L'hostie de Miracle de Douai, et l'éclosion du culte eucharistique qui porta à la création de la Fête Dieu

Conférence par le Père Bernard Descarpentries - 19 juin 2014

 

En préalable, en ce jour où l’Église de Rome a célébré la Fête Dieu instituée il y a 750 ans ; je souhaite dédier cette conférence à notre doyen qui célèbre ses 40 ans de sacerdoce. Par son attachement à l'Eucharistie il accompagne nombre de fidèles vers la source et la finalité de toute chose, le Christ : Dieu présent avec nous.

 

La Fête-Dieu ou Fête du Saint-Sacrement,

 

nous invite à proclamer la foi dans la présence réelle du Christ sous les espèces eucharistiques du pain et du vin, consacrés lors de chaque messe. Sous ces humbles apparences du pain et du vin, Jésus a voulu demeurer parmi nous, tous les jours et jusqu’à la fin des temps. Cette fête est née au diocèse de Liège , sous l’impulsion de sainte Julienne de Cornillon et d’Ève de Saint-Martin. En 1222, Julienne fut élue prieure du Mont-Cornillon et continua les démarches pour l'instauration de la Fête-Dieu, demandant conseil à d'éminentes personnalités de l'époque, tels que Jean de Lausanne chanoine de Saint Martin, Jacques Pantaléon, archidiacre de Liège et futur Pape Urbain IV, Guy, évêque de Cambrai, et aussi des théologiens dominicains, dont Hugues de Saint Cher (Provincial des Dominicains et Légat pontifical). La fête fut célébrée pour la première fois par le prince-évêque Robert de Thourotte en 1246

 

Elle fut étendue ensuite au monde entier, voici juste 750 ans, par le pape Urbain IV (bulle «Transiturus » du 11 août 1264) pour commémorer la présence de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie. C'est la raison de ce triduum qui commémore aussi le 760 anniversaire du miracle eucharistique de DOUAI dont je vous lis comment un contemporain en a fixé le témoignage.

 

Douai 14 avril 1254,

 

A l'occasion de Pâques, dans la Collégiale St Amé le visage du Christ est apparu dans l'hostie. La Sainte Hostie est conserée depuis ce miracle survenu il y a 7 siècles et demi.

 

A l'époque, des chrétiens comme les Cathares se posaient des questions sur le lien entre Dieu et l’Église, d'autre suivaient l'hérésie de Bérenger qui niait le dogme de la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie. Voici qu'elle fut la réponse du Ciel, selon le témoignage rapporté par Thomas de Cantimpré, religieux Dominicain, théologien auprès de l’évêque de Cambrai. Il était condisciple de Saint Thomas d'Aquin et disciple de Saint Albert le Grand (lire le récit du Miracle par Thomas de Cantimpré)

 

A noter que l’évêque de Cambrai Guy, avait été à l'époque un familier de Julienne de Montcornillon décédée en 1246 et que son successeur était Nicolas de Fontaines dont l'élection avait été confirmé par le légat Hugues de Saint Cher. Il avait pour suffragant Thomas de Cantimpré, titré évêque de Lasichéme in partibus. On comprend mieux pourquoi le théologien vint vérifier la rumeur de miracle, alors qu'à l'époque Douai relève du diocèse d'Arras et non de celui de Cambrai. Un incendie ayant détruit les archives de la collégiale St Amé en juillet 1293, nous ne possédons pas d'écrits pour attester les faits ; mais par la suite les comptes de la paroisse témoignent qu'il y avait procession et adoration du Saint Sacrement à Douai dans la semaine après Pâques. C'est à dire non pas pour la Fête Dieu mais bien au temps liturgique commémoratif du miracle de 1254.

 

Durant la révolution, l'Hostie fut préservée par le soin du doyen du chapitre qui la confia à un menuisier de la paroisse Alexandre Mornave (dont les deux oncles Dubrulle étaient chapelains bénéficiaires du chapitre de la collégiale). Le doyen Ranst de Bercken avait donné la recommandation de ramener, après les troubles, le coffret où il avait déposé diverses reliques dont l'hostie du miracle (et non pas l'hostie miraculeuse). Ce qui fut fait scrupuleusement (voir fac simile des billets du doyen et de Mornave attestant des faits). Notons que cet humble paroissien n'en tira aucun bénéfice et finit à l'Hospice des pauvres.

