Fiche 4

Naissance et circoncision de Jean - Luc 1, 57-66

Domenica Ghirlandaio, église Santa Maria Novella,Florence 4-Naissance de Jean Baptiste  
Domenica Ghirlandaio, église Santa Maria Novella,Florence
Domenica Ghirlandaio, église Santa Maria Novella,Florence
  • 57 le temps fut accompli : Luc marque les différents cycles par cette expression. Déjà au verset 23, puis maintenant au verset 57, et plus loin en 2,21 et 22. Cet accomplissement du ou des temps signifie que nous sommes à la fin d’un monde : une nouvelle ère s’ouvre avec la naissance de Jean-Baptiste et bien sûr celle de Jésus.
    elle mit au monde un fils : le récit de la naissance de Jean-Baptiste est très sobre par contraste avec celui de Jésus un peu plus loin mais il est pondéré par le terme accompli : la promesse divine se réalise.
  • 58 Les voisins et les proches reconnaissent que la gloire de Dieu éclate au travers d’un évènement, somme toute, banal : la naissance d’un bébé. Marie n’est plus la seule dans le secret, eux aussi accèdent à la bonne nouvelle et à  la joie, signe de la présence de Dieu.
  • 59 L’observance de la loi et du rite reprend le dessus, à tel point que ni le père ni la mère n’ont le droit au chapitre : ils viennent circoncire le bébé et on veut l’appeler du nom de son père comme le veut la tradition. Ils se substituent à Elisabeth et tentent de prendre la place du père !
  La circoncision avait été donnée à Abraham pour distinguer sa race de toute autre race et la préparer à posséder les biens promis à Dieu. On l’imposait au huitième jour à l’enfant et cela l’incorporait au peuple de Dieu avant qu’il ne pût le vouloir lui-même, pour établir que c’était une pure grâce.  On lui donnait après la circoncision le nom qu’il devait porter, car avant de faire nombre dans le peuple de Dieu, il devait porter le signe de Dieu..


  • 60 Alors, Elisabeth prend la parole. Elle se tient seule contre les voisins et parents, et à côté d’un mari qui n’a encore rien dit : elle finit de mettre au monde son fils. « Il sera appelé Jean » : c’est la suite du cri poussé à la Visitation. C’est son expérience d’avoir été visitée par Marie qui lui fait dire « Dieu fait grâce ». C’est vraiment le fruit d’une expérience intérieure : fermeté et grande douceur.
    La mère brise le rite : Non, il s'appellera Jean. La parole d’Elisabeth amène donc à une rupture. Élisabeth va refuser d'attribuer à son fils, selon une tradition humaine du fils aîné, le nom de son père (Zacharie =Dieu se souvient) pour proposer un nom en rapport précis avec l'événement de cette naissance (Jean : Dieu fait grâce). Cette appellation avait bien sûr été préparée par l'apparition de l'ange (v.13), mais le choix d'Élisabeth n'est pas qu'obéissance servile à cet appel. Il marque la reconnaissance du dynamisme, l'entrée dans le mystère : Dieu à l’œuvre maintenant !
    D'ailleurs, l'intervention même d'Élisabeth dans le choix du nom est peut-être singulière : il ne semble pas d'après le texte (son intervention parait une intrusion, et l'on se tourne ensuite vers le père) que la mère était appelée à donner son avis ; si elle le fait, c'est que Dieu agit, parle par elle. Les gens (on) voudraient donner le nom du père car dans leur esprit il signifie que tout continue comme avant, dans un prolongement où Dieu se souvient d’âge en âge. On voudrait tellement que rien ne change, ne pas voir que Dieu nous fait grâce, ne pas être impliqué : on résiste en se cachant derrière une tradition, une loi…
  • 61 ils lui dirent: La parole d’Elisabeth amène les « on » à se découvrir , à exprimer la vérité de ce qu’ils portent en eux : Personne ne porte ce nom. Pour eux, ce n’est pas l’usage, la tradition, cela ne se fait pas.
  • 62 Et ils demandaient par signes. Ils se tournent donc vers le père du bébé, lui qui fait partie d’une famille sacerdotale par nature conservatrice de la tradition. On apprend que Zacharie est sourd et muet, conséquence de son manque de foi.
  • 63 « Jean est son nom ». Ecrire la rupture dans le choix du prénom, c’est signifier la fin d’une lignée sacerdotale, la fin d’une manière d’être prêtre, la fin d’un enfermement dans la lettre de la loi. Sans avoir pu l’entendre -il est sourd-, Zacharie confirme par écrit la parole d’Elisabeth car elle est bien conforme à ce que lui a dit l’ange:
    Ta femme Elisabeth t'enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jean. Lc 1,13
    Ils en furent tous étonnés. Il n’y a plus d’opposants. Voisins et proches sont ébranlés par la nouveauté de ce qu’ils voient et entendent.
  • 64 Zacharie écrivit : cela le délie. Il y a une universalité de l’écrit. Zacharie devient prêtre tout autrement, il accueille lui aussi le mystère et la volonté de Dieu d'où la fin de sa surdité et de son mutisme conformément à ce que l’ange lui avait annoncé.
  • 65 La crainte s'empara de tous leurs voisins .Voisins et amis semblent entrer dans cette nouveauté et la reconnaître comme venant de Dieu à tel point qu’ils diffusent la nouvelle à toute la montagne de Judée.
 
 Qu’est-ce que la « crainte de Dieu » ?

« Craindre Dieu », en langage biblique, n’est pas synonyme d’avoir peur. La « crainte » biblique est une juste approche des choses de Dieu.
Naturellement, la palette du sentiment religieux est riche. Un certain sens de la grandeur de Dieu ne va pas sans peur. Les théophanies bibliques mettent en scène cet sorte d’effroi en présence de ce qui dépasse l’homme et qu’il tient pour sacré. Mais cette peur n’est pas encore la crainte de Dieu.
Celle-ci advient lorsque Dieu est découvert pour lui-même dans une relation personnelle. Alors, c’est la confiance qui se révèle être le ressort de la relation.
Craindre Dieu, c’est le respecter et l’aimer. L’amour parfait est l’aboutissement d’un cheminement intérieur qui va de la peur de l’inconnu à la connaissance et à l’amour.
La « peur de Dieu » peut bien tétaniser ceux et celles qui ne le connaissent pas vraiment. La « crainte de Dieu » au contraire nourrit et appelle la confiance en un Dieu proche et bon. Le psaume a raison : « Craindre Dieu, principe du savoir, bien avisés tous ceux qui s’y tiennent. » (Ps 110, 10.) Craindre Dieu est bien source de sagesse… et de vie.

Gilles-Hervé Masson BIBLIA N°43, Ben Sira, l’homme du dialogue, p. 11

  • 66 Ils mettent dans leur cœur : ils constituent une sorte d'appel indirect au lecteur pour qu'il formule les mêmes questions que celles qui sont exprimées, et pour que, à l'instar des voisins, chacun "mette ces choses en son coeur" : ce que fera Marie en 2,51.

    Que sera donc cet enfant ? Le peuple se pose des questions : il sait que la route de Jean n’est pas toute tracée , enfermée dans un carcan de tradition, mais que
    la main du Seigneur est avec lui : pour Jean , l’avenir est ouvert ….

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Dimanche 13 novembre 2011 • 1960 visites

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