Homélie de la messe de minuit

Ce qui nous rassemble en pleine nuit d’hiver, est-ce de la mythologie ? Est-ce la commémoration d’un événement historique ? Est-ce un beau rêve pour échapper à  la précarité de la vie ? Il est vrai que le mythe père Noël,  représenté d’une manière ambivalente, vieillard à barbe blanche avec une mine de jouvenceau, prêt à tirer de sa hotte tout ce dont les enfants peuvent rêver, trouve un regain de popularité, et ce ne sont pas nos commerçants qui s’en plaindront ! Mais si nos sommes venus cette nuit, c’est parce que nous savons bien que cette mythologie est aux antipodes de la réalité profonde de la vie.

 

Lorsque St Luc raconte la naissance de Jésus, il fournit des indications qui concernent les circonstances, les lieux et les dates :  l’évangéliste nous parle donc d’un événement merveilleux qui s’est produit dans l’histoire ; pourtant, ce qui est raconté est d’une affligeante banalité : une femme met au monde un enfant qu’elle couche dans une mangeoire d’animaux par manque de place dans une salle commune ! Vous allez me dire : mais il y avait des anges, une grande lumière, de la musique, des chants ! Oui mais ça n’a pas duré! phénomène d’hallucination collective ou habillage destiné à colorer le récit ?

 

Mais alors, chers amis, qu’est-ce qui rend ce récit authentique et d’un enjeu capital ? C’est ce qu’il annonce, et que la suite des événements vont prouver…  Prouver quoi ? Ce que découvrons ce soir : vous avez vu le célébrant conduire un enfant nouveau né depuis sa crèche dérisoire jusqu’à son trône de gloire, revêtus de vêtements liturgiques somptueux ; le petit enfant né dans une étable a démontré, par toute sa vie, qu’il était bien « le grand prêtre du bonheur promis par Dieu ».

 

Et qu’est-ce qu’un prêtre ? Le prêtre est celui dont la mission principale est de se tenir devant Dieu pour intercéder en faveur de tout le peuple, rappelle l’épître aux hébreux. Et lorsque nous célébrons la messe, comme cette nuit, qu’est-ce qui se passe en vérité ? le Christ prie pour nous obtenir le salut. Et qui est ce Christ ? c’est notre grand prêtre, c’est ce petit enfant qui vient de naître, que sa mère a enveloppé de langes et qu’elle a couché dans une mangeoire ; c’est le même qui siège sur les nuées du ciel et qui dès sa naissance, nous donne de pouvoir espérer être sauvés !

 

  • Sauvés de quoi ? sauvé de la course incessante du temps, sauvé d’une existence dérisoire, sauvé de nos mesquineries, de nos vacheries, et de toutes les compensations que nous essayons de nous trouver pour échapper à l’angoisse de savoir que nos petits bonheurs n’ont qu’un temps !
  • Sauvés par qui ? par ce Dieu qui se révèle ce soir à nous tout débordant d’amour et compatissant à toutes nos misères !
  • Sauvés pourquoi ? pour que nous puissions avoir part à son bonheur et à sa gloire !
  • Sauvés comment ? en s’abaissant jusqu’à nous, jusqu’à partager notre pauvreté, notre précarité, notre misère, et même la culpabilité larvée de tout le mal que nous commettons en trouvant toujours le moyen de l’excuser!
  • Sauvés par quoi ? par un sacerdoce qui demeure éternellement !

Le curé d’Ars avait dit un jour : « le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus ». Puissions-nous ce soir accueillir tout l’amour du cœur de Jésus afin que nous puissions nous en réjouir et le répandre autour de nous, en commençant par ceux qui en ont le plus besoin ! Et que l’amour de ce cœur puisse nous conduire jusqu’à sa source, notre Père, infiniment bon et si miséricordieux !

 

C’est bien ce que Joseph, Marie et les bergers ont pu faire de plus beau : laisser chanter leur cœur, avec les anges, pour ce Dieu qui veut nous partager sa vie en prenant part à la nôtre, d’une façon si dérisoire !            Amen !

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Samedi 26 décembre 2009 • 1654 visites

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