Rencontre avec Sœur Sylvie Toison

26 août

Ce lundi 26 août, maison Notre-Dame, Sœur Sylvie Toison de passage à Douai, mous a partagé les dernières informations concernant l'évolution du projet HAGURUKA mis en place à Ruzo au Burundi, et nous a annoncé son prochain départ pour une nouvelle mission au Cameroun.

INTERVIEW DE SŒUR SYLVIE

Q – Vous avez été en mission au Proche Orient (Syrie, Liban, Iran, Irak), en Afrique (Niger, Burundi), partout vous avez initié des projets qui vivent encore aujourd'hui. Selon vous, qu'est-ce qui fait qu'un projet peut voir le jour, qu'il s'établit, qu'il devient durable ?

Sr Sylvie
>>> Un projet doit correspondre à un problème vécu et ressenti par la population, et ne pas être parachuté de l'extérieur.
Par exemple au Liban, la santé était un problème crucial qui pouvait réunir les chrétiens et les druzes dans la région du Chouf. Les uns et les autres avaient beaucoup souffert de la guerre et les structures sanitaires étaient détruites. Nous nous déplacions donc dans cette région avec un hôpital ambulant et nous nous arrêtions dans des villages entièrement chrétiens, dans des villages entièrement druzes, dans des villages mixtes. Progressivement nous rapprochions les points d'arrêt entre ces différentes communautés, créant ainsi des points de rencontre entre elles, et des liens se sont renoués et nous avons pu être témoins de gestes de réconciliation.
Autre exemple à Bam en Iran. Suite au terrible tremblement de terre de 2003, nous avons pu développer une collaboration extraordinaire avec la population et les autorités locales quand elles ont perçu que nous étions à l’écoute de leur vécu, que nous les respections dans tout leur être et répondions à leur demande. Nous avons toujours refusé les structures sanitaires que les ONG nous proposaient afin de les rencontrer dans leur cadre de vie dévasté, sous la tente. Nous les rejoignions dans leur tragédie et ils en étaient profondément touchés et sensibles. Elles savaient qu’elles pouvaient nous exprimer leurs besoins les plus profonds et que notre écoute était inconditionnelle. Elles nous ont demandé de les aider à mettre sur pied une association des handicapés de Bam, des centres de rééducation, et d’organiser avec eux la réhabilitation des handicapés sur le plan social et professionnel. Et chose extraordinaire, même les autorités du district nous ont sollicités pour les aider à mettre en place un plan d'accessibilité pour les handicapés. Nous n’étions pas ceux qui apportaient, mais ceux qui partageaient avec eux, réfléchissaient, ceux qui étaient au milieu d'eux, comme « des frères ». Et cela change toute la perspective.
>>> Un projet doit impliquer la population, prendre en compte non seulement sa culture, mais aussi ses savoir-faire et ses capacités à les mettre en œuvre
Ainsi en Irak, notre projet du centre de santé s'est construit en formant une équipe médicale et paramédicale multiconfessionnelle, pari fou en pleine guerre multiconfessionnelle ! Mais cela a réussi. Nous nous placions au-delà des conflits, et ils le sentaient. De plus, la santé constituait un pont fédérateur.
>>> Pour construire, il est essentiel de ne pas cultiver les différences, mais de mettre en avant les points communs.
Par exemple à Bam, les musulmans ne connaissaient pas les chrétiens. Cela n'a pas été un point de tension dans la mesure où l'important était de redonner la vie, de redonner l'espoir et l'espérance.

Q – Pouvez-vous nous parler plus en détail du projet HAGURUKA mis en place à Ruzo au Burundi. Comment est-il né ? Comment s'est-il développé ? Où en est-on «  ans après son lancement ?

Sr Sylvie
Le but du projet HAGURUKA est que les groupes participants (14 groupes représentant 240 familles) deviennent autonomes sur le plan alimentaire et acteurs de leur propre promotion. Forts de cette expérience ils deviennent éducateurs pour d'autres personnes.
Il était prévu que le système s'autofinance après 3 ou 4 ans. Malgré 2 catastrophes : la peste porcine qui a décimé l'élevage de porcs, et la grêle qui a détruit les ¾ des récoltes, ils ont pu, grâce aux bénéfices du moulin, à la gestion de la banque céréalière et à de petites économies réalisées depuis deux ans, acheter une grande partie des graines pour réensemencer, et une grande partie des haricots constituant l'alimentation de base pour nourrir ces 240 familles. Ils n'ont eu besoin que d'une aide financière minime, ce qui prouve que le système fonctionne et que la gestion est bonne.
Aujourd'hui, ils apprennent à d'autres personnes demandeuses, leur projet. Ils sont encore suivis par deux Filles de la Charité de la Communauté, mais il est clair qu’ils se sont pris en charge<:em>

Q – Vous venez de recevoir une nouvelle mission au Cameroun. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Comment vous vous y préparez ?

Sr Sylvie
Oui, je pars au Cameroun pour une mission de santé et très probablement concernant la nutrition qui est encore un lourd problème dans ce pays. Il s'agit là encore de répondre à un besoin ressenti par la population.
Pour m'y préparer, je vais suivre un stage de 3 semaines sur la culture et l'usage de la spiruline.
Je partirai pour le Cameroun dans la 2ème quinzaine d'octobre.

Merci Sr Sylvie pour cette interview,
merci pour tout ce que vous faites auprès des plus démunis.


En fichiers joints :
>>> photos de la rencontre
>>> diaporama projeté, sur la mission des Filles de la Charité à Ruzo

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Article publié par MICHEL LAISNE • Publié Mardi 27 août 2013 • 1561 visites

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