Méditation du 5ème dimanche de Carême

5ème dimanche de Carême - Année B


Textes : Première Lecture : Jérémie 31.31–34
             Psaume : Psaume 51.3–4, 12–15, 18–19
             Deuxième Lecture : Hébreux 5.7–9
             Évangile : Jean 12.20–33

Bien-aimés dans le Christ, pèlerins de l’espérance en marche vers la manifestation glorieuse du Christ, notre sauveur, nous voici en ce cinquième dimanche de carême, proches de la célébration de la fête de pâques ; fête de la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.

Voici cinq semaines que nous avons entrepris de vivre avec le Christ ce temps de désert afin de mieux le connaitre pour mieux l’aimer. Ce cinquième dimanche, nous révèle deux attitudes fondamentales de Jésus qui nous donne à voir de plus près sa nature humaine et sa divinité. En effet, l’évangile que nous venons d’écouter nous montre Jésus en profonde intimité, en profonde confiance en son Père en qui il se glorifie. Le dialogue est profond et nous voyons à quel point Christ entretient une relation privilégié avec son Père, qui répond à sa filiation  et à sa fidélité. Il se fait obéissant, c’est à dire il se met à l’écoute de son père, celui qui l’a envoyé dans ce monde accomplir et manifesté son dessein d’amour pour l’Homme. Son attitude de disponibilité et d’accueil interroge et interpelle. Comment ne pas être frappé par le désir, celui de voir Jésus, manifesté par les tous ceux qui se laissent toucher et retourner par son enseignement ? Ici, les grecs, qui représentent l’humanité à la recherche de son maitre et créateur. Est-ce que j’ai soif de Dieu ? Est ce que je suis à habité par le désir profond de voir Jésus ? Est ce que ma vie de chrétien, mon témoignage au service, dans le quartier, dans mes engagements quotidiens interpelle et interroge mon entourage et invite à aller à Jésus ? Dans l’évangile, c’est à Philipe que les grecs s’adressent. Aujourd’hui, Philippe c’est chacun de nous dans sa relation au christ et aux autres. C’est ma vie qui conduit au Christ. Tant d’hommes et de femmes ont soif et faim de vérité et de vie, ils sont à la recherche d’un sens pour leur vie. C’est de mon devoir de baptisé de les conduire à Jésus qui inscrit au cœur de l’homme la parole qui sauve et relève.

La deuxième attitude non moins importante du Christ et qui nous introduit dans son intimité, c’est son bouleversement intérieur. Saint Jean nous présente avec force et délicatesse Jésus au prise avec sa condition d’homme donc vulnérable, capable de se troubler : Christ lui même le reconnait, devant la montée de la violence et les tensions entre lui et les chefs du peuple, il pressent que la fin s’approche et pire qu’elle risque d’être atroce. Cependant Jésus fait confiance car c’est pour cette heure, c'est-à-dire, l’heureuse occasion de manifesté l’amour incommensurable du père, que le verbe s’est fait chair.

