VP - Commentaire 6.mp3
Voix de Caroline BIENCOURT, conservatrice diocésaine
et du Père André MERVILLE, curé de la paroisse
Derrière la grille se dresse le dos du maître-autel constitué par une grande console Louis XV en chêne sculpté et doré. Il est surmonté d'un tabernacle dont la porte représente « la chute de la manne dans le désert ». Au dos de ce tabernacle est représenté un autre épisode de la traversée du désert par les hébreux relaté au chapitre 21 du livre des Nombres : les hébreux commencent à manquer d'eau et de pain; ils se révoltent contre Dieu qui leur envoie des serpents brûlants. Moïse intercède auprès de Dieu pour le peuple hébreu ; Dieu lui demande de façonner un serpent d'airain qu'il place sur un étendard. Le récit continue: « Si quelqu'un était mordu par un serpent et qu'il regardait le serpent d'airain, il restait en vie ». Cette gravure sur bois est construite de manière rigoureuse selon un programme en quatre séquences : tentative pour se protéger des serpents; impuissance à les vaincre; on supplie Moïse d'intervenir ; celui-ci invite le peuple à se tourner vers le serpent d'airain.
En quoi ce récit peut-il être présenté comme une préfiguration de la passion du Christ ? Pour le comprendre, il convient tout d'abord de préciser que les serpents ne sont pas dans cette scène le symbole du mal, mais le moyen de révéler l'action du mal : le serpent agit par surprise et sournoisement; caché dans le sable chaud, il mord le marcheur au talon. Il convient ensuite, pour bien la comprendre, de mettre cette scène en rapport avec celle qui est décrite de l'autre côté de l'autel, sur la porte du tabernacle: le peuple qui marche dans le désert fait confiance à Dieu qui lui a préparé chaque matin la manne, sa part de nourriture. Dans l'épisode raconté ici, au verso du tabernacle, le peuple ne fait plus confiance à Dieu ; il a donc rompu le pacte d'alliance conclu sur la montagne du Sinaï ; en conséquence, préférant agir seul, il n'est plus défendu face aux dangers qui l'assaillent. Condamné à périr dans le désert, le peuple se tourne vers Moïse, resté fidèle à son Dieu, afin qu'il puisse obtenir la faveur d'un renouvellement d'alliance et la guérison des morsures. Dieu la lui accorde volontiers, mais à la seule condition de consentir, en se tournant vers le serpent d'airain, à ce que, si cette nouvelle alliance est rendue possible, c'est parce que Dieu accepte d'assumer les conséquences du mal provoqué par la rupture d'alliance. Ainsi, le serpent qui ne faisait qu'exécuter la sentence divine est condamné à périr, délivrant ainsi le peuple de sa menace, préfigurant Jésus qui mourra à la place des pécheurs en assumant les conséquences de leurs fautes. |
Paroisse St-Maurand St-Amé de DOUAI |
Article publié par Mercredi 28 mars 2012 •
4546 visites
•
Publié le