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Mélanie et Marine, en mission à Dapaong

 

JOURNAL DE BORD

 

Week-end du 9-10 septembre :

 

Arrivées le 9 septembre à Dapaong, après 6h de voiture avec Charles, le chauffeur de Sœur Stella, nous avons découvert notre maison : « la fraternité hospitalière des serviteurs de la miséricorde » Nous avons pris possession de nos chambres situées au dessus de la chapelle. Nous avons retrouvé nos mamans : Rita , Hortense, Sœur Stella. Gysèle, Marie-Louise, Anastasie, Tati Katé, Marie, Sylvie et Alice: membres de la fraternité nous ont accueillies également. Chacune est au service de ses sœurs et participe aux tâches ménagères de la maison : Toutes travaillent dans diverses structures de l'association : Marie travaille au centre Maguy comme aide infirmière, Sylvie s'occupe de la maison de l'évêque émérite de Dapaong : Monseigneur Jacques, Tati Katé s'occupe des parrainages et de la boutique ...

 

La chaleur nous est tombée dessus dès notre arrivée mais notre désir premier était de voir les enfants, et après le repas et la sieste , nous nous sommes rendues à Sainte Monique. Nous avons retrouvé quelques enfants de la maison qui ne partaient pas en vacances dans les familles et nous avons participé à leurs jeux.

Puis passage par St Augustin pour dire bonjour aux garçons de l'association. Retrouvailles avec nos filleuls.

 

Après la messe du dimanche matin, nous nous sommes détendues en sortant les guitares. Nous avons rencontré Françoise , vice présidente de l'association « Maminou » à Nîmes qui a démarré le projet de chorale avec les enfants pour la tournée de septembre 2018 en France. 3 chansons déjà travaillées en 15 jours et un très beau rendu. Ils chantent avec tout leur cœur et sont heureux de ce projet. L'émotion est montée lors du chant « liberté » de Nana Mouskouri.

 

Comme à l'habitude, nous avons eu une fête d'accueil à Ste Monique où les artistes ont pu faire connaître les premières chansons de la tournée aux autres enfants de la maison.

Les prochaines chansons sont à travailler en lien avec Marie-Louise, Jean et Joseph, membres de l'association.

 

Semaine du 11 au 17 septembre :

 

Le Lundi matin, nous avons étaient réveillées par un vent violent et une pluie battante, c'était l'invitation à se lever pour nous rendre à la messe de 6 heures avec les sœurs et les laïques consacrées. Pluie qui a cessé dès la sortie de la chapelle. Sœur Stella nous a emmené visiter le nouveau centre « Maguy » et Marine a pu prendre connaissance de son lieu de travail et rencontrer ses futurs collègues. Nous sommes admiratives de ce lieu, agréable, propre et fonctionnel avec le minimum de moyens encore à disposition. Sur le site : cantine, chapelle, accueil pour les accompagnants, et bientôt une école primaire. Quel beau lieu au service dès plus pauvres.

 

Parties en bus, vers 10h30, avec Modeste (séminariste), Sœur Stella, maman Hortense, maman Rita, Gysèle, Marie-Louise, Anastasie et Françoise, nous avons mis 5 heures de route pour arriver au foyer de charité situé à Aledjo

 

Durant la retraite, nous avons vécu des temps de conférence (4 par jours) sur le thème «  Qui m'a vu, a vu le Père » entrecoupés de temps de silence, de prière, d'adoration et du chapelet. Le cadre est magnifique, très boisé, dans les hauteurs de la région de Kara, et le Seigneur a pris soin de ses brebis fraîchement tondues puisqu'il nous a permis d'avoir des températures plus basses qu'à Dapaong et un ciel souvent nuageux. Une semaine pour nous habituer au rythme togolais avec le lever à 5h50 et la fin de la journée à 20h45. Nous nous initions à la nourriture togolaise bien qu'avec modération pour la pâte de maïs et la sauce gombo qui nous chagrine toujours un peu par son aspect gluant.

 

Semaines du 18 au 30 septembre :

 

Sur la route du retour vers Dapaong, nous avons fait plusieurs escales pour remplir le bus de victuailles : haricots, tomates, carottes et nous avons pris un enfant à Mango afin de l'amener sur Dapaong chez son oncle et qui sera pris en charge par l'association : son papa étant décédé, il doit quitter son habitation, ses connaissances pour pouvoir espérer continuer ses études et vivre dans de meilleures conditions.