 

Que dire du miracle ?

 

Qu'apparemment aucun contemporain ne s'est élevé pour contredire Thomas de Cantimpré, et ce pourtant dans un climat de contestation théologique voir de combat puisqu'en 1235 dix Cathares avaient été exécutés après procès au Raquet.

 

Que si dans le vocabulaire hébraïque et grec le mot miracle n'existe pas, cela ne veut pas dire que l'idée de miracle soit absente de la Bible. On y parle de "prodiges" (actes de puissance) et de "signes", ce sont les deux orientations fondamentales pour comprendre le sens a donner aux miracles. D'un coté, il y a le fait de considérer les actes du Créateur et de l'autre il y a la relation de ces actes à l'homme qui est ainsi provoqués au dialogue, à se positionner.

 

Dans les Évangiles on note 25 récits différents de guérisons, 3 exorcismes, 3 revivifications de la mort, et 7 actions sur les éléments (tempête, aliments, ...)

 

Les faits mettent en œuvre une force surprenante (à travers un geste et une parole), et toujours dans un contexte de mise en relation et de dialogue entre intelligence et foi. Certains ont contesté à DIEU ces interventions au regard qu'elles contreviennent à l'ordre apparent de la création, et que dans ce cas DIEU semble se contredire ou se reprendre devant une imperfection.

 

Dans le Nouveau Testament, Jésus se situe en dehors du contexte de débat apologétique des magiciens. Il ne fait pas des "prodiges" pour convaincre de sa supériorité. St Jean employant le mot "signe" indique clairement qu'il s'agit d'une invitation à se déterminer librement pour ou hors de DIEU. Ce n'est donc pas l'historicité de l’événement miracle qu'il faut considérer mais l'interpellation qui nous provoque à aller au delà vers le déjà là mais peut être pas encore perçu (eschatologie). Pour ce qu'il s'agit de la présence eucharistique, comprendre qu'à travers des aliments du repas partagé avec ses disciples, Jésus a étendu sa présence à tous les disciples de tous les temps. Le don qu'il a fait de sa personne par sa mort et sa résurrection rejoint aussi toutes personnes qui l'accueille et le partage, comme dynamique de vie. Il ne fait pas que de nous stimuler à ... Il est vraiment là qui nous nourrit de sa vie, et devient en nous la vie pour nous. Sa présence est réelle et en personne. Elle est agissante et perdure. L’événement du miracle qui a capté notre attention, ne doit pas seulement fixer notre regard sur ce qui c'est passé ; mais encore il continue d'agir et de stimuler l'action en nous. Ainsi nul n'est autorisé à réduire le miracle à la nécessité de subvenir à un manque ou une défaillance (Dieu viendrait réparer) ou à la nécessite de convaincre. Le miracle laisse sauve la liberté de l'Homme mais suscite la raison à un dialogue et une réponse ; à vivre dans la Foi en DIEU en la mettant en œuvre par le partage.

 

Pour Benoît XVI : "L'Église naît et subsiste par le fait que le Seigneur se communique aux hommes, qu'il entre en communion avec eux et les amène ainsi à une communion entre eux", " le Christ construit son Corps en réunissant, les chrétiens dispersés, en un seul pain, un seul Corps.

 

De même, c'est parce que Jésus-Christ est le seul à pouvoir dire "Ceci est mon corps, ceci est mon sang", que le prêtre ne parle pas en son nom mais représente l'Église,qui a chargé l'homme (qu'il est) de ce qu'elle a reçu du Christ. Communier veut dire entrer en communion avec Jésus-Christ et devenir avec lui, par lui, en lui, capable de ressusciter.

 

Il en ressort que la communion doit être accueillie avec humilité et patience. "Ce n'est pas à nous de faire nous-même, comme si l'unité existait là où elle n'existe pas" ; seul le Christ peut nous faire participer à "l'acte d'amour éternel dans lequel il se donne à son Père de manière à ce que nous soyons donnés au Père" avec le Christ et que nous vivions cette dynamique entre nous. En ce sens, l'Eucharistie est bien un sacrifice puisque nous sommes donnés à Dieu en Jésus-Christ et en même temps nous recevons le don de son amour, par la communion pascale avec et dans le Seigneur.

