Méditation du 2ème dimanche de Carême

2ème dimanche de Carême - Année B


Textes : Première Lecture : Genèse 22.1–2, 9–18
             Psaume : Psaume 116.10, 15–19
             Deuxième Lecture : Romains 8.31–34
             Évangile : Marc 9.2–10



Bien aimés que la grâce et la paix de notre Seigneur Jésus-Christ soient avec vous!

Voila dix jours qu’au désert avec le Christ nous avons entrepris une démarche spirituelle qui nous conduira par sa passion-mort à la gloire de sa résurrection à Pâques. Dix jours donc au cours desquels nous avons essayé de recentrer notre vie sur le Christ à travers la compréhension des mystères divin d’une part et de faire l’expérience de la tendresse et de la miséricorde de Dieu d’autre part. La route reste cependant encore longue et dure vu les pesanteurs socioculturelles qui souvent nous empêchent de vivre pleinement notre foi de chrétien. Bien des fois en effet, face aux habitudes et pratiques sociales, la tendance est de se laisser vivre et de faire comme tout le monde. « N’est-ce pas que si tout le monde fait ainsi c’est que c’est normal, c’est bien »? J’en veux pour preuve nos attitudes et comportements souvent complices face à la corruption sous toutes ses formes qui sous nos cieux est devenue un sport de masse; face à l’avortement qui n’émeut plus et devient presque normal parce que expression de la liberté de la femme… ; Sans prendre garde, nous pouvons nous mouler dans le comportement ambiant qui à première vue n’est pas mauvais mais qui en réalité apparaît en contradiction avec notre foi et par conséquent nous invite à une réaction responsable en faveur de la vérité, de la justice et de la paix. Une foi engagée véritablement et purifiée de ce qui aliène et empêche de se tourner en confiance vers le Christ. En cela l’exemple du patriarche Abraham à qui Dieu ordonne de sacrifier son fils, le soumettant ainsi a l’épreuve de la foi et de la confiance pour une vraie connaissance du Dieu de la vie dans la première lecture de ce deuxième dimanche de carême est plus que révélateur. De faite, la Bible et l’histoire des civilisations antiques nous apprennent que les phéniciens et les cananéens sacrifiaient au Molok en immolant ou en brulant des enfants en hommage aux dieux Baals et Molok (Lev. 18, 21 ; 2R 3, 27) ; immergé dans cette culture païenne, Abraham ressentit lui aussi le besoin de prouver son amour envers son Dieu en lui offrant ce qu’il avait de plus cher : son unique fils Isaac. Devant la grandeur de son don, le Seigneur intervient de façon ferme et pédagogique pour le ramener à une relation vraie avec lui : «  Non, tu ne feras pas comme elles (les tribus païennes) pour servir Yahvé ton Dieu, car ces nations ont fait pour leurs dieux ce que Yahvé déteste, ce qui le dégoûte : elles ont même livré au feu en l’honneur de leurs dieux leurs fils et leurs filles. (Dt 12, 31). Le rendez vous entre Abraham et son Dieu a lieu sur « sa »haute montagne. La montagne dans l’univers biblique est le lieu de la rencontre avec Dieu, le lieu de sa présence (rappelons-nous le mont Sinaï au désert, le mont Tabor avec Jésus en ce jour). C’est parce que la montagne à cause de son altitude est le lieu où la terre rencontre les cieux; c’est un lieu sacré par excellence et propice à la rencontre avec Lui, lieu privilégié où il se révèle. De faite, sur la montagne nous percevons les choses sous un autre aspect, nous nous élevons, nous pouvons prendre du recul par rapport aux choses sensibles c'est-à-dire de la terre. sur la montagne, les choses paraissent plus simples et compréhensibles. Ici par exemple, l’épisode du sacrifice d’Isaac ou encore de « la ligature d’Isaac » nous fait comprendre que la relation avec Dieu est une relation qui fait éclore la vie là où les liens de la mort, l’égoïsme, de l’orgueil et de la possession aveugle l’étouffent, mieux, la relation avec Dieu libère , elle libère non seulement le fils … mais aussi et surtout le père. Elle permet à Abraham d’entretenir désormais avec le Dieu juste, une relation basée sur un acte de confiance absolue. Il est établi dorénavant avec son Fils messagers de la Bonne Nouvelle. Cette grâce divine accordée à Abraham et à sa descendance est le fruit d’une alliance nouvelle qui fait tomber les doutes. Elle trouve dans le Christ sa réalisation plénière à pâques. C’est une alliance qui nous engage et nous invite à ne pas craindre de souffrir et de ne nous engager effectivement pour la justice. En effet, n’est-ce pas dans le labeur qu’on parvient au repos, par la mort qu’on parvient à la vie ?

