Ouvrir son mal sur un ailleurs, sur un possible !

 

 

Logo_Amitié Espérance Logo_Amitié Espérance   Amitié-Espérance est un Mouvement chrétien pour l'accompagnement des personnes que la vie a fragilisées (état dépressif ou maladie psychique).

Lors de la rencontre régionale annuelle, Christine Wattiaux fut sollicitée pour témoigner sur le thème : « Ma Mission, un acte de foi et d’espérance ». Extraits.

Un jour, Christine contracte à l’hôpital un staphylocoque doré qui, pendant plusieurs mois d’hospitalisation, se régale de sa maladie initiale et va la conduire à vivre de souffrances. Durant cette période, elle découvre le handicap, la non-guérison, la perte de bien des repères. Punition ? Abandon ? Révolte ? Elle ne comprend pas, sa foi disparaît sous l’épreuve. Il lui faudra refaire un chemin spirituel ardu pour re-connaître son Dieu et pouvoir -enfin- retrouver la joie de son baptême.

Christine se pose la question : qu’est-ce que ma mission ? De la part de quel Dieu ? Serait-ce Dieu qui me rend dans cet état pour m’envoyer au monde ?

Dans le cataclysme de sa foi perdue, il n’y avait plus que le vide du Ciel, le silence de Dieu… Son absence ? En elle, mille questions: « Où et quand t’ai-je désobéi ? Qu’est-ce que je t’ai fait ? Qu’est-ce que Tu fais ? »
Et un terrible constat : « Il n’y a rien ! il n’y a personne ! » Elle se sentait trompée par les mots : « Dieu Tout puissant ». « Mais où est donc ta puissance ? »
Christine évoque sa souffrance mais aussi celle endurée par ses proches : «J’étais dans un espace (…) de jours à vivre sans explication ni cohérence, avec pour conséquence de voir mes proches souffrir ». «J’étais à bout de forces physiques, morales et spirituelles ». « Je fus tentée par le suicide : abandonner ce corps qui n’était plus que douleur… et surtout, quitter la vallée de larmes que je provoquais autour de moi (…) Sans doute est-ce la liberté que j’avais de passer à l’acte qui m’a permis de ne pas le faire : voilà quelque chose que je pouvais enfin maîtriser : cette liberté là ! »

Dans cette nuit spirituelle, telles des balises sur une mer déchaînée, des « figures » l’ont « ramenée » et remise sur le chemin de la confiance. Elle pense à Marie, percée par le glaive, jusqu’au pied de la Croix et qui pleure avec son divin fils. Elle revoit Clémence, certains membres du personnel soignant… et Jésus à Gethsémani.

Ses retrouvailles avec Dieu se firent avec Ste Thérèse, petite Thérèse, au parcours douloureux si semblable au sien, et qui lui permit le cadeau des « larmes enfin, comme un nouveau baptême », avec Jésus aussi, à genou au jardin de Gethsémani, qui pleure et ne veut pas la souffrance, et enfin avec Dieu et Sa toute puissance… mais Toute Puissance d’Amour. Une Toute Puissance qui a besoin de nous, de nos mains… comme cette main tendue vers une autre crispée sur les draps blancs de l’hôpital, comme ce sourire qui a la puissance des ponts qui relient les hommes… « Chaque fois qu’un silence se fait bavard de regards d’amitié et de compassion, il a la puissance d’un feu qui brûle les peurs. Dieu se dit, se montre, se donne : c’est là sa puissance ! »
Oui, confie Christine, sa foi vacille encore et pourtant, maintenant, elle se dit « amoureuse » de son Dieu.

Elle exprime sa quête de personne malade : elle déclare aimer qu’on l’aime, comme elle est, comme elle est devenue, avec ses séquelles, mais aussi avec ce qu’elle a et vit de positif, de constructif. Elle affirme détester la souffrance, une expérience de l’absurde qui n’aucun sens et n’ouvre à aucun paradis ! Elle reconnaît sa difficulté à dire une prière de guérison, pour oser demander d’avoir juste la force pour vivre la maladie. Et c’est déjà tellement !

Elle nous dévoile sa propre réaction salvatrice qu’elle nomme l’étape de « l’acceptation , qui n’est pas résignation, ni démission  mais victoire, pour se risquer à s’aimer ’nouveau’, pour aimer à nouveau. Bénie soit cette étape quand elle est franchie ! Car alors une brèche peut s’ouvrir. Et avec elle, la possibilité de rejoindre Dieu dans l’état qui est le mien, avec mes tourments, ma « nouvelle » réalité, ma maladie. »

Puis elle ouvre la réflexion : la maladie a-t-elle donc un pouvoir révélateur ? Et elle nous partage sa découverte : « Ce qui compte, ce n’est pas de geindre sur ce qui aurait pu être, mais regarder en face ce qui est. Et me poser non plus la question du pourquoi qui n’apporte ni réconfort ni réponse, mais celle du comment qui est défi : comment vivre cette souffrance, cette maladie ? Ce comment  qui m’ouvre un avenir ! Une ouverture à l’autre, et à l’autre souffrant ! »

Enfin elle nous livre deux phrases de la Bible qui la guident :

Job (42,10) : et le Seigneur rétablit les affaires de Job, tandis qu’il était en intercession pour son prochain.
et Jean (19, 26) par une Parole de Jésus : Femme, voici ton fils, Fils, voici ta mère.

« Jésus qui, au plus profond de sa souffrance, a une parole d’amour qui offre un avenir à sa mère et à son disciple. En se tournant vers les autres, l’espace d’une Parole, Jésus ouvre son mal sur un ailleurs, sur un possible. »

Didier Dehaeze
Eglise de Cambrai n°2 - 21 janvier 2010 - pages 14 et 15

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Jeudi 28 janvier 2010 • 1605 visites

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