Les évangiles dominicaux du Carême 2011

Père Gervase Holdaway, Douai-Abbey, Angleterre

Maison St Benoit, Douai, jeudi 24 mars 2011.

Le temps du carême est depuis l’origine de l’église la période d’enseignement des catéchumènes qui recevront le baptème la nuit de Pâques. C’était, aussi, la période de pénitence pour les pénitents publics qui seront accueillis le Jeudi-Saint. Pour nous autres, nous sommes les compagnons des catéchumènes. Nous marchons avec eux. Nous sommes, aussi, des pécheurs et des pénitents qui ont besoin d’être accueillis.

C’est au commencement du carême qu’on inscrivit à la cathédrale, d’habitude le samedi soir avant le premier dimanche du carême, les catéchumènes suffisamment préparés, c’est à dire ceux qui ont été jugés dignes par l’évêque de recevoir le baptême la nuit de Pâques. Les lectures de la Messe tous les jours du carême, mais surtout, les dimanches de cette année-ci, l’année ‘A’, sont choisies spécialement pour les catéchumènes.

La liturgie du carême est donc avant tout une liturgie baptismale. Le temps du carême est donc une véritable catéchèse du baptême, de la confirmation et de la première communion, c’est à dire, de l’initiation chrétienne.

Toutes les lectures de l’écriture sainte qui sont proclamées à la liturgie, dans la messe le sont pour notre instruction et pour nous vivifier. Ce n’est pas un cours d’histoire ni de littérature, mais c’est le verbe vivant, envoyé de Dieu, qui doit produire un effet sur nous. Il faut que nous soyons ouverts pour recevoir le verbe, la parole de Dieu pour qu’elle nous change. Comme dit Isaïe le prophète:
“oui de même que la pluie tombe
ou la neige des cieux
et n’y remonte pas
sans avoir abreuvé la terre
sans l’avoir fécondée, sans l’avoir fait germer
pour donner des semences au semeur
et du pain à qui veut manger
de même la parole jaillie de ma bouche
ne revient pas vide
sans avoir produit ce qui me plait
sans avoir rempli sa mission” (55 10-11)

Ce soir (aujourd’hui) regardons les évangiles du troisième, du quatrième et du cinquième dimanches de carême. Ces trois grands passages de l’évangile de St Jean, que nous entendrons sont au cœur du carême. Ils donnent un enseignement aux candidats pour le baptême, et à nous aussi qui marchons avec eux. Pour nous aussi, le carême est une marche vers Pâques.

Le troisième dimanche, dimanche prochain, nous entendrons le chapitre quatre de St-Jean, du verset quatre au verset quarante-deux, c’est l’histoire de la Samaritaine.

Jésus était en route vers la Galilée, et il arriva dans une ville de Samarie, nommée Sychar vers midi. Il était fatigué du chemin et il avait faim. Il s’assit au bord du puits. Les disciples étaient allés en ville chercher de la nourriture. Une samaritaine arriva pour chercher de l’eau. Il est surprenant qu’elle vienne vers la sixième heure, quand normalement les femmes cherchent de l’eau toutes ensemble de bonne heure le matin. Pourquoi vient-elle si tard ?

Jésus se mit à lui parler. Hors, pour un juif c’est choquant de parler avec une femme, surtout si c’est une samaritaine. Les juifs ne parlent jamais avec les samaritains. Il a dû se faire violence pour lui parler. C’est quelque chose de tout-à-fait extraordinaire. Les Juifs considéraient les samaritains comme des étrangers et des idolâtres, surtout ceux de Sichem depuis que Manassès avait installé au Gerazim un temple et un sacerdoce rivaux de ceux de Jérusalem.

Jésus demande un vrai service à cette femme samaritaine, il a soif, il demande à boire. Un juif aurait craint de se rendre impur en buvant au seau d’une samaritaine. Elle est étonnée.

Donc Jésus lui parla de l’eau vive. Il dit : “qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif, mais l’eau que je lui donnerai sera en lui une source d’eau jaillissant en vie éternelle.” La samaritaine demanda cette eau “afin que je n’ai plus soif et plus besoin de revenir puiser ici.” Pour Jésus et la femme, l’eau avait un sens différent. Elle ne comprenait pas ce que voulait dire Jésus quand il parlait de l’eau vive. Elle commençait à avoir la foi. Et Jésus lui dit “Va, appelle ton mari” Mais elle répondit “Je n’ai pas de mari” et Jésus lui répondit ‘Tu as eu cinq maris, et maintenant celui que tu as n’est pas ton mari.” C’était probablement à cause de cela qu’elle était venue chercher de l’eau si tard dans la journée, pour ne pas rencontrer les autres femmes parce qu’elle avait honte.