 

Après notre arrivée à la fraternité, nous sommes allées de suite voir les enfants, heureuses de retrouver le visage de certains revenus de leurs vacances. La semaine a été rythmée entre l'organisation de la bibliothèque, le match de foot des garçons sous la pluie : fiers d'avoir gagné 1-0 pour la finale du tournoi, la distribution des fournitures scolaires aux enfants des 2 maisons et des enfants de la ville : plus de 1000 enfants sont venus chercher leurs cahiers, stylos, leur kaki ( uniforme) pour commencer sereinement la rentrée.

 

Samedi matin nous avons établi avec Sœur Stella notre cahier des charges : Marine travaillera au centre Maguy 2 jours par semaine et les autres jours en visite à domicile. Pour sa première semaine de travail elle a suivi les assistants médicaux afin de découvrir les pathologies rencontrées : paludisme, VIH, hépatite, tuberculose et de se familiariser avec les traitements.

 

Mélanie a travaillé à la bibliothèque de l'association : aménagement de l'espace, nettoyage, tri, réparation des manuels abîmés. Beaucoup de travail encore à l'horizon comme la classification des œuvres, l'informatisation et l'aménagement d'un espace de lecture pour les enfants.

Elle sera mise à disposition des enfants de l'association mais aussi de tous les jeunes de la ville désireux de prendre du temps pour la lecture ou cherchant une aide dans leurs devoirs.

Chacune a en charge une garde de nuit auprès des plus petits de la maison Ste Monique afin de donner repos à Maman Rita, qui doit encadrer les 87 enfants de la maison.

A chaque passage dans la rue, les enfants accourent vers nous en criant « Yovo, yovo, bonsoir » ce qui signifie « blanc ». C'est une telle joie de prendre un peu de temps pour une photo, une discussion, une balade main dans la main, un sourire.

 

Nous essayons de participer aux différents temps proposés par la fraternité : prières, messes, temps de partage. La vie fraternelle avec les 8 autres membres nous rend heureuses et nous avons accueillies cette semaine 3 nouvelles : Elizabeth et Bertille qui rentrent en classe de seconde et Hortense qui seconde maman Hortense à St Jean pour l'accueil des groupes et des partenaires. La vie de la maison se construit peu à peu et chacune apprend à connaître l'autre.

 

Depuis notre arrivée au Togo, il y a eu plusieurs « marches » à l'initiative des opposants de Faure ( le président actuel) ayant pour objectif la démission de celui-ci. Certaines villes ont été plus touchées par les marches notamment Mango avec le décès d'un enfant de 10 ans ayant reçu une balle perdue et la fuite massive des familles qui ont vues leurs maisons, magasins et leurs biens brûlés. Il n'y a pas eu de troubles sur la ville de Dapaong.

 

Semaine du 2 au 9 octobre :

 

Aujourd'hui, lundi 2 octobre, Dapaong semble bien calme, pas de « Yovo, yovo, bonsoir » (blanc) clamés dans les rues. En effet les enfants ont repris le chemin de l'école et à la maison Ste Monique seul les plus petits sont restés : Odile, Gabrielle, Emmanuelle-Charité et Laurent. Avec leur « Kaki » sur le dos et leur matériel scolaire, les jeunes se sont rendus à l'école parfois pour la matinée, parfois pour une heure à cause de la grève des enseignants qui marque le début de cette année scolaire. « -Qu'as-tu fait ce matin ? - du nettoyage – et toi ? - on a vu notre prof d'Anglais et notre prof de français qui nous ont donné nos horaires – et toi, combien êtes vous dans votre classe ? On est 100 en seconde dans la salle de classe, on est trop serré » Les conditions pour les études ne sont pas les mêmes qu'en France. Le soir, nous avons eu la messe d'action de grâce pour la rentrée scolaire puis Mélanie est allée manger avec les garçons de la maison St Augustin et les a aidé à se mettre dans le bain de la rentrée : remise à niveau , lecture, devoir pour certains qui avaient commencé les cours puisqu'ils sont inscrits dans le lycée privé. Beaucoup d'assiduité et de motivation.

