Décès de Frère Raymond

Frère des écoles chrétiennes

 

 

Frere Raymond Leroy Frere Raymond Leroy  

Frère Raymond Leroy est décédé le dimanche 14 septembre.

 

Il a été le dernier Frère des écoles chrétiennes présent
au Lycèe La Salle - Deforest de Lewarde.

 

Il a également partagé son énergie dans la pastorale scolaire
à l'Institution St-Jean.

 

Ses funérailles ont été célébrées à St-Adrien où il s'était retiré,
à Villeneuve d'Ascq, le jeudi 18 septembre, à 14 h 30.

 

Mot d'adieu du Frère provincial

 

Chers Frères et Amis,

 

En pénétrant dans la chambre du Frère Raymond, vous ne pouviez pas manquer de voir une photocopie couleur de son visage placée bien en évidence sur la porte d'entrée. Raymond est souriant, jovial, sans doute entouré de ses amis à l'occasion d'un repas de fête. Il porte sur la tête la traditionnelle couronne de la galette des rois mais un esprit malicieux a inscrit sur l'affichette en jouant sur les mots : « le roi fainéant » ! Cette taquinerie à son endroit s'explique sans doute par un aspect de son tempérament, celui d'un bon vivant, aimant sourire et rire, discourir à l'envie et si l'adjectif fainéant pris au premier degré ne lui convient absolument pas, on peut dire avec raison que Raymond tenait grande place dans le douaisis, régnant non en souverain mais en apôtre enthousiaste et laborieux !

 

Originaire de Lomme, c'est à Lille que Raymond voit le jour le 1er mai 1926, Lille où il va fréquenter l'école Saint Pierre. Le témoignage porté par les frères le conduisent sans doute, en 1941, au noviciat d'Annappes. C'est là qu' il prononce, onze ans plus tard, ses vœux perpétuels au mois d'août 1952 ! Ses premiers pas d'enseignant se déroulent successivement à Armentières, Saint Edouard en 1945, puis, Saint Charles en 1946 avant de retrouver Saint Pierre de Lille où il arrive en 1949.

En dix ans, trois implantations scolaires … quel contraste avec la seconde période de son itinéraire : plus d'un demi-siècle de présence professionnelle et apostolique à Douai. Lorsqu'il y arrive en 1955, l'école de la Fondation Deforest de Lewarde comptait trois sections : primaire, collège d'enseignement général CEG, école technique. Frère Raymond prend la responsabilité du collège tout en assurant l'enseignement des disciplines littéraires avec sérieux et compétence.

Dans les année soixante, l'école technique se développant eut besoin de locaux … une section devait logiquement se retirer. Dans le même temps, l'enseignement catholique douaisien étudiait des possibilités de regroupement. L'idée germe que le CEG lasallien puisse renforcer les effectifs du collège Saint Jean. Sans difficulté, Frère Raymond, cheville ouvrière du déménagement, accepte de quitter la rue Jean de Gouy, en 1968, pour s'installer avec les professeurs, les élèves et le mobilier dans des locaux du collège diocésain. L'abbé Scohy lui confie le soin des classes des types 2 et 3 tandis que les réformes successives, Fontanet puis Haby, le conduisent à prendre la direction de la division des 3èmes et 4èmes.

En 1987, l'âge de la retraite professionnelle met un terme à sa longue et féconde carrière d'enseignant, toutefois, Raymond reste fidèle au collège et se tient disponible s'engageant comme animateur de la catéchèse des classes du collège ainsi que de multiples activités : BDI, CDI, voyages de classes, services divers ...

 

Aussi lorsque la communauté des frères de Douai ferme ses portes en 2001, il demeure sur place au « château » pour continuer cette mission de catéchiste et d'animateur pour la préparation de la confirmation en 3ème puis 2nde. Mgr Garnier apprécie son ministère pastoral. Il est aussi membre très actif, influent et apprécié dans les associations scolaires : Ogec du lycée technique, Fondation Deforest de Lewarde dont il assure la direction générale de 1961 à 1970, « Les Amis du Châlet Gai Matin », lieu des classes de neige et vertes à Saint-Gervais.

