notre diacre sera près de l'ambon de la Parole qui témoigne des interpellations du Verbe aux personnes en recherche. Près de la table du repas vous trouverez un couple témoins du don qu'on fait de soi dans l'alliance et de la mission reçue qui s'épanoit en vie ; mais aussi des échecs qui invitent à témoigner de créativité et d'écoute pour le compagnonage du Christ puisse toujours être signifier. Près de la Croix se trouveront deux prêtres et deux autres vous offriront le pardon si vous pensez pouvoir ainsi épanouir la miséricorde. Ensemble accueillons et partageons le témoignage d'une fraternité inventive, qui permet à chacun de voir où DIEU fait toute chose nouvelle.
Père Bernard Descarpentries,
Eglise Nore-Dame, le 3 avril 2015.