Homélie du Père André Merville

Messe du 27 octobre, en l'église Notre-Dame de Douai

 

Chers frères et sœurs, cet évangile que nous venons d'entendre peut se comprendre à différents niveaux de profondeur.

 

Nous examinons d'abord un premier niveau que nous qualifierons de superficiel, mais néanmoins, c'est celui qui arrête aujourd'hui beaucoup de nos contemporains. Tout ce passe comme si cette première clé de lecture était la suivante : Dieu, en nous créant, nous a rendu dépendants, subordonnés, inférieurs, et pour couronner le tout, notre tentative de l'approcher nous en a rendu coupables. De toutes façons, nous ne pourrons jamais faire aussi bien que lu i; nous devons nous résoudre à demeurer des petits, des pauvres, des pécheurs : dans ce cas, tout se passera bien avec Dieu. Tel est ce premier niveau de lecture auquel s'en tiennent un grand nombre de nos contemporains, ne faisant qu'emboiter le pas aux objections que le philosophe Nietzsche faisait à la religion chrétienne.

 

Le second niveau de lecture des textes de ce dimanche peut se faire en partant de la lettre de St-Paul. Celui-ci n'a pas peur de dire : "j'ai combattu jusqu'au bout: ne me reste plus qu'à recevoir la couronne du vainqueur ! ". C'est en donnant le meilleur de lui-même que St-Paul répond à ce que Dieu attend de nous. Il n'est pas question ici de se dévaloriser ou de se considérer comme un minable. il s'agit au contraire de se considérer pleinement responsable de ses actes. Si nous accomplissons le bien, nous nous rapprochons de Dieu et nous le glorifions. Et si nous n'accomplissons pas le bien, nous nous éloignons de Dieu, nous nous détournons de Lui et nous l'offensons. Voilà la réalité de ce second niveau. Mais il convient d'en tirer toutes les conséquences : nous sommes bien responsables de nos actes lorsque nous nous laissons tenter par le mal. Nous ne pouvons nous cacher cette vérité: tôt ou tard, elle aura raison de nos fausses justifications et le tourment de la conscience rongera notre être condamné au remords. Le fait de tourner le dos à Dieu nous livre à nous-mêmes et nous ne pourrons plus échapper au sentiment de culpabilité. Le seul salut possible, c'est le recours à la grâce de Dieu.

 

Cette ultime considération s'ouvre sur un troisième niveau de lecture : la véritable justice de Dieu, c'est sa Miséricorde. Et lorsque nous reconnaissons notre responsabilité dans le mal, cette justice de Dieu a le pouvoir de nous ajuster à lui. Dans l'évangile de ce jour, le publicain ne cherche pas à se justifier mais il croit que Dieu peut le rendre juste par la vérité de son aveu. Dieu seul peut nous ajuster à Lui . Telle est la grande découverte faite par Ste Thérèse de l'enfant Jésus: reconnaître que si Dieu ne nous amène pas jusqu'à lui, nous ne pouvons rien faire. Voilà ce que le Seigneur nous invite à vivre. Se jeter dans les bras de la miséricorde, c'est se débarrasser définitivement de tout sentiment de culpabilité pour entrer dans la possession de la joie Divine. Pour nous maintenir à ce niveau-là, il est nécessaire de souvent lever les yeux vers l'amour du Père, la tendresse de Jésus ; il est nécessaire également d'entretenir entre nous une joyeuse communion fraternelle faite de compréhension et de pardon.

 

 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Mardi 05 novembre 2013 • 1776 visites

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