 

Homme au caractère entier , volontaire, sensible Raymond est aussi un homme de relations comme en témoignent les solides amitiés forgées autour des institutions d'enseignement catholique de la ville de Douai et du diocèse de Cambrai.

Les frères visiteurs lui parlent de se ménager, de prendre le temps du repos, il résiste et remet à plus tard son installation définitive dans la communauté de l'avenue du Bois. Il rejoint bien ses confrères en fin de semaine mais sitôt dimanche passé l'enracinement douaisien est plus fort...

 

Seule une première et grave alerte de santé le contraint à envisager un déménagement vers la maison Saint Jean en décembre 2007. Il s'efforce alors, non sans quelque peine, de prendre le rythme de la vie commune, jusqu'en ces derniers mois où les soucis de santé grandissant deviennent pour lui, surtout ces derniers jours source de préoccupation, de souffrance et peut-être d'angoisse.

 

Au delà de cette vie aussi bien remplie que peut-on exprimer de l'esprit de foi de notre confrère ? Frère Raymond est un homme aux convictions religieuses affirmées même si au fil de certaines conversations on le découvre en proie à certaines interrogations avec, parfois, une répartie un peu provocatrice : les bouleversements des années 1968 l'affectent, le départ de confrères estimés et l'abandon de certaines institutions, les débats théologiques de la période post conciliaire le questionnent et le touchent ... Pourtant sa réponse finale est une prière nourrie par son action apostolique offerte dans la célébration eucharistique quotidienne à laquelle il est attaché. Je me souviens avoir rencontré, un octogénaire réellement touché par la démarche des jeunes lycéens de seconde qui désiraient recevoir le sacrement de la confirmation. Il m'a confié que, par eux et avec eux, l'attention et l'abandon au souffle de l'Esprit-Saint animaient sa vie de baptisé.

 

Aussi peut-on penser que la promesse du prophète Ezéchiel qu'il affectionnait :

« Je vous ferai sortir de vos tombeaux .. .

 Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ! »,

s'accomplit aujourd'hui pour notre frère.

 

Oui, puisque le Seigneur a mis en nos cœurs, le Feu de son Amour et de sa Vie, que ce même Esprit-Saint te porte, Frère Raymond, jusqu' à la joie du Royaume de Dieu. 

 

18 seotembre 2014

Frère Jean-Paul Aleth, visiteur.

 

Homélie des funérailles

 

Chers Amis,

 

C’est Raymond qui nous rassemble très nombreux comme il aimait le faire souvent et les textes choisis pour la célébration de son entrée dans la lumière de Dieu, ont la couleur de l’espérance et de l’action de grâces.

 

Retenons dans la lettre de St Jean le passage : «  Nous devons donner notre vie pour nos frères » . Jésus-Christ nous a montré le chemin pendant sa vie publique en allant à la rencontre de tous : petits et grands, pauvres et riches ,les savants et les sans diplôme , les personnes exclues de la société , l’étranger.. il a écouté chacun, il a consolé ,il n’a jamais jugé et a donné librement sa vie pour nous.

 

Toi aussi Raymond , à ta façon, tu as donné ta vie pour les autres pendant les 70 ans de ta vie de frère des écoles chrétiennes à la suite de leur fondateur St Jean Baptiste de la Salle.

 

Ta vie aura été peuplée par les milliers de jeunes qui auront eu la chance de croiser ton chemin, particulièrement les jeunes des Lycées Deforest de Lewarde et St Jean à Douai représentés ici par leurs chefs d’établissement Sylvie et Serge et plusieurs anciens élèves, professeurs et amis.

 

Tu as accompagné des centaines de jeunes sur leur chemin de la confirmation ; c’était ton bonheur et ton oxygène ! Comment ne pas évoquer les Abbayes de Belval et de Blangy . Monseigneur François Garnier, archevêque de Cambrai, me confiait récemment toute l’estime qu’il avait pour toi dans cette belle mission que tu as menée avec une grande fidélité.

