Fiche 2

Annonciation - Luc 1, 26-38

Fra Angelico, Musée San Marco, Florence Annonciation  
Fra Angelico, Musée San Marco, Florence
Fra Angelico, Musée San Marco, Florence

Epoque :


Le sixième mois de la grossesse d’Elisabeth, référence à la vie et à la situation précédente : l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste

Personnages :


L’ange Gabriel (déjà vu)
Une jeune fille que l’on présente d’abord par son statut de fiancée et par la lignée de son fiancé, lignée non sacerdotale comme pour Zacharie et Elisabeth mais royale. Le prénom de Marie encadre, avec celui de Joseph, le nom de David.

Le lieu :


Le récit se passe en Galilée, à Nazareth, lieu moins glorieux que Jérusalem.

La durée du récit :


Le temps d’une visite : théophanie qui va bouleverser la vie

Vocabulaire :


Sois joyeuse, sois sans crainte, son règne n’aura pas de fin, fils du très haut, fils de David, je suis la servante du Seigneur …

Situations :


Là encore l’événement transforme la vie

Marie, vierge, fiancée
L’ange annonce

Dieu immuable
  Marie, sanctuaire, habitée
L’ange a une réponse
(même Dieu est changé)
Dieu incarné

Plan du récit :


V26-27 : présentation de la situation initiale
V28-37 : théophanie, révélation , annonce
V38 : résultat

Remarques :


Les deux textes (Annonce à Zacharie et annonce à Marie) sont construits de façon très parallèle, tant au niveau de la structure (cf les plans des deux textes) qu’au niveau de l’évolution (on entre comme on est, on ressort transformé) et qu'au niveau des expressions utilisées :
Exemples :


 
Entra, quitta le temple
Entra, quitta Marie (qui devient ainsi sanctuaire, dans lequel entre Dieu)
Sois sans crainte v.13
Sois sans crainte v.30

Luc ici ne raconte pas ce qui se voit ou se dit, comme pour Zacharie, puisque ce qui s’est passé est éminemment intérieur, ses mots vont essayer de nous dire quelque chose de ce qu’on a pu appeler « l’intérieur de Marie ». L’ange vient en elle, auprès d’elle, dans son intimité. On ne passe plus par l’homme.

Mais, il y a également de grandes différences : ici Dieu ne passe pas par un intermédiaire, il annonce directement la nouvelle à la personne concernée. De plus, ici tous les partenaires sont transformés ( Dieu lui-même et le monde ). Enfin, les réponses sont différentes à l’annonce de Dieu : crédulité de Zacharie, acceptation libre et totale de Marie. Enfin, le second récit est plus court.

  • 26 « Le sixième mois » : le temps est fixé par rapport à l’annonce à Zacharie et la naissance de Jean. Et il n’y a pas de hasard, c’est encore l’ange Gabriel. Il vient dans une vile de Galilée, à Nazareth : un effet de zoom pointe cette petite bourgade.
  • 27 Beaucoup de précisions pavant de nommer Marie. Elle est présentée par rapport à Joseph.
  • 28 « L’ange entra auprès d’elle ».
    Traduction difficile pour expliquer la présence de Dieu en Marie : il est en elle sans s’identifier à elle, elle reste elle-même, libre et consciente. Il entre dans la maison : on n’est plus dans les règles fixées par le sacerdoce. Dieu nous rejoint chacun là où nous vivons.
    « Réjouis-toi, tu as trouvé grâce… » Marie reçoit le compliment par excellence, elle a trouvé grâce auprès de Dieu (elle a la faveur de Dieu) et l’ange la salue comme quelqu’un qui a déjà reçu de Dieu quelque chose, qui est en relation avec Dieu.
  • 29 Et elle n’est que troublée, elle reste calme, elle comprend immédiatement de qui vient cette salutation sans en comprendre la finalité, le but.
  • 30 « Sois sans crainte… » : or Marie n’a pas craint, mais va devoir changer de position : de quelqu’un qui est tourné vers Dieu, elle va devenir quelqu’un qui est tourné vers d’autres (le monde en donnant son fils). Situation d’attente…
  • 31 « Tu concevras… » : ce sera une seconde manière d’exister pour Marie qui ne reçoit plus (la salutation) mais qui donne (la vie) ; grande transformation de Marie qui agit, qui devient sujet. Pourtant, l’utilisation du futur peut étonner parce que quand Dieu dit, il fait ; mais cela peut s’expliquer parce que si Dieu est prêt, il ne fera rien sans la liberté de l’homme, sans l’acceptation totale de Marie comme de tous ceux avec qui il veut faire quelque chose.
  • 32 « Il sera grand… » Luc utilise des phrases de l’Eglise primitive qui sait la Résurrection « Fils du très haut » mais aussi des formules comme «  le fils de David », titre donné au Messie attendu par les juifs contemporains de Jésus.
  • 34  « Comment cela sera-t-il ? », Marie ne doute pas sur ce qui se passe, elle demande simplement le comment ; elle est dans un acquiescement de fond, donc elle a déjà accepté et demande une précision, les modalités (question différente de celle de Zacharie qui doutait) ; précision qui ne lui est pas refusée : Dieu accepte nos questions.
  • 35 « L’esprit viendra sur toi » : quand il y a création, l’Esprit Saint est toujours là (cf la Genèse où l’Esprit plane sur les eaux…) . L’ombre comme celle qui pour Moïse en Ex 40, 35 dit la présence réelle de Dieu en quelqu’un.
  • 36  « Et voici qu’Elisabeth » : Marie n’a pas demandé de signe et Dieu lui en donne un.
    Pourquoi parler d’Elisabeth ? Parce que Marie et Elisabeth sont des femmes en qui l’action de Dieu est possible. Un point d’appui est donné à son acte de foi : une compagne lui est donnée.
  • 38 « Je suis la servante » : Marie ne dit pas « je suis d’accord », elle est libre d’accepter et dans sa réponse libre, elle se donne toute entière, d’où ce paradoxe : une totale liberté et une totale soumission tant est grande sa Foi.
    Alors, puisque tout est dit l’ange la quitte. Tout est fait, le monde bascule dans la rédemption.

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Dimanche 13 novembre 2011 • 2113 visites

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