Homélie du Père Bernard Descarpentries

Messe du jour de Noël en l'église Notre-Dame

 

La messe du jour de Noël propose des lectures moins compréhensibles que celles de la nuit. St Paul nous fait remarquer combien Dieu a recommencé sans arrêt, mot à mot, ce qu’il avait à nous dire (hier et de bien des manières... DIEU a parlé). Devant les réalités fragmentaires et morcelées que peuvent constituer nos vies éparpillées, voilà qu’arrive l’Unique ; et le texte souligne alors : « maintenant, aujourd'hui  ...Dieu nous a tout dit en son Fils ». L’auteur indique que, dans le Fils, Dieu nous a parlé dans une parole unique et forte. En cela, Noël est d’abord et avant tout la fête du Verbe. Pour nous dire les mots de Dieu, le Verbe, année après année, prend nos propres mots et passe par le vocabulaire de la vie dont nous faisons l'expérience pour apprendre.

 

Nos vies au travers de l'expérience de DIEU, le Verbe ;
qu’est-ce que cela peut donner ?

 

Cela donne la première lecture. Cela occasionne une joie consciente des ombres qui planent encore sur les routes, celle de pays déchirés par les conflits et dans lesquels il ne reste qu’un petit nombre, comme comme un germe ou une promesse ; comme un enfant.

 

Dans JESUS sont mélangés, de manière indiscernable, les paroles de Dieu et nos vies d’homme. Nos désirs de retour en arrière, nos désirs d’être tranquille en paix avec juste ce qui nous appartient, Parfois aussi, nos désirs de gagner, de triompher. Nous savons bien que ces paroles de Dieu, nous sommes capables de les entendre de manière terriblement humaine. Parfois nous manipulons le sens des choses, en fonction de nos désirs et de nos volontés. Nous sommes capables de transformer Noël en manifestation de  puissance ou en manifestation de servilité au dieu de la consommation, jusqu'à l'indifférence.

 

Au contraire pour comprendre l’humilité de cette fête, il faut accepter que Dieu nous ait parlé à hauteur d’homme, avec nos expressions, entrant dans nos désirs, venant nous chercher dans ce que nous avons de plus sombre et violent, dans nos passions idolâtres. Dieu est capable d’aller nous chercher comme la brebis perdue dans les pires buissons où elle s’enfonce et se blesse…

 

Nous avons bien remarqué cette tension qui existe entre la simplicité du Fils, né à Noël. Cet enfant suscite notre foi, constamment tendue entre le désir de puissance et l'humilité. Voici un Dieu si humain, capable de souffrir du froid, de la faim, comme l'enfant le jour de sa naissance, qu’on se demande comment il peut être divin. Voilà donc que face à un Dieu puissant et attendu qui nous rassurerait, nous sommes renvoyé à un enfant dont il faut s’occuper. Nous allons le porter dans nos mains au moment de la communion, recevoir Dieu entre nos mains, comme Marie et Joseph l'on reçu. Recevoir « La lumière qui éclaire tout homme » parce que Dieu éclaire la conscience de toute personne. Dieu n’est pas l’Extérieur, le Tout-Autre, le Très-Haut, le Tout-Puissant, il est comme un enfant qui sourit à sa mère, qui est capable de faire notre bonheur. Dieu qui veut nous rendre heureux, au point de venir chez nous, se confier à nos mains au point de s’en remettre à nous. Dieu qui fait suffisamment confiance, car au cœur de Dieu ne se tient pas la puissance de l’être, mais la générosité de l’amour. Au cœur de Dieu, il y a une source, l’acte de se donner. En nous disant qui il est, il nous dit qui nous sommes. Noël révèle l’offrande de la vie pour que nous nous découvrions gracieux, graciés, pour que nous fassions grâce.

 

 

le 25 décembre 2013

Père Bernard Descarprntries

 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Lundi 30 décembre 2013 • 740 visites

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