Mais elle dit à Jésus : “je vois que tu es un prophète". Première étape de la marche vers la foi, sa foi est encore fragile.

Ils continuèrent à parler de l’adoration: si on doit adorer sur la montagne Gerazim, ou à Jérusalem, et Jésus lui dit “l’heure vient, et c’est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, mais en esprit et en vérité.” La femme continua de parler et elle lui dit “je sais que le Messie doit venir, celui qu’on nomme Christ. Lorsqu’il sera venu il nous fera tout savoir”. Jésus lui dit “Je le suis, moi qui te parle”. Jésus se révèle à elle. Deuxième étape de la marche vers la foi.

La femme part en ville pour chercher les autres samaritains, et leur dit qu’elle a rencontré quelqu’un qui lui a dit tout ce qu’elle a fait. Et elle se demande s’il est le Christ. Les autres samaritains arrivent et demandent à Jésus de rester avec eux et ils disent “Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons, car nous-mêmes avons entendu et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde.” Ils sont arrivés à la foi en Jésus Christ.

Vous voyez comment ce passage explique qu’il y a des étapes pour arriver à la foi. Premièrement – la samaritaine dit que Jésus est un prophète, donc Jésus se révèle comme le Christ, donc les samaritains croient sur le témoignage d’un autre, et finalement ils expriment leur foi personnelle. Quatre étapes. C’est comme ça que les gens viennent à la foi, c’est comme ça que les rites d’initiation Chrétienne se trouvent pendant le Carême.
Le troisième dimanche, quand nous lisons cet évangile, est le jour du premier examen de ceux qui vont être baptisés la nuit de Pâques. Ils arriveront à la foi par étapes. Pour nous, c’est l’occasion de réfléchir sur notre baptême. Nous avons reçu l’eau vivante de Jésus. Nous devons continuer à nous baigner dans ce ruisseau par notre amour pour Dieu et pour nos voisins.

Regardons, maintenant le passage de l’évangile du dimanche suivant, le quatrième, jour du deuxième examen des candidats pour le baptême. Nous lisons le chapitre neuf, l’histoire de la guérison de l’aveugle-né.

On demande à Jésus “qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?” Tout le monde en ce temps-là pensait que les maladies, comme la cécité étaient le résultat du péché. Mais Jésus expliqua que ce n’est pas à cause du péché, mais “afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.” Il ajouta “Je suis la lumière du monde. Ensuite, il cracha à terre et fit de la boue avec sa salive, et enduisit les yeux de l’aveugle de cette boue, et lui dit, “Va, lave-toi à la piscine de Siloé. Il se lava, et s’en alla guéri. Il a reçu la lumière. La lumière est un symbole de la foi et du baptême. Dans le temps les nouveaux baptisés étaient appelés les ‘illuminati’, c’est à dire ceux qui ont reçu l’illumination du baptême et de la foi en Jésus.

Les gens demandèrent “Comment tes yeux ont-ils été ouverts? L’aveugle-né répondit “L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue et m’a enduit les yeux et m’a dit ‘Va à Siloé et lave-toi’ et …. J’ai retrouvé la vue.” Notez le mot ‘l’homme’. Il reconnait Jésus seulement comme un homme. Première étape de la marche vers la foi.

Les Pharisiens étaient en désaccord, parce que c’était le sabbat quand Jésus a fait de la boue. Les uns disaient “Il n’observe pas le sabbat”, les autres, “Comment un homme pécheur pourrait-il faire de tels miracles?” Ils dirent à l’aveugle “Toi, que dis-tu de lui ? ” Il répondit, “C’est un prophète." La conversion marche par étapes. Il est passé de “c’est un homme”, première étape, à “c’est un prophète”, deuxième étape. La conversion marche comme ça. La marche vers la foi et vers le baptême est comme ça.

Mais les pharisiens ne crurent pas et ils interrogèrent les parents “Est-ce ici votre fils, dont vous dites qu’il est né aveugle? Comment, donc, voit-il clair à présent?”

Ils répondirent “comment il voit clair maintenant, nous ne le savons pas.” Les parents craignaient les Juifs, parce qu’ils avaient peur d’être exclus de la synagogue. Alors, ils questionnèrent l’aveugle une deuxième fois et il répondit “je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l’entendre encore? Est-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples?” Ils dirent, “C’est toi qui es son disciple” - troisième étape de la foi :  homme → prophète → disciple.

L’aveugle ajouta “Si celui-ci n’était de Dieu, il ne pourrait rien faire.” Et à cause de ces paroles il fut chassé dehors. Jésus le retrouva et lui demanda “Crois-tu au Fils de l’homme?” Il répondit, Et qui est-il, pour que je croie en lui? Jésus lui dit “Tu le vois, et celui qui te parle c’est lui-même.” Jésus se révèle. Il répondit “Je crois, Seigneur.” Il se prosterna devant lui. Dernière étape – la foi totale.

