Dimanche des Rameaux (messe anticipée)

Homélie du Père Bernard Descarpentries

 

(Homélie Père Bernard Descarpentries_20140413.mp3)

 

 

Avec ce dimanche des Rameaux, nous entrons dans la Semaine Sainte qui va nous conduire à Pâques. La liturgie nous offre même aujourd'hui un résumé de cette Semaine Sainte par le long récit de la Passion... !

 

La célébration des Rameaux pourrait induire le risque d'une superstition en attribuant des pouvoirs quasi magiques à de simples feuillages. Ce serait surtout se méprendre sur la royauté de Jésus. Jésus n'est vraiment roi que sur la croix...  lorsqu'il est dépouillé de tout par amour, et qu'il fait le don suprême de sa vie. Combien serons-nous demain à le suivre dans le service lorsqu'il s'agira de témoigner notre attachement, par notre manière de vivre la vie professionnelle ou familiale ? Nous sommes heureux d'accueillir Jésus dans nos vies... mais tout aussi capables de refuser de le voir, ou même capables de l'éliminer lorsque sa rencontre risque de trop chambouler notre vie... Au cœur du récit évangélique, nous faisons l'expérience de la mort qui nous rejoint de tant de façons au cours de notre existence, de sorte que nous nous protégeons des autres pour éviter de nous montrer tels que nous sommes : des êtres fragiles et fragilisés. Peut-être est-ce pour cela que nous masquons nos ambitions, nos peurs, nos limites, pour éviter d'affronter des renoncements qui sont d'autres de formes de mort à soi,  et que nous prenons le risque de tuer la relation.

 

Si l'on prend le chemin de Jésus, tôt ou tard il nous faudra rencontrer la croix. Ces rameaux seront dans nos maisons le rappel que nous voulons être les disciples du Ressuscité. La croix de Jésus nous empêchera de rêver d'un autre chemin que celui qu'il nous a montré. Le message de la Passion constitue une « plongée », un baptème dans la mort et la Résurrection avec Jésus. Si l’on veut espérer avoir part à la Résurrection du Christ, il nous faut plonger avec lui dans ses enferments mortifères et réssusciter dans le partage. Jésus montre que Dieu n’est pas du côté de la mort, mais de la vie. S’il laisse à la mort, d'exercer un temps son pouvoir ; c’est parce qu'il donne à l’homme, d’en sortir vivant et vainqueur. Jésus viens au plus profond du royaume de la mort et des enfermements pour nous ouvrir à la vie, par sa vie. Il ne s'agit donc pas de légitimer la douleur. Ce ne sont pas les souffrances du Christ qui nous protègent, mais c'est l'amour qu'elles révèlent qui nous sauve ! Le chemin, même difficile, est bonne nouvelle parce qu'il ne s'est pas arrêté au Golgotha !

 

Alors qu'un an après l’élection de notre Pape, nous sommes en marche avec le “synode provincial”, laissons résonner en nos cœurs son appel : « Ici dans nos villes, tant de gens ont besoin de cette annonce de Jésus-Christ, car l’Évangile est pour tous et non pour quelques-uns qui semblent plus proches ou réceptifs. Le Seigneur est à la recherche de tous, même de ceux qui semblent loin, indifférents » Oui, l’Évangile du Christ mort et ressuscité est vrai, il est vital et Bonne Nouvelle pour tous ; ou alors tout cela ne serait que superstitions et balivernes !

 

Laissons-nous interpeller par toutes ces personnes que nous côtoyons tous les jours et qui attendent de rencontrer le Dieu vivant et aimant ; beaucoup sont meurtries par la vie, par la solitude, par la méconnaissance de l’amour de Dieu et du Salut par le Christ. Bien trop souvent, regrette le pape, « il n’y a pas vraiment d’autre forme d’évangélisation que la sacramentalisation » ; alors que « la première annonce a un rôle fondamental, qui doit être au centre de l’activité évangélisatrice. Elle est l’annonce qui correspond à la soif d’infini présente dans chaque cœur humain ».

 

Annoncer, témoigner et confesser le kérygme (Jésus mort et ressuscité) est l’ultime réponse à la soif et à l’attente (même inconnue et souvent insoupçonnée) qu'ont hommes femmes et enfants, d'être aimé, guéri, libéré, pardonné, unifié, pacifié… Cette insistance du Pape, renvoie chacun de nous baptisé, couple ou célibataire, prêtre ou religieux, à sa propre expérience de la foi. Comment rayonner et témoigner du Salut si l’amour et la grâce du Christ ne nous ont pas personnellement, touchés, transformés et libérés ?

 

C'est bien le sens de l'invitation du synode régional, à réveiller notre foi et notre amour du Seigneur, à secouer nos tiédeurs et notre tranquillité, déranger nos pastorales peut-être un peu trop centrées sur l’entre-soi paroissial. « N’attendez pas seulement ceux qui frappent à la porte. Pour être disciple, il faut sortir, partir comme Jésus le fit avec ses disciples ! Ne restez pas enfermés dans votre paroisse quand tant de personnes attendent l’Évangile. En partant de la périphérie, sortez pour chercher et rencontrer ceux qui ne fréquentent pas la paroisse » dit le Pape. « Lorsque nous nous enfermons dans nos paroisses avec ceux qui pensent comme nous, l’Eglise est en grand danger, elle tombe malade » et nous tous avec !

 

« Le problème n’est pas que l’Église catholique n’évangélise pas, mais que trop souvent beaucoup d’évangélisateurs n’ont pas fait d’expérience personnelle et transformante de l’amour de Dieu » « Tant que des communautés seront réduites à des cercles où circule avant tout la culture ou les valeurs chrétiennes, elles continueront à se réduire et à s’épuiser car ne s’y manifestent plus le désir ardent de rejoindre chaque cœur et de lui proposer le Salut du Christ » C’est pourquoi poursuit le Saint Père « j’exhorte chaque Église et son pasteur à entrer dans un processus résolu de discernement, de purification et de réforme. L’objectif n’est pas d’abord l’organisation ecclésiale, mais le rêve missionnaire d’arriver à tous. Il s’agit de conduire nos paroisses à évoluer de la pastorale de la cloche à celle de la sonnette, d’une pastorale d’entretien à celle de la croissance. » Cela demande un certain savoir-faire pastoral et missionnaire ; pour cela le curé est souvent dans la capacité de faire partager à un noyau pastoral cette attention missionnaire, en associant le plus grand nombre. Il faut permettre ainsi à chacun de trouver sa place, de se former, d’être accompagné… Afin de libérer les énergies évangélisatrices qui habitent le cœur des baptisés, nos paroisses, mouvements et services, mais aussi chaque fidèle et ceux avec qui nous partageons, peuvent donner un témoignage attractif que Jésus est vraiment le Salut pour tout homme.

 

Allons de l'avant ! Proposons et confrontons nos visions, nos énergies. Accueillons les énergies de partenaires divers et variés qui acceptent d'ouvrir des chemins renouvellés. Jésus n'a-t-il pas dit :”qui n'est pas contre nous est avec nous !” (Matthieu 12, 30). Cette présence agissante du Christ n'est pas pas pour demain, mais aujourd'hui vers l'avenir. Entrons dans la Pâque, dans la VIE

 

Le 13 avril 2014,

Père Bernard Descarpentries

 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Jeudi 17 avril 2014 • 1196 visites

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