 

"Eucharistie" est la transposition française d'un mot grec qui veut tout simplement dire : "rendre grâces", "remercier". L'eucharistie, en fait, est un remerciement. Mais qui remercions-nous ? Dieu, le Père de miséricorde qui aime les hommes, inlassablement, et les appelle sans cesse au partage de vie. C'est ce Père très aimant qui a envoyé son Fils Jésus pour nous montrer jusqu'où va son amour et nous attirer tous à lui. C'est donc pour la création, pour la vie qui court dans nos veines et qui vient de lui que nous le remercions. Mais nous le remercions surtout pour son Fils, Jésus, venu vivre en homme parmi les hommes mourir comme l'un de nous, mais en affrontant le supplice de la Croix et l'abandon de tous.

 

Remercier, c'est dire merci bien sûr mais c'est aussi bien souvent marquer sa joie d'un cadeau, d'un don. Mais comment fait-on pour remercier Celui qui nous a tout donné ? Quel est le mode d'emploi ? Y a-t-il un chemin particulier, une voie pour y parvenir ? C'est ici que Jésus lui-même intervient et nous offre le moyen de remercier son Père : la veille de sa passion, il prend du pain, le distribue : "Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps, livré pour vous". Puis, il prend la coupe de vin, la bénit et la donne à ses disciples en disant : "Prenez en buvez-en tous car ceci est la coupe de mon sang versé pour vous et pour la multitude. Faites ceci en mémoire de moi".

 

Dès les tout premiers récits, on voit les disciples obéir à cette étrange consigne donnée par Jésus et se rassembler pour partager le Pain. Les Actes de Apôtres, les lettres de Paul et les récits des premiers chrétiens en font foi. Dès le début, et plus encore avec ces grands pasteurs et théologiens des premiers siècles, les chrétiens ont vécu avec l'Eucharistie cherchant à approfondir cette réalité inépuisable qui est au cœur de la vie chrétienne. En réalité, par l'Eucharistie, nous entrons dans la vie de Dieu lui-même, dans le merci de Jésus à son Père et nous sommes entraînés dans ce mouvement. Du coup ce n'est plus à nous "remercier" Dieu, il nous suffit d'entrer dans le mouvement de remerciement du Fils à son Père.

 

Dieu ne veut pas de ces prétendus "dons" ou "sacrifices" par lesquels les hommes cherchaient à s'attirer les bonnes grâces de la divinité. Tout au long de l'Ancien Testament il avertit : "C'est la miséricorde que je veux et non le sacrifice". Ce que recherche Dieu, ce qu'il désire, la meilleure manière de le "remercier", c'est d'aimer comme il aime, d'être miséricordieux comme il est miséricordieux, bref de lui ressembler. Remercier Dieu, c'est accepter d'aller à la suite de Jésus dans ce grand mouvement d'amour de Jésus à son Père que lui seul peut nous ouvrir. C'est accepter de se donner aux autres comme il l'a fait lui même en venant parmi nous. Entrer dans cette dynamique nous conduira jusqu'au don de soi, comme elle a conduit Jésus jusqu'à la mort sur une croix. Remercier Dieu c'est accepter de devenir, au moins un peu, comme lui.

 

Pour y arriver on peut essayer de changer de vie, de transformer nos comportements, bref de "faire des efforts". Cela n'est pas négligeable mais on en perçoit vite le caractère dérisoire. En fait Jésus nous indique une autre voie, étonnante mais sûre, pour aimer comme il aime : se nourrir de lui, présent dans l'eucharistie. "Car, dit-il, mon corps est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson". Ou encore : "Celui qui me mange vivra par moi". Ainsi, peu à peu, nous devenons d'autres Christ et nous pouvons dire, comme l'apôtre Paul : "Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi". Ou, pour le dire comme Thomas d'Aquin : "L'effet propre de l'eucharistie est la transformation de l'homme en Dieu". Et c'est ainsi que nous devenons nous-mêmes l'action de grâce de l'homme à son créateur.

 

Comment expliquer que Jésus est présent dans l'hostie ?

 

Il est difficile de plonger dans le mystère eucharistique. Nos manières humaines nous portent à "matérialiser" la "Présence réelle", à comprendre le mot "réel" comme un équivalent à "matériel".

