Le Prix à payer

Joseph FADELLE, Le Prix à payer, éd. de l'Oeuvre, avril 2010, 220 p. Quand Mohamed devient Joseph… ou l’histoire peu banale de la conversion au christianisme d’un jeune musulman irakien issu d’une grande famille chiite.

     

            Quelle leçon pour nous, chrétiens occidentaux de vieille tradition, qui n’avons pas toujours conscience de la chance de vivre dans un pays de culture chrétienne et de liberté, que ce témoignage d’une adhésion enthousiaste, radicale -et ô combien courageuse- au Christ et à l’Eglise ! Quelle leçon pour les chrétiens trop souvent tièdes, fades et assoupis que nous sommes, habitués à une religion de confort et si prompts à la critique envers l’Eglise !...

            Voilà un homme, héritier de la tribu Moussaoui, que tout destinait à connaître le sort paisible et fortuné de celui qui était appelé à régner sur une des plus prestigieuses familles d’Irak. Mais… l’Esprit souffle où il veut et quand il veut…La Providence se manifeste d’abord lors de son service militaire, à Bassorah, à travers la rencontre déterminante de Massoud, son voisin de chambre, un chrétien. Ce dernier, par sa patience et sa bienveillance, saura désarmer les préventions de Mohamed chez qui la peur et l’hostilité méprisante cèdent bientôt à la curiosité et à la fascination devant ce compagnon cultivé dont il veut désormais percer le secret.

            Massoud lui parle de Jésus, lui fait découvrir la Bible, corrige plusieurs idées fausses que se faisait Mohamed de la religion chrétienne et engage celui-ci à entamer une lecture critique du coran.

            En mai 1987, Mohamed, dont les certitudes avaient déjà été fortement ébranlées, reçoit ce qu’il décryptera comme un appel à la conversion, lors d’un songe dont le sens lui apparaît avec une évidence lumineuse, dans la lecture de l’Evangile que lui a prêté Massoud. C’est une expérience mystique et une  révélation : désormais, Mohamed veut, lui aussi devenir chrétien.

            Mais en Islam, changer de religion est un crime : de retour à Bagdad, chez les siens,  Mohamed doit cacher sa foi nouvelle, même à Anouar qui devient son épouse. Il cherche à rencontrer des chrétiens, s’efforce d’assister à la messe, voudrait recevoir le baptême, mais il lui faut se cacher des siens et endurer les réactions de méfiance, de peur et même de rejet de certains qui ne comprennent pas le comportement de ce musulman et craignent de terribles  représailles pour eux-mêmes. Et puis on découvre chez lui une bible : Il lui faut affronter la fureur de ses parents, de ses proches. Il sera emprisonné, subira sévices et tortures  pendant des mois, puis sera enfin rendu à une liberté étroitement surveillée. Décidant d’expliquer franchement sa conversion à son épouse, il devra vaincre son incompréhension horrifiée, pour connaître enfin la joie de la voir s’approcher, elle aussi, du Christ.

            Bravant tous les dangers, Mohamed poursuit inlassablement sa quête : il reçoit une formation chrétienne auprès de prêtres et de religieux catholiques. Dans le plus grand secret, il organise l’évasion de sa petite famille vers la Jordanie où il est obligé de vivre caché pour échapper aux dénonciations et à ses poursuivants : son oncle et ses frères lancés à sa recherche. Ceux-ci le retrouvent et, après lui avoir tiré dessus, le laissent pour mort sur une route désertique où il sera sauvé par un « bon samaritain » : la Providence a de la suite dans les idées…

            C’est en Jordanie aussi que Mohamed, sa femme et ses enfants ont la joie de recevoir le baptême. Après maintes péripéties, ils parviennent à partir en 2001 pour la France où ils vivent depuis en tant que citoyens français.

            Oui, décidément, c’est une belle leçon de courage, de foi et d’espérance que nous offre Joseph Fadelle, un témoignage bouleversant et stimulant à la fois, propre à réveiller en nous le désir de mieux répondre aux exigences évangéliques, un écho contemporain aux paroles de Saint Paul : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? L’angoisse ? La persécution ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? Le supplice ?[…] J’en ai la certitude : ni la mort, ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent, ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Lettre de Saint Paul aux Romains, 8, 31-39)

 

N.B. A signaler, pour approfondir la connaissance de l’islam et mieux comprendre les différences doctrinales entre islam et christianisme, l’analyse claire, rigoureuse et documentée que nous propose  François Jourdan dans son livre : « Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans », éd. de l’œuvre, mars 2007

                                                                                              Michel Borelle

 

Article publié par Michel Borelle • Publié le Lundi 12 juillet 2010 - 22h31 • 2123 visites

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