Message du pape au président Poutine

Sans la paix, pas de développement économique. Sommet du G20 à Saint-Pétersbourg.

ROME, 5 septembre 2013 (Zenit.org) - "Sans la paix, il ne peut y avoir aucune forme de développement économique. La violence n'engendre jamais la paix, condition nécessaire au développement", avertit le pape François qui demande au G20 premièrement que les nations renoncent à une intervention militaire en Syrie. Ensuite que les négociations aient le soutien "unanime" de la communauté internationale. Enfin, troisième exigence : L'aide humanitaire. 

Le pape François a en effet adressé une lettre, en anglais, en date du 4 septembre, au président de la Fédération russe Vladimir Poutine à l'occasion du sommet du "Groupe des vingt" (G20) qui s'est ouvert ce jeudi 5 septembre à Saint-Pétersbourg (Russie).

 

Lettre du Saint-Père à Son Excellence M. Vladimir Poutine, Président de la Fédération russe :

 

Cette année, vous avez l'honneur et la responsabilité de présider les Groupes des vingt plus grandes économies du monde. Je suis conscient que la Fédération russe a participé à ce groupe dès le moment de son lancement, et qu'elle a toujours eu un rôle positif à jouer pour la promotion d'une bonne gouvernance des finances mondiales, qui ont été profondément affectées par la crise de 2008.


Dans le contexte actuel, de grande interdépendance, un cadre financier mondial qui ait des règles propres, justes et claires, est nécessaire pour arriver à un monde plus équitable et plus fraternel où il soit possible de vaincre la faim, d'assurer à tous un emploi décent et un logement, ainsi que les soins de santé essentiels. 


Votre Présidence du G20 cette année s'est engagée à consolider la réforme des organisations financières internationales et d'obtenir un consensus sur des critères financiers adaptés aux circonstances d'aujourd'hui.


Cependant, l'économie mondiale ne se développera que si elle permet un style de vie digne à tous les êtres humains, du plus âgé à l'enfant à naître, pas seulement à des citoyens des Etats membres du G20, mais à chaque habitant de la terre, même ceux qui sont dans des situations sociales extrêmes ou dans les coins les plus reculés.


De ce point de vue, il est clair que, pour les peuples du monde, les conflits armés sont toujours une négation délibérée de l'harmonie internationale, et qu'ils créent des divisions profondes et des plaies ouvertes, qui demandent de nombreuses années avant de guérir.
Les guerres sont un refus concret de poursuivre les grands objectifs économiques et sociaux que la communauté internationale s'est donné, comme on le voit par exemple dans les Objectifs de développement du Millénaire.


Malheureusement, les nombreux conflits armés qui continuent aujourd'hui d'affliger le monde se présente à nous chaque jour avec des images dramatiques de misère, de faim, de maladie, et de mort. Sans la paix, il ne peut y avoir aucune forme de développement économique. La violence n'engendre jamais la paix, condition nécessaire au développement.
La rencontre des chefs d'État et de gouvernement des Vingt économies les plus puissantes -avec les deux tiers de la population mondiale, et 90 % du produit mondial brut - n'a pas pour but principal la sécurité mondiale. Néanmoins, la rencontre n'oubliera certainement pas la situation au Moyen-Orient et en particulier en Syrie. Il est regrettable que, dès le début du conflit en Syrie, des intérêts partisans aient prévalu et qu'ils aient de fait empêché la recherche d'une solution qui aurait évité le massacre insensé qui a lieu maintenant.


Les leaders du G20 ne peuvent pas rester indifférents à la situation dramatique du cher peuple syrien, qui a duré beaucoup trop longtemps et risque même d'apporter des souffrances plus grandes à une région amèrement éprouvée par des conflits et qui a besoin de la paix. 


Aux leaders présents, à chacun d'entre eux, je lance un appel sincère pour qu'ils contribuent à trouver des moyens de surmonter les positions en conflit, et à laisser de côté la poursuite futile d'une solution militaire. Qu'il y ait plutôt un engagement à chercher, avec courage et détermination, une solution pacifique à travers le dialogue et la négociation des parties, avec le soutien unanime de la communauté internationale.


Plus encore, tous les gouvernements ont le devoir moral de faire tout leur possible pour assurer une aide humanitaire à ceux qui souffrent du conflit, à la fois à l'intérieur et au-delà des frontières du pays.


Monsieur le Président, dans l'espérance que ces pensées soient une contribution spirituelle valable pour votre réunion, je prie pour le succès des travaux du G20 à cette occasion.


J'invoque des bénédictions abondantes sur le Sommet de Saint-Pétersbourg, sur les participants et sur les citoyens des États membres, et sur le travail et les efforts de la Présidence russe 2013 du G20.


En vous demandant vos prières, je saisis cette occasion pour vous assurer, Monsieur le Président, de ma très haute considération.

 

Du Vatican, le 4 septembre 2013

François

 

Article publié par Adrien PERUS • Publié le Vendredi 06 septembre 2013 • 1444 visites

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