 

Quant à l’évangile des Béatitudes, il est sans doute la plus belle page que nous pouvions choisir pour rendre grâce au Seigneur de ta longue vie . Nous le savons, cet évangile est proclamé chaque année à la fête de tous les Saints.

 

Mais qui sont ces milliers de saints ? et qu’ont-il fait pour être déclarés saints ? . C’est tout simple ! Ils ont essayé de vivre les béatitudes que nous venons d’entendre avec neuf fois l’interpellation « Heureux ». Nous pensons à la petite Bernadette de Lourdes, pauvre et sans diplôme , ignorant qu’elle déplacerait des millions de pèlerins pour venir prier Marie à la grotte . Tu avais tenu à placer dans ta chambre, déjà bien encombrée, une statue de Marie.

 

Nous pensons aussi à la petite Thérèse de Lisieux que ta chère cousine , Mère Renée Marie, prieure du carmel de Douai, ici présente , prie chaque jour depuis son entrée au Carmel . Vos vocations respectives de carmélite et de frère des écoles chrétiennes ont débuté ensemble il y a plus de 60 ans.

 

Nous pensons aussi à St Jean Baptiste de la Salle précurseur dans l’éducation des jeunes plus spécialement les plus démunis.

 

Toi aussi ,Raymond, avec tes limites et tes faiblesses, tu as essayé de vivre les béatitudes comme chemin de bonheur.

 

« Heureux les pauvres de cœur » Ta simplicité et ta liberté de parole te rendaient proches de tous . Tu aimais les rencontres , les joies simples et les petits bonheurs . Tu aimais contempler la belle montagne à St Gervais, tu aimais tes escapades en solitaire n’hésitant pas à faire un aller-retour à Paris pour acheter un livre à la procure ! La rencontre avec toi était toujours agréable. Personnellement j’aimais mes petites visites régulières ; nous avions encore partagé le repas ensemble il y a une quinzaine de jours.

 

« Heureux ceux qui pleurent » Comme chacun de nous ici présent , il t’est arrivé de pleurer en traversant les épreuves de ta vie , les contrariétés qui te faisaient souffrir compte-tenu de ta grande sensibilité, des phases d’inquiétude , de solitude. Il t’a fallu aussi accepter un dépouillement progressif et une santé défaillante . Tu aimais te comparer au prophète Jonas qui, en dépit de multiples aventures malheureuses, repartait plus fort encore dans sa mission.

 

« Heureux les Artisans de Paix »  Tu avais horreur des conflits et tu essayais toujours de maintenir le lien avec tous pour faciliter la bonne entente. Les anciens se rappellent que tu as su mener avec intelligence et diplomatie le transfert du CEG du Lycée Deforest de Lewarde vers l’Institution St Jean . Tu étais aussi attentif à l’évolution des écoles lasalliennes , soucieux de garder l’esprit du fondateur St Jean Baptiste.

 

Raymond, tu as quitté cette terre lundi à l’aurore avant que toutes les communautés chrétiennes du monde entier chantent le psaume du jour plein de symbole pour toi «  En toi Seigneur , j’ai mon refuge . En tes mains , je remets mon esprit ».

 

Tu as vécu les dernières heures de ta vie dimanche dernier, en la fête de la croix glorieuse et tu vis aujourd’hui ta Pâques, ton passage de la mort à la vie . A l’image du marcheur qui escalade la montagne pour atteindre le sommet ,te voilà en pleine lumière et l’immense cortège de tous les saints t’accueillent les bras ouverts et chantent avec tous les anges : «  Réjouis toi Raymond ! car ta récompense sera grande dans les cieux ! »

 

ALLELUIA !

 

Robert Carémiaux, diacre, le 18 septembre 2014

 

 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Mardi 16 septembre 2014 • 2396 visites

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