Voici celui que Marie a attendu avec tant d’amour et de foi. Celui que Joseph a accueilli et sur qui les anges se sont penchés suscitant les bergers tout étonnés d'aller le voir ; "nouveau-né" emmailloté est couché dans une mangeoire. Tous, nous faisons ce soir la même chose, en regardant l’enfant de la crèche. Devant lui il y a un avenir, toute l'histoire qui va se développer, des rencontres, des difficultés aussi, et des joies. Il a été voulu et attendu par ses parents, il va apprendre avec eux, ce qu'est la famille humaine, à laquelle il porte le salut.
Mais que regarde l’enfant ? Vers qui porte-t-il son regard ?
Jésus regarde vers Marie. Il scrute son regard. Et qu'y trouve-t-il ? Il voit Marie fatiguée, après ce voyage de Nazareth à Bethléem et l’accouchement. Jésus voit aussi une certaine angoisse : qu’adviendra-t-il de nous ? Voilà ce que l’enfant devine dans le regard de Marie. C’est parce que Jésus a dès le début perçu tout cela dans le cœur des hommes, qu’il le lit dans nos propres coeurs. Jésus voit ce que nous portons. Il entend ce qui surgit de nos cœurs devant la violence face à un avenir peu sûr.
Comment Jésus se révèlera-t-il comme Sauveur ?
Là aussi, Jésus va saisir un chemin de salut, dans la Sainte famille. Il retient l'accueil fait à ceux qui viennent. Un accueil qui rassemble et met les gens ensemble, riches et pauvres, gens d’ici et gens d’ailleurs, et qui fait converger les regards comme les coeurs. Autour de la crèche, auprès de Jésus, se vit une profonde réconciliation. Un rassemblement autour d’une mangeoire, qui annonce l’invitation du Seigneur à une seule table, la sienne. Car le Seigneur sauve, en accueillant le pauvre et l’étranger que nous sommes, en nous offrant le pardon du Père, en portant avec nous nos croix. Par sa double nature humaine et divine, le Christ crée notre unité avec le Père. Dès la crèche de Bethléem, il nous donne une parenté par sa proximité avec chacun de nous. Il est notre frère et dans sa naissance, nous naissons nous aussi à l'infini car « Il est le Messie, le Sauveur de tout le peuple ». En lui tous nos actes, nos efforts pour le partage de la justice, prennent tout leur sens et leur réalité car il est le SEIGNEUR à jamais.
le 24 décembre 2013
Père Bernard Descarpentries