(Homélie Messe Fête-Dieu.mp3)
Avant que de commenter l’Ecriture, en cette fête de la paroisse, de la famille paroissiale réunie autour de son Seigneur, je ne puis taire mon émotion à l’idée de penser qu’il s’agit de la dernière que nous célébrons tous trois comme curé ; puisque José a résolu de nous quitter pour porter la richesse de ses dons à d’autre. Vous savez les liens fraternels qui nous portent Je souhaite, que longtemps encore cette expérience de vie dans le Seigneur ; nous nourrisse comme elle nous unit, et que tu la communiques à d’autres comme un cadeau béni.
Voilà, je voudrais donc aujourd’hui, méditer avec vous sur la valeur du culte eucharistique, dans l’adoration du Saint-Sacrement. On réduit souvent la pratique de l’Eucharistie au moment de la célébration.
Il est en effet très important de reconnaître le caractère central de la célébration, à laquelle le Seigneur convoque son peuple, où le rassemble autour de la double table de la Parole et du Pain de vie, le nourrit et l’unit à lui dans l’offrande du Sacrifice. Cette mise en valeur de l’assemblée liturgique dans laquelle le Seigneur agit et réalise son mystère de communion, doit être vigilante à ce que communier ne se réduise pas seulement recevoir et manger ; mais aille jusqu’à la rencontre de DIEU.
Il arrive que l’accent mis sur la célébration de l’eucharistie en tant qu’acte de foi et de dialogue partagé avec le Seigneur en son Corps, produise un déséquilibre qui a des répercussions sur la vie spirituelle des fidèles. En effet, si l’on concentre tout le rapport avec Jésus Eucharistie dans le seul moment de la Sainte Messe, on risque de vider de sa présence tout le reste du temps. On perçoit moins le sens de la présence constante de Jésus au milieu de nous et avec nous (une présence concrète, au milieu de nos maisons, de la ville et de ses différentes expressions et activités).
Le Sacrement de la Charité du Christ doit pénétrer toute la vie quotidienne. La solennité du Corps et du Sang du Seigneur est l’occasion liturgique d’une action de grâce, d’un remerciement. La communauté chrétienne témoigne sa joie à Jésus, qui a voulu rester présent comme source de vie, sous les espèces du pain et du vin consacrés pour le partage. Jésus est au milieu de son peuple à tous les moments de la vie, et ce peuple peut le contempler, le recevoir. Par sa présence, il sanctifie notre quotidien, il voit et il participe de toute souffrance, il est pour tous un signe d’espérance. Il procure la guérison, le salut ; c’est-à-dire qu’il nous tire de tout enferment. Jésus n’est pas loin de nous et de notre vie. Il s’est fait proche une fois pour toute. Il est toujours présent et nous porte à être sa présence par le service fraternel.
La messe et l’adoration constituent un même événement, qui manifeste l’Eglise. Les fidèles se retrouvent pour accueillir et célébrer ensemble le sacrifice du Christ ; pour accueillir de lui : la vie dans leurs vies.
Dans la célébration, ils rendent grâce à Dieu pour tout ce qu’ils reçoivent et apprennent à découvrir de l’amour agissant du Seigneur. Ils le voient et peuvent en le recevant s’unir au dynamisme de vie, vivants de l’Esprit
Après qu’ils aient été nourris à la table de la Parole comme jadis les hébreux au désert par le don de la Loi ; la procession de communion, apparait comme une mise en chemin à la rencontre du Seigneur. L’Eglise s’identifie encore une fois au peuple en chemin, à la suite de son Maître. Elle répète l’expérience des disciples d’Emmaüs qui font un bout de chemin avec Jésus en l’écoutant pendant que celui-ci les instruit. Dans cette procession la communauté chemine avec Jésus, et ce n’est plus seulement à la fraction du pain qu’elle le reconnaît, comme à venir ; mais c’est déjà par ce qu’il lui a donné qu’elle marche à sa rencontre.