 

La principale mission de l'association est de recueillir dans les deux maisons Ste Monique et St Augustin, les enfants orphelins, malades, ou ceux dont les parents ne peuvent plus s'occuper. Ce mardi la famille s'est vu agrandis avec l'arrivée de 3 jeunes : Adamou (Luc) 2 ans, Ablazi (Jean-Marie) 5 ans et leur sœur aînée Ladygbène (jeanne) 10 ans ; la cadette Abiba (Marie) les rejoindra le lendemain. Leur maman est décédée il y a deux mois à la suite d'une chute d'un baobab, elle s'est retrouvée paralysée en dessous du bassin. Le papa a en charge 12 enfants, 6 de sa femme décédée et 6 de sa deuxième femme. L'association permet donc a quatre de ses enfants d'être scolarisés et de retrouver une hygiène de vie et des soins adaptés. L'arrivée n'est pas forcément facile, car séparés de leur famille mais le temps et les autres enfants leur permettront de s'adapter à une nouvelle vie.

 

Marine a pu, durant deux semaines, accompagner les assistants médicaux afin de se familiariser avec les pathologies qui lui sont peu connues comme le paludisme, le VIH ou encore les nombreux cas de parasitose. Elle a pu apprendre les traitements de base mais le plus difficile est la connaissance de la multitude de générique !! Carnet et crayon sortis afin de prendre note, elle a découvert le parcours de prise en charge d'un patient depuis son arrivée. Malgré un manque de traitements ou de matériel, les soignants trouvent toujours une solution. La découverte de l'équipe soignante l'a ravie, chacun a bien pris soin de son arrivée : «  comment ça va ? Et la maison ? Et les enfants ? Et la nuit ? Et la sœur ? » Ils ont toujours le sourire aux lèvres et sont de bonne attention auprès des malades. Cependant les enfants ne voient pas cela d'un même œil car les cris et les pleurs lors des piqûres rythment la vie du centre ! Elle aime partager des moments avec les enfants en salle ou encore avec les mamans afin de redonner pendant quelques minutes le sourire et leur permettre d'oublier les soucis du quotidien. Marine a pu prescrire, grand changement pour une infirmière française mais ici les assistants et infirmiers prescrivent. Elle s'est assez vite adaptée et trouve cela intéressant. Certains enfants ont parfois peur d’elle du fait de sa couleur, mais en s'armant de patience, Marine crée un lien et les enfants jouent avec elle. Elle a été très étonnée par certaines pratiques notamment :

 

  • la transfusion : afin de pouvoir bénéficier d'une poche de sang, il faut que le receveur amène 2 donneurs de sang, s'il n'y a pas de donneurs la poche ne peut pas être délivrée, cela est lié au manque incessant de sang.

 

  • Chaque traitement quelque qu'il soit est prescrit est doit être acheté afin de pouvoir réaliser le soin : les seringues, les perfs...

 

  • Pour la plus grande joie du personnel, un laboratoire vient de s'ouvrir dans le centre. Cela évite aux familles d'attendre toute la journée pour obtenir les résultats et revenir ensuite voir l'assistant pour les conduites à tenir. Avant cela les prélèvements devaient être apporter à la pédiatrie

 

Elle a pu assister à un groupe de parole auprès des enfants atteint du VIH. Le but de cette rencontre était de rappeler l'importance de la prise des traitements au quotidien, à heure fixe et de parler des difficultés qu'ils pouvaient rencontrer chaque jour.. Ce fut un très beau partage avec parfois des moments de « tristesse » et cette question qui revient sans cesse : «  quand va-t-il y avoir un traitement pour guérir le VIH ?» Elle a pu également participer au groupe de parole avec les enfants non contaminés sur le thème : quels sont les précautions à avoir face au VIH ? Le but était de les sensibiliser à la maladie et de leur expliquer les modes de contamination. Elle a été surprise par une question en particulier «  en France une personne ayant le SIDA est-elle rejetée comme chez nous? » C'était beau de voir qu'ils parlent sans tabou, ils ont pu exprimer leurs peurs, tristesse, joie..

Marine à également pour mission de partir en visite à domicile 3 jours par semaine, elle a pu faire l'expérience d'une visite qui l'a, à la fois impressionnée, mais aussi remplie de joie. La découverte du milieu de vie, l'environnement du patient et, malgré la pauvreté, un accueil rempli de sourire, il faut quand même souligné qu'elle n'a pas tout compris car la discussion était parfois en moba !!!

La semaine prochaine après avoir été bien formée auprès des assistants, elle va rejoindre l'équipe infirmière qui l'attend impatiemment.

 

Mélanie et Marine

 

Contact

Mélanie Delacourt et Marine Vanvolxem, Association Vivre dans l'espérance, BP 59 Dapaong Togo
meldelacourt33@gmail.com

 

 

 

 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Mercredi 11 octobre 2017 • 1751 visites

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