 

Si vous demandez : "Où est la Présence réelle ?" le concile Vatican II répond que Jésus est présent quand la Parole est proclamée ; il est présent dans l'assemblée "réunie en son nom" et dans la personne du ministre ; enfin, et "au plus haut point", dans le pain et le vin de l'eucharistie (constitution Sacro sanctum Liturgia n° 7). Mais toutes ces formes de présence sont indissociables. Dans la messe, les membres de l'assemblée, fidèles et ministres, écoutant les lectures de la Bible, reçoivent la Parole qui est "Pain de vie", nourriture pour leur foi. Ils célèbrent ensuite l'action de grâces, l'eucharistie, et sont reçus dans le corps du Christ en communiant au "pain de la vie" et à la "coupe du salut".
 

L'histoire de la solennité s'inscrit dans le sillage de débats théologiques sur la présence réelle, substantielle, et subsistante de DIEU ; et pas seulement dans comme un souvenir qui suscite le fidèle. Ainsi, l’hérésie de Bérenger de Tours niait la présence réelle et agissante du Christ dans l'Eucharistie.

 

Les évolutions de la théologie sacramentelle et son développement dans les écoles du XIIe siécle et du XIIIe siècle ont été décisives. Le facteur déterminant qui a permis l'invention et la réception de la solennité de la Fête-Dieu a surtout été l'évolution de la religiosité populaire qui a accompagné ces évolutions théologiques grâce au développement de la prédication. Ce réveil s'accompagnait d'un désir de pouvoir contempler l'hostie pendant la messe : c'est à Paris, vers 1200, que l'existence de ce rite de l'élévation, au moment de la consécration, est attesté pour la premièe fois. En effet, la messe n'était plus dévolue qu'à des "initiés". Elle n'était plus vécue par les fidèes, que comme un "spectacle sacrificiel" permis, par ces personnes autorisées.

 

Le XIIIe siècle est une période féconde pour l'Église avec les grandes figures de Julienne du Mont-Cornillon qui à partir de 1209, eut de fréquentes visions mystiques. Une vision revint à plusieurs reprises, dans laquelle elle vit une lune échancrée, c'est-à-dire rayonnante de lumière, mais incomplète, une bande noire la divisant en deux parties égales. Elle y vit la révélation qu'il manquait quelque chose à l'Église. La fête du Saint-Sacrement devait être instituée pour ranimer la foi des fidèles et dénoncer les erreurs commises contre ce Sacrement. À partir de cette période, elle œuvra pour l'établissement d'une fête solennelle en l'honneur du Très Saint Sacrement. Elle fut aidée pour cela par la Bienheureuse Eve de Liège. En 1222, Julienne fut élue prieure du Mont-Cornillon et continua les démarches pour l'instauration de la Fête-Dieu, demandant conseil à d'éminentes personnalités de l'époque, tels que Jean de Lausanne, chanoine de Saint Martin, Jacques Pantaléon, archidiacre de Liège et futur Pape Urbain IV, Guy, évêque de Cambrai, et aussi des théologiens dominicains comme Saint Thomas d'Aquin
 

Instauration de la Fête-Dieu

 

La fête fut célébrée pour la première fois par le prince-évêque Robert de Thourotte. Tombé malade à Fosses, craignant de n'avoir pas le temps de confirmer la fête à sa principauté, il recommanda l'institution de la fête au clergé qui l'entourait et en fit célébrer l'office en sa présence, à Fosses même. Il y mourut, le 16 octobre 1246, sans avoir pu tenir un synode général et y publier son mandement. Quant à Julienne de Montcornillon, elle mourut le 5 avril 1258 à Fosses-la-Ville.