L’adoration est le prolongement de l’action de grâce, un témoignage d’amour et de foi en Jésus, après chaque communion. Ce serait une erreur d’opposer la célébration et l’adoration, comme si elles étaient concurrentes. C’est justement le contraire : le culte du Saint Sacrement constitue comme le « milieu » spirituel dans lequel la communauté peut célébrer l’Eucharistie en vérité. C’est seulement lorsqu’elle est précédée, accompagnée et suivie de cette attitude intérieure de foi et d’adoration que l’action liturgique peut exprimer toute sa signification et sa valeur. La rencontre avec Jésus dans la Sainte Messe se réalise vraiment et pleinement lorsque la communauté est en mesure de reconnaître que, dans le Sacrement, il habite dans sa maison, nous attend, nous invite à sa table, et puis, après que l’assemblée s’est dispersée, il reste avec nous, par sa présence discrète et silencieuse, et il nous accompagne de son intercession, en continuant à recueillir nos sacrifices spirituels et à les offrir au Père.
C’est une expérience très significative que d’être tous en silence de façon prolongée devant le Seigneur présent dans son sacrement. C’est l’une des expériences les plus authentiques de notre être Eglise, qui accompagnée de façon complémentaire par celle de la célébration de l’Eucharistie. En écoutant la Parole de Dieu, en chantant, en s’approchant ensemble de la table du Pain de vie ; Communion, et contemplation, ne peuvent pas être séparées, elles vont ensemble.
Pour communiquer vraiment avec une autre personne, je dois la connaître, savoir être auprès d’elle en silence, l’écouter, la regarder avec amour. Le vrai amour et la vraie amitié vivent toujours de cette réciprocité de regards, de silences intenses, éloquents, pleins de respect, et de vénération, si bien que la rencontre soit vécue en profondeur, de façon personnelle et non pas superficielle. Et hélas, s’il manque cette dimension, même la communion sacramentelle peut devenir, de notre part, un geste superficiel. En revanche, dans la vraie communion, préparée par la prière, nous pouvons dire au Seigneur des paroles de confiance, comme celles de la Vierge Marie : « voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole » et le Verbe se fait chair !
Dans l'évangile, Jésus parle du sacrifice qu'il va accomplir, l'épreuve qu'il va subir avec ces paroles : « ceci est mon corps, ceci est mon sang ; sang de l'Alliance répandu pour la multitude ». Jésus ne nous cache pas, que nous aurons part à son épreuve pascale, au sacrifice offert pour la multitude ; mais le sang versé, la vie offerte en sacrifice, ne sont pas seulement signes de mort. Le sang apporte la vie. La communion à la mort de Jésus conduit à sa résurrection. Tel est le sacrement de l'alliance nouvelle, communion à la puissance de vie du Christ. Il propose ainsi un sens inédit au repas rituel qu'il instaure, qui n'est pas seulement le banquet amical de ceux qui le suivent et en bénéficie ; mais l'incarnation et le salut poursuivis et accomplis. Déjà la Pâque d'Israël comportait l'affirmation d'une espérance portant sur l'avenir du peuple. Mais ici il s'agit de l'avenir de l'humanité dont l'accomplissement de l'histoire est nommé le Royaume de Dieu. Ainsi, au moment du dernier repas de Jésus, les ténèbres toutes proches de la mort sont déjà illuminées par le futur, par l'accomplissement. L'eucharistie est eschatologique, elle dit le « déjà là, pas encore » du Royaume et en devance l'avènement. Le centre du culte n’est plus désormais dans les rites anciens mais dans le Christ lui-même, dans sa personne, dans sa vie, dans sa Pâque. Il a trouvé son accomplissement en Jésus-Christ, « grand prêtre des biens à venir » (He 9,11) et « médiateur d’une alliance nouvelle » (He 9, 15), scellée dans son sang, qui purifie « des œuvres de mort ». Au sommet de cette mission, lors de la Dernière Cène, Jésus a institué le sacrement de son Corps et de son Sang, le Mémorial de son Sacrifice pascal. En agissant ainsi, il s’est mis lui-même à la place des sacrifices anciens commandant à ses apôtres de perpétuer, comme signe suprême le vrai Sacré, qui est Lui-même. A l’observance de la loi, il faut joindre la purification du cœur et l’engagement de vie dans le Christ. Tout vient de LUI, tout est pour Lui, qui nous fait vivre !
Article publié par Lundi 11 juin 2012 •
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