Le sourire

Claire DAUDIN, "le Sourire", éd. Cerf, paru en 04/2009, 17 €.

Le sourire : voilà bien un roman qui se lit d’une traite et qui malgré la gravité de son sujet laisse une trace d’émotion vive.
Banalité et beauté pour José et Violaine qui se rencontrent dans un village, s’aiment et se marient. Simplicité et évidence de leur rencontre et du début de leur quotidien.
De leur union, va rapidement naître Gilles. Cet enfant attendu, précieux et unique est atteint de la maladie de Hurler, affection génétique incurable détectée sur l’écran noir et blanc lors de l’échographie. Commence alors le tourbillon des examens d’un service à l’autre, dans l’univers hospitalier qui n’est pas familier à ces jeunes parents. Ils écoutent les explications sur l’erreur chromosomique. La gravité du diagnostic va mobiliser les chercheurs les plus éminents sur une enquête généalogique qui annoncera une issue fatale et précoce pour ce petit être. Avec son cœur de mère tout neuf, Violaine accueille son enfant avec amour et douceur ; elle le reconnaît dans un élan de tout son être. Elle accueille la vie de son « enfant qui n’est pas destiné à vivre ». Elle réussit à vaincre les obstacles, à affronter le regard des autres et à gagner sa place dans le cercle des mères d’enfants dits ‘normaux’.

L’écriture très poétique de Claire Daudin dit à merveille l’amour sans mesure d’une mère pour un enfant différent des autres mais unique pour elle. Un enfant précieux à aimer sans pitié. Il ne se « résumait pas seulement au terrible diagnostic de la maladie génétique ». Lui aussi aura droit à des poussées dentaires, ses érythèmes fessiers, sa première purée à la cuillère. « Ou bien Gilles était un enfant comme les autres, soigné comme les autres, ou bien c’était un être à part, voué à la mort et qu’il était absurde d’aimer. » Et Violaine et son mari José vont entourer ce petit de tout leur amour, choisir pour lui la vie, même s’ils savent qu’elle sera courte auprès d’eux.
Un beau parcours tout en douceur, en émotion et en délicatesse. Qui dit la vie, rien que la vie, toute la vie. Et la force d’une mère qui se tient debout même au plus fort de la douleur quand la mort n’est pas délivrance mais tourment. Alors le souvenir du sourire de Gilles adoucit larmes et silence. Et Violaine peut dire : « Ton sourire je l’ai mis au monde, pleine de grâces. »


Anne Henning
7 mars 2010

Article publié par Michel Borelle • Publié le Dimanche 07 mars 2010 • 1947 visites

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