 

L'extension de la Fête-Dieu à l'Eglise universelle est rendue probante après le miracle qui a eu lieu à Bolsena en 1263. Un prêtre Pierre de Prague, avait fait un pèlerinage et avait de grands doutes spirituels notamment sur la présence du Christ dans l'Eucharistie. Lors d'une messe célébrée par le prêtre, lors de la consécration, l'hostie prit une couleur rosée et des gouttes de sang tombèrent sur le corporal. Le prêtre interrompit la messe pour porter à la sacristie les saintes espèces. Le Pape Urbain IV, ancien confesseur de sainte Julienne, vint alors constater ce qui était survenu et institua alors à sa demande la fête du Corpus Domini par la bulle "Transiturus de hoc mundo" le 8 septembre 1264. Il la fixa au jeudi après l'octave de la Pentecôte et confia la rédaction des textes liturgiques à Saint Thomas d'Acquin († 1274). On lui attribue donc la rédaction du Pange Linga et du Tantum (adaptés d'hymnes liturgiques catholiques déjà existantes), le Lauda Sion et tout le reste des pièces liturgiques latines prescrites par la liturgie de la fête. il a marqué la pensée catholique par son art de la synthèse, la profondeur de sa réflexion et sa capacité d'exposition pédagogique de la foi. Il se distingua par sa dévotion et son amour de l'Eucharistie qu'il célébrait chaque jour après avoir servi la messe d'un de ses confrères. La Fête-Dieu ne fut reçue dans toutes les Eglises latines qu'au temps de Clément V, à l'époque du concile de Vienne (1311 - 1312) où il renouvela la constitution d'Urbain IV. A Rome, c'est seulement à la fin du XVe siècle, sous Nicolas V que l'on commença célébrer la fête par une procession au Latran et à Sainte Marie Majeur, le long de la via Merulana qui ne fut praticable qu'à partir de 1575, date de la fin des travaux voulus par Grégoire XIII. La tradition s'est ensuite maintenue pendant trois siècles. Mais en 1870, année de la prise de Rome, l'usage est tombé dans l'oubli. C'est Jean-Paul II qui a relevé la tradition dès sa premièe année de pontificat, en 1979.

 

Les Miracles Eucharistiques

 

Je vous partage en ce qui concerne les Miracles Eucharistiques quelques réserves et aspects positifs à mettre en valeur selon les recommandations de Mgr Raffaello MARTINELLI de la  Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi  :

 

  • Notre foi n’est pas fondée sur les Miracles Eucharistiques, mais sur l’annonce du Christ Notre Seigneur accueillie dans la foi grâce à l’action du Saint Esprit. Nous croyons parce que nous avons cru à la prédication “Fides ex auditu, auditus autem per verbum Christi” (Rom 10, 17); “La foi dépend de la prédication et la prédication se réalise à travers la parole du Christ”. Croire est un acte d’intelligence qui, poussé par la volonté de Dieu, moyennant sa grâce, donne son consentement à la vérité divine” (Saint Thomas, Summa Theologiae, II-II, q.2,a.9.c).

 

  • Le Christ est le centre de notre foi dans l’Eucharistie. Durant sa prédication, Il a annoncé à l’avance son institution. Il l’a ensuite instituée en célébrant avec ses apôtres la Dernière Cène le Jeudi Saint. Depuis lors, l’église fidèle au commandement du Seigneur: “Vous ferez ceci en mémoire de moi” (1 Cor. 11,24), a toujours célébré avec foi et dévotion l’Eucharistie, surtout le dimanche, jour de la résurrection de Jésus. Elle continue à le faire “jusqu’à Sa venue” (1 Cor. 11,26).

 

  • Pourtant ce n’est pas une obligation pour les chrétiens de croire aux Miracles Eucharistiques. Ils n’engagent pas forcément la foi des fidèles, même si ils sont reconnus par l’église. Chaque fidèle conserve la liberté d’appréciation: aucun chrétien n’est obligé de croire à certaines révélations privées même quand elles sont approuvées officiellement par l’église.

 

  • En principe, le croyant ne doit pas exclure que Dieu puisse intervenir d’une façon extraordinaire à tous moments, lieux, événements, personnes. Il est difficile de discerner si, en chaque événement, l’intervention authentique et extraordinaire de Dieu, s’est vraiment manifestée.

 

  • La prudence de l’église, face aux phénomènes extraordinaires (comme les Miracles Eucharistiques), est pleinement justifiée car elle peut se trouver exposée aux risques suivants :

    - Supposer que Dieu ait oublié de nous dire quelque chose dans l’institution de l’Eucharistie

    - Considérer l’Eucharistie dominicale comme un événement d’importance secondaire en donnant une importance excessive à l’aspect extraordinaire du Miracle qui déprécierait la vie