Chers frères et sœurs bien aimés dans le Christ, tout ce que nous avons vécu durant ces cinq semaines à la suite du Christ, nous mène tout doucement à ce moment important, à cette « heure »décisive et salutaire pour nous. C’est l’heure de la Rédemption, l’heure de la glorification du Christ, de la manifestion suprême de son intimité avec son père et de son don total de lui même pour la vie du monde. Ce moment achève et accomplit tout ce qu’on dit la Loi et les prophètes. Il nous révèle le véritable visage du christ dans sa gloire. Frères bien aimés, toutes les activités, les comportements et attitudes et même l’enseignement de Jésus le menaient à cette « heure » ou il passera de ce monde à son Père. Cette « heure » trouve son point culminant dans sa passion-mort-résurrection. En d’autres termes, dans l’offrande qu’il fait de lui-même sur la croix, où « élevé de terre », il attire à lui tous les hommes. Il convient de comprendre que chez Jésus Gloire et croix quoi que paradoxales opposées sont intimement liées dans un même acte de sacrifice. Le chemin que prend Jésus à travers ce sacrifice suprême de sa personne ouvre les portes de la vie à tous ceux qui croient en lui. Jésus par sa glorification sur la croix, est la réalisation de l’Alliance nouvelle voulue par Dieu le Père et annoncée jadis par le prophète Jérémie. Par lui tous les hommes, juifs ou païens, esclaves ou hommes libres pour peu qu’ils croient peuvent désormais accéder au salut. «  Il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel ». Cependant, l’accès au salut éternel requière de la part du croyant un renoncement : qu’il accepte de mourir à lui-même pour avoir la vie à la manière de la graine qui pour porter du fruit doit accepter d’être enfouie en terre : « si le grain de blé ne tombe pas en terre pour y mourir, il reste seul. C’est quand il meurt qu’il porte beaucoup de fruits ».  Celui qui tient à sa vie la perd, c'est-à-dire celui qui ne met pas sa vie au service de ses frères en humanité, qui ne pense qu’a lui même, au ciel perdra l’amour de son créateur, mais celui qui mets son temps, son savoir, son avoir et toutes ses énergies au service du bien être des autres, celui qui se fait l’infatigable serviteur de la cause du pauvre et de l’orphelin, du laissé pour compte et de l’homme blessé par la souffrance, la maladie et la faim, celui là dans sauvegarde sa vie pour la vie éternelle.  Le renoncement à soi est le secret de la fécondité spirituelle. En effet, c’est en acceptant de perdre sa vie que l’on gagne, c’est en mourant à soi que l’on vit pour Dieu et pour les autres. Le grain de blé meurt pour ne pas rester seul, et pour devenir épi. La mort est ce passage, pour Jésus et pour nous. «  Celui qui aime la vie la perd » (Jn 12, 25) ; Jésus l’a bien compris voila pourquoi il nous donne l’exemple de courage en allant jusqu’au bout du don de soi. Sans peur il engage le combat contre l’injustice sous toutes ses formes ; il prend le parti des pauvres et des rejetés de la société contre les puissants de son temps. En somme partout ou la dignité de l’homme est niée, opprimée il est là pour aider l’homme à se retrouver, à se remettre débout. Son attitude nous démontre que nous ne devons pas avoir peur de prendre les croix qui jalonnent nos vies car, c’est en les assumant que nous accédons à la liberté véritable et à la vie. La gloire se trouve dans la croix.

Suivre l’exemple du Christ dans le quotidien de nos vies revient à ramer à contre courant de la logique de notre monde. De faite, « si nos sociétés sont si facilement prisonnières de la violence et des hostilités fratricides, c’est parce qu’elles sont régies par la mentalité de l’égoïsme absolutisé : tout ce qui n’est pas fait pour soi semble être une perte, un échec. Seul l’intérêt, avoué ou caché, semble faire mouvoir le monde. Qui oserait le nier ? La recherche de l’intérêt n’épargne même pas nos meilleures actions. Et pourtant c’est le don de soi qui libère, c’est l’amour qui sauve le monde, c’est de la croix que jaillit la vie nouvelle. » Nous dit Mgr Nicodème BARRIGAH.

Bien-aimés tout au long de cette semaine qui nous mène à la semaine sainte, prenons l’engagement de prier pour plus de justice dans notre monde et évitons par nos gestes et nos attitudes des comportements frustrants. Il serait souhaitable d’apporter durant cette semaine et celle à venir, nos efforts et privations de carême à la Caritas paroissiale les fruits de nos jeûnes de vendredis pour nos frères et sœurs démunis.

Seigneur notre Dieu, à nous qui risquons de chercher notre gloire nous-mêmes, tu révèles que ta grandeur est le service de l’amour. Transforme nos cœurs et notre esprit, pour que triomphe, dans nos vies, le désir de suivre Jésus en son humilité, lui qui vit maintenant dans ta lumière pour les siècles des siècles. Amen !

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Lundi 26 mars 2012 - 18h59 • 3650 visites

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