Cette histoire est une réplique des étapes par lesquelles les gens se convertissent et deviennent chrétiens.

La foi en Jésus coûte beaucoup. L’homme qui a reçu la lumière fut chassé de la synagogue, ses parents redoutaient cela. Nous devons nous poser la question : est ce que nous pouvons payer le prix de la foi, en vivant d’une manière peu recherchée par les hommes ?

Le cinquième dimanche, le jour du dernier examen des candidats, nous lisons l’histoire de Lazare de Béthanie: le chapitre onze.

Lazare et ses sœurs, Marthe et Marie étaient des amis de Jésus, et ils habitaient le village de Béthanie. Lazare était tombé malade. Ses sœurs envoyèrent des messagers auprès de Jésus pour l’en informer. Jésus dit: “Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu en soit glorifié”. Deux jours après, il dit aux disciples, “Allons en Judée”. Mais les disciples protestèrent, “les Juifs ont voulu te lapider”. Mais Jésus répondit, “Si quelqu’un marche durant le jour, il ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde; mais si quelqu’un marche durant la nuit, il trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui.”

Alors Jésus dit “Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là à cause de vous, pour que vous croyiez.”

Quand ils furent arrivés, ils trouvèrent Lazare au tombeau depuis quatre jours. Il y avait beaucoup de monde avec Marie et Marthe pour les consoler. Marthe, lorsqu’elle apprit que Jésus venait, alla à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit, “Si tu avais été ici, Lazare ne serait point mort, maintenant je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera.” Elle exprime ainsi sa foi. C’est la première étape. Elle croit que Jésus a une relation spéciale avec Dieu.

Jésus lui dit, “Ton frère ressuscitera”. Marthe répondit, “Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection au dernier jour”. Voici la deuxième étape de la foi. Elle croit en la résurrection finale des morts. Jésus répondit “Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra point pour toujours. Le-crois-tu?” Elle répondit, “Oui Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui vient dans le monde.” La troisième étape de la foi, elle croit que Jésus est le Christ, le Messie.

Elle s’en alla et appela sa sœur Marie, qui était encore à la maison, disant en secret “le maître est là et il t’appelle”. Elle se leva aussitôt et elle vint auprès de lui. Les Juifs qui étaient avec elle dans la maison pour la consoler, la suivirent, pensant qu’elle allait au tombeau pour pleurer. Quand Marie arriva au lieu où était Jésus, elle tomba à ses pieds, en lui disant, “ Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.” C’est la première étape de la foi.

Quand Jésus vit Marie et les Juifs venus la consoler, il frémit en son esprit et se troubla, et il demanda, “Où l’avez-vous mis?” Ils dirent, “Seigneur, viens et vois.” Jésus pleura. Les Juifs disaient : “Voyez comme il l’aimait.” Mais quelques-uns d’entre eux dirent “Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, faire aussi que celui-ci ne mourût point?” Eux aussi sont arrivés à une étape de la foi.

Jésus alla au tombeau, qui était un caveau fermé avec une pierre placée dessus, et commanda “Otez la pierre”. Mais, Marthe, la sœur de Lazare, lui dit “Seigneur, il sent déjà, car il est mort depuis quatre jours A ce moment là, elle n’a qu’une foi partielle. Mais Jésus lui dit, “Ne t’ai-je pas dit que si tu croyais tu verrais la gloire de Dieu?” On ôta la pierre. Jésus leva les yeux vers le ciel et dit, “Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé, a cause de la foule, qui est à l’entour, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé.” C’est pour que la foule, les gens, puissent croire que Jésus a prié son Père. Ayant ainsi parlé il cria d’une voix forte “Lazare, viens dehors.”Le mort sortit les pieds et les mains attachés, et son visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit “Déliez-le et laissez-le aller.” Ainsi beaucoup de Juifs crurent en lui. Ils parviennent à une foi véritable.

Ces trois grands passages de l’évangile de St Jean, que nous entendrons les trois prochains dimanches sont au cœur du carême. Ils apportent un enseignement aux candidats pour le baptême, et à nous aussi qui marchons avec eux.

Pour nous aussi, le carême est une marche vers Pâques. C’est pour notre conversion que nous entendons ces passages. Il faut permettre aux paroles de l’évangile de pénétrer dans nos cœurs et accepter un changement dans notre vie, comme pour la Samaritaine, l’aveugle-né et Marthe et Marie.

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Mercredi 30 mars 2011 • 1657 visites

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