Et Comme pour nous rassurer de ce fait ; nous qui sommes parfois saisis par le doute dans notre relation à Dieu souvent incompréhensible tout comme nos devanciers les apôtres qui sont déconcertés devant la splendeur de l’évènement que vit le Christ leur maître. Le Christ nous amène à notre tour par les trois disciples, sur la haute montagne et là, il nous réconforte à travers l’épisode de la transfiguration. En effet, la polémique, la tension ouverte entre Jésus et les autorités religieuses laissent perplexe  et pose question : «  est-il réellement le messie ? Si oui, pourquoi n’est-il pas reconnu par les autorités religieuses ? que fait Dieu ? » Ces questions nous nous les sommes posées bien de fois lorsque dans notre vie nous broyons le noir : «  Je ne comprends pas Dieu, pourquoi mes activités qui sont pour le bien de tous, mes projets de vie n’aboutissent pas ? Pourquoi malgré mes efforts pour une nouvelle évangélisation les gens ne se convertissent pas ?... » Devant la foi des apôtres et la nôtre en crise, Dieu à travers l’épisode de la transfiguration nous fait voir ensemble les deux grandes figures de l’ancien Testament Moïse et Elie , les porte-parole de la Loi et des prophètes, en un mot, les porte-parole de l’Ancien Testament, présentant le Christ de l’Évangile aux apôtres Pierre, Jacques et Jean — les “colonnes de l’Église” qui sont là pour être témoins de la mission du Christ. Le Père nous dit ceci :

« Celui-ci est mon Fils, le Bien-aimé, écoutez-le ! ». Cette invitation est valable pour tout chrétien. : Écoutez-le ! Écoutez-le car il est la Parole faite chair (Jn 1.14 ; He 1.1). Il est Le Prophète, et tous les autres ne parlent que pour lui (Dt 18.17).

Ecouter Jésus, c’est accepter de le suivre, même si ce qu’il nous demande semble en contradiction avec la sagesse du monde ; c’est accepter de le suivre même s’il nous entraine sur le chemin de la croix. C’est prendre de la hauteur par rapport à la mentalité ambiante, qui sous le couvert de la sagesse, nous enferme dans des considérations et préoccupations mesquines. En somme, Ecouter Jésus c’est miser sa vie sur l’amour en acceptant d’avancer là ou il nous conduira.

Bien aimés, prenons l’engagement en ce deuxième dimanche de carême de ne pas laisser passer cette occasion que nous offre le Seigneur sans nous engager à sa suite dans le combat pour la vérité ; la justice et l’avènement d’un monde meilleur.

De façon concrète cette semaine, faisons l’effort de poser des petits gestes contre la corruption en faisant correctement notre devoir d’état sans demander de façon implicite des gratifications ; prions et jeûnons si nous le pouvons pour la préservation de la vie, contre les avortements et les infanticides.

Dieu que nul n’a jamais vu, tu as manifesté ta gloire sur le visage transfiguré de ton Fils et, par sa voix, c’est ta parole que tu nous livre. Illumine nos yeux de la clarté de ton regard et rends-nous attentifs à son évangile : nous serons heureux d’être ses frères et tes enfants, car il est ton Fils bien-aimé qui vit avec toi et l’Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen !

Bon et fructueux temps de carême. « Que la Vierge Marie nous aide à faire totalement la volonté de notre Dieu ! »

Dieu bénisse !

Père Eric TRAORE, vicaire de la Paroisse Ste Anne de Dédougou

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Lundi 12 mars 2012 • 1586 visites

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