Sur le Curé d'Ars

Deux livres de Françoise Bouchard pour découvrir ou mieux connaître celui qui est devenu une véritable icône du prêtre : Jean-Marie Vianney.

1. Le Saint Curé d'Ars viscéralement prêtre,

Françoise BOUCHARD, éd. Salvator (2ème édition 2009)

 

Dans son livre bien documenté et écrit dans une langue simple et vivante, Françoise Bouchard nous offre une évocation saisissante de cette figure emblématique du "bon pasteur". Au fil de la lecture, à travers les citations du curé d'Ars, les extraits de ses sermons, les témoignages et les anecdotes qui émaillent le récit de sa vie, le personnage qui, dans nos représentations habituelles pouvait présenter une image un peu naïve, vieillotte voire poussièreuse, prend chair sous nos yeux et devient extraordinairement proche et touchant. Et c'est bien un homme aux prises avec les dures réalités de son temps, tellement conscient de ses limites, mais aussi habité très tôt par le désir de se donner entièrement à Dieu, et ayant une confiance absolue en la Providence qui se met à vivre, presque concrètement, devant nous.

Nous  voyons ainsi le jeune berger puis travailleur des champs grandir dans une ambiance familiale où s'éveillent et se développent sa spiritualité en même temps que l'attention charitable aux plus démunis. Puis sont évoquées les terribles années de la Terreur avec les persécutions contre l'Eglise. Nous assistons à la naissance de la vocation sacerdotale de Jean-Marie Vianney, à sa formation-laborieuse étant donné sa scolarisation tardive et cahotique- auprès du curé d'Ecully, Charles Balley, qui sera pour son élève un modèle de prêtre, empreint d'un amour intense de Dieu. Suivent les années de séminaire, d'abord à Verrières puis à Lyon, avec leur cortège de difficultés, d'échecs et d'humiliations pour Jean-Marie Vianney désespérément hermétique au latin. Son courage et la foi de son curé en la vocation sacerdotale de son protégé l'emportent : il est ordonné prêtre en 1815. Bientôt le  vicaire général de Lyon l'envoie à Ars en lui disant : "Allez mon ami, il n'y a pas beaucoup d'amour de Dieu dans cette paroisse, vous en mettrez". On l'y voit alors enseigner l'amour du Christ par l'exemple, menant une vie des plus austères, désireux de rencontrer et de connaître chacun de ses paroissiens, entreprenant la restauration et l'embellissement de l'église, militant pour la sanctification du dimanche, soucieux de procurer une instruction scolaire à la jeunesse (cf. la création de "la Providence" : école primaire pour filles, entièrement gratuite), serviteur infatigable de la miséricorde du Seigneur (l'affluence au confessionnal d'Ars est notoire...), amoureux de l'Eucharistie qu'il célébre avec une ferveur particulièrement touchante, et capable de s'abîmer dans l'adoration du Saint Sacrement. Mais nous l'y voyons aussi en butte aux tourments du "bruiteur de l'ombre", de celui qu'il appelle "le grappin", ainsi qu'au mécontentement et aux calomnies de quelques détracteurs rebelles à la Grâce. Découragé devant la lourdeur croissante de ses tâches, il est souvent taraudé par la tentation de la fuite.

Mais ses paroissiens tiennent à lui, et il finit par comprendre que la volonté du Seigneur est qu'il reste à Ars. Quoi qu'il lui en coûte, sa popularité continue de grandir : le confessionnal ne désemplit pas et l'on vient de partout écouter ce prédicateur hors pair. Ce n'est pas qu'il brille dans la rhétorique oratoire, mais ses sermons touchent par la justesse de ses mots tout simples, par la pénétration de l'âme et la force de conviction de cet homme habité par la grâce.

Son état de santé, cependant, ne cesse de se dégrader. Se donnant sans compter, c'est dans un état de faiblesse et d'épuisement extrême qu'il rend le dernier soupir le 4 août 1859, ayant été "un bon pasteur, un pasteur selon le coeur de Dieu".

 

La lecture passionnante de ce livre nous laisse une image plus riche et plus attachante de ce prêtre exemplaire dont le solide bon sens et l'intelligence du coeur éclairée par la grâce palliaient des limites que sa profonde humilité exagérait d'ailleurs, et dont toute la vie aura témoigné du désir ardent de vivre une intimité de plus en plus forte avec Dieu en même temps qu'elle aura exprimé le bonheur profond et contagieux de se donner à Lui.

 

 

 

2. Paroles du Curé d'Ars. Des prêtres pour nous montrer le chemin du Ciel,

Françoise BOUCHARD, éd. Salvator 2009 (125 p.)

 

 

Quelques citations du curé d'Ars extraites de ce florilège :

 

 

- " Quand on veut détruire la religion, on commence par attaquer le prêtre, parce que là où il n'y a plus de prêtre, il n'y a plus [d'Eucharistie], et là où il n'y a plus [d'Eucharistie], il n'y a plus de religion..." (p. 16)

 

- " Nos fautes sont un grain de sable à côté de la grande miséricorde de Dieu. La miséricorde de Dieu est comme un torrent qui déborde : elle entraîne les coeurs sur son passage." (p. 26)

- Il n'y a rien de si grand, mes enfants, que l'Eucharistie ! Mettez toutes les oeuvres du monde contre une communion bien faite, ce sera comme un grain de poussière devant une montagne." (p. 34)

 

- " Lorsque nous sommes devant le Saint-Sacrement, au lieu de regarder autour de nous, fermons nos yeux et notre bouche ; ouvrons notre coeur, le bon Dieu ouvrira le sien... Nous irons à lui, il viendra à nous, l'un pour demander et l'autre pour recevoir ; ce sera un souffle de l'un à l'autre. Que de douceurs ne trouvons-nous pas à nous oublier pour chercher Dieu !" (p. 37)

 

- "Oh ! que nous obtiendrait la sainte messe, si nous y assistions avec piété !" (p. 42)

 

- " Plus on prie, plus on veut prier ; c'est comme un poisson qui nage à la surface de l'eau et qui va ensuite se plonger jusqu'au sein de la mer. L'âme s'abîme, se plonge dans l'amour de Dieu." (p. 53)

 

- "Lorsque nos mains ont touché des aromates, elles embaument tout ce qu'elles touchent ; faisons passer nos prières par les mains de la sainte Vierge, elle les embaumera..." (p. 56)

 

- " Ceux qui sont conduits par le Saint-Esprit ont des idées justes. Voilà pourquoi il y a tant d'ignorants qui en savent plus long que les savants." (p. 90)

 

 

 

 

 

 

Article publié par Michel Borelle • Publié le Lundi 22 février 2010 • 2643 visites

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