Les Ruines du ciel

" Les Ruines du ciel", Christian BOBIN, Gallimard, octobre 2009 15,50 euros, 185 pages.

 

On retrouve dans ce livre une écriture toute en finesse, en poésie, en quotidien.

Choisissant comme fil rouge,  la destruction de Port Royal, haut lieu de la résistance détruit par  Louis XIV, Bobin brode autour de cet événement et fait se percuter le passé et le présent faisant se croiser des portraits de personnages connus et de héros ordinaires (son grand-père, un clochard). Ces paroles entrecroisées tissent une trame parfois ardue à suivre. Il faut prendre son temps, savourer, lire et relire, faire des détours, revenir sur telle affirmation  pour voir surgir « le merveilleux casse-tête de la vie » dans ces mots qui disent combien « ce n’est pas compliqué d’écrire : il suffit d’y donner chaque seconde de sa vie. »

Le silence, le prix de la lenteur, la plénitude du rien s’emplissent de traces du passé, du poids des choses.

Nous sommes « à chaque instant, à deux doigts d’un miracle » que nous laissons souvent échapper faute d’avoir l’œil ou l’oreille avisés. Car l’essentiel est dans les détails que l’auteur scrute comme un observateur tranquille : une bouteille vide, un brin d’herbe, un rai de lumière, une pomme, une chaise de paille... Il dessine pour nous une marelle, où l’on saute à cloche-pied d’un portrait à un autre avant de gagner le ‘ciel’ car « sans penser à rien, je me suis trouvé au paradis. » A l’arrivée, on garde pour soi, comme un trésor, quelques belles phrases qui donnent sens et nous font plus humains, plus vivants. « La vie n’attend que nos yeux pour connaître son sacre. »

 

 

 

Anne Henning

12 mars 2010

 

 

Article publié par Michel Borelle • Publié le Mardi 16 mars 2010 - 18h28 • 2168 visites

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