Fiche 5

Nativité et annonce aux bergers - Luc 2, 1- 20

Giotto. Chapelle des Scrovegni, Padoue 5-Nativité  
Giotto. Chapelle des Scrovegni, Padoue
Giotto. Chapelle des Scrovegni, Padoue
  • 1 Il advint : c’est l‘événement qui parle. Quelque chose survient alors qu’on ne l’attendait pas. Cette naissance surgit dans l’Histoire et le texte avance en se heurtant tout le temps à l’imprévu (aussi aux versets 6, 13 et 15). Un autre mot du texte qui résume cela aussi c’est « aujourd’hui » au verset 11. Aujourd’hui il est né, aujourd’hui comme si c’était tous les jours Noël. Alors laissons-nous mener surgissement en surgissement.
    Le texte commence donc par un fait divers : le recensement.
    L’idée de César de recenser le monde connu du moment va me surprendre dans mon aujourd’hui. Toute la terre est politiquement soumise à un seul homme, César qui veut avoir pouvoir sur tous les hommes. C’est dans ce cadre que Jésus caché sera le véritable maître de toute la terre. C’est là qu‘est selon Dieu le centre. Dieu trace un chemin tout autre que la maîtrise, la domination et la gloire. Cela montre la manière de Dieu dans le pouvoir humain.
    Le pouvoir humain se ferme sur lui-même, César ne compte que sur lui. Dieu, lui, envoie son fils pour tous.
  • 2 « Quirinus » ce mot indique un repère historique. Luc part du sommet de l’empire et descend : du monde entier, empire, province, ville ; un mouvement du haut vers le bas.
  • 3 En tout cas, ça met en mouvement les familles : tous.
  • 4 Celui qui ouvre la série des noms propres ce n’est pas Marie mais Joseph qui apparaît ici comme ayant de l’initiative. C’est par lui que Jésus est de la lignée de David ; il monte donc à la ville de David.
  • 5 Marie est présentée « fiancée » comme à l’annonciation cela nous rappelle que Jésus n’est pas le fils de Joseph.
  • 6 Il advint est utilisé ici pour la deuxième fois.
  • 7 C’est à Bethléem que Marie accouche, là où on peut penser qu’elle va trouver ce qui convient pour sa situation. Le texte est plus que sobre « elle accoucha de son fils premier-né. » Tout le texte comporte davantage de détails sur l’environnement de l’événement que sur la chose elle-même qui tient en ces quelques mots. La simplicité nous fait toucher l’essentiel.

    Elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire
    Cela est dit trois fois aux versets 7 -12-16. Comment donne-t-elle le Fils ? Exactement comme on dépose l’herbe à manger pour les bêtes : Il est donné en nourriture. Bethléem signifie maison du pain. Luc est en train de nous dire que, dès le berceau, cet enfant nous fait don total de lui-même par les mains de Marie qui le dépose. Elle le donne, au sens fort du mot, en nourriture à l’humanité. En plus, son geste de l’emmailloter nous fait penser à l’ensevelissement de Jésus. Le Christ mort est enveloppé d’un linceul et déposé dans la tombe.
    la crèche = la mangeoire             les langes/ le linceul
    Une fois donné en nourriture (Faites ceci en mémoire de moi), il est donné en Sauveur. Oui Jésus vient de naître pour le salut du monde.
  • 7 S’il y a une mangeoire ici c’est parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes. Il ne s’agit pas d’un manque de charité des gens de Bethléem : ce serait faire injure à l’Orient qui est si accueillant.
    Le texte grec traduit dit « ce n’était pas leur place ». Et cela change tout car en effet ce n’était pas la place d’une femme en train d’accoucher d’être exposée au regard de tous dans la salle d’hôtes.
    La Nativité, comme l’Annonciation, ne supporte pas la foule mais le silence, la discrétion. Joseph emmène donc Marie à l’écart, c’est là leur place et ils le savent bien. Ils gardent (comme les bergers gardent les troupeaux) le mystère au silence de la nuit.
    Lors de la Passion, la salle d’hôte est celle où aura lieue la Cène. Il n’y a donc pas de place pour eux. Ce n’était pas le lieu car le temps n’est pas encore venu qu’Il donne sa chair en nourriture.
  • 8 Les bergers sont les parias de la société, ils gardent les bêtes, et sont donc interdits de synagogue car impurs du fait du contact avec les animaux. C’est pourtant d’eux dont on parle en premier, les plus rejetés, les exclus qui ne font pas partie du peuple, les pauvres d’entre les pauvres.
    Ils sont encore réveillés car ils gardent les bêtes. Et sans le savoir ils montent une autre garde : ils sont gardiens du mystère à leur tour.
  • 9 Ils furent saisis de crainte. Quand Dieu approche, ça fait peur. L’ange ne parle pas d’abord. C’est la gloire du Seigneur qui se donne à sentir, à voir. Elle les enveloppe de lumière. Une lumière dans la nuit.
  • 10 Alors l’Ange parle et dit : Soyez sans crainte comme pour Marie à l’Annonciation. D’ailleurs un ange, ça annonce une nouvelle et ici il annonce ‘une grande joie pour tout le peuple’. Le mot ‘peuple’ est étonnant car si on y réfléchit ils ne représentent pas le peuple, ils sont en marge du peuple, mais choisis pour figurer le peuple, être intermédiaires pour tout le peuple. Désormais le peuple d’Israël, c’est celui-là. C’est un changement complet. La gloire du Seigneur est dans le champ des bergers, elle y fait son temple.
    Peut-il y avoir une bonne nouvelle pour ces pauvres ? Elle est ‘joie’. Tous les mots s’accumulent dans le texte pour le dire au verset 11.
  • 11 Sauveur, Christ, Seigneur : voilà la Bonne Nouvelle. Et nous face à lui, nous prenons la place des bergers, nous n’avons rien d’autre à faire que d’être là où ils étaient, c’est à dire de monter la garde.
  • 12 Un signe est donné. Comme l’ange l’avait fait pour Zacharie et Marie, après avoir effacé toute crainte.
    Un signe est d’habitude en accord avec ce qui est donné, sinon ce n’est pas un signe. Il y a ici disproportion entre le signe donné et la réalité dont on vient de parler. Un Sauveur, Christ, Seigneur et on regarde un nouveau-né, emmailloté et couché dans une mangeoire.
  • 13-14 Et tout à coup (il advint). On monte en crescendo dans la surprise, c’est encore plus surprenant que tout ce qui nous a surpris ! Une armée céleste de messagers de Dieu loue Dieu. Ce sont eux les messagers, les envoyés, ils sont entrain de dire aux hommes bien-aimés de Dieu : Paix à vous, de même qu’ils disent à Dieu Gloire.
  • 15 Et il advint que les bergers sortent de la gloire de Dieu qui les environnait. Et dans un échange de paroles à l’horizontal, ils se disent ‘Allons voir à Bethléem et voyons cette Parole qui est arrivée’. C’est le sens littéral. Ils ont entendu une Parole, ils y adhèrent car le Seigneur leur a fait connaître. Ils reconnaissent l’auteur de cette Parole, ils prennent donc déjà position dans la foi. Cela se fait dans un consensus car ils se le sont dit les uns aux autres. Cette adhésion commune donne corps à la Révélation. Ils ont la capacité d’adhérer à ce qu’ils ont vu. C’est cela la foi, elle jaillit au fond d’une liberté et d’une conscience. Et cela grâce à une parole d’ange. Puissions-nous être ‘anges les uns pour les autres’, avoir un cœur qui traduit la Révélation, fait surgir une adhésion. Pour qu’il y ait foi, il faut donc une parole dite, que ceux qui l’entendent la parlent (entre eux) et qu’elle soit confirmée par des points d’ancrage dans la réalité pour s’enraciner.
  • 16 Les bergers vont trouver un père, une mère et un enfant. Ils trouvent ‘ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant’. Et ils deviennent à leur tour capables d’une parole d’anges.
  • 19 Luc revient à Marie entre deux phrases qui parlent des bergers. Elle se reconnaît comme recevant tout de Dieu, et garde dans son cœur. Marie reçoit de plus petits qu’elle (les bergers) des trésors qu’elle médite dans le silence.
  • 17, 18, 20 Et les bergers repartent. Ils ont entendu et vu et ils font connaître et créent l’étonnement alentour.

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Dimanche 13 novembre 2011 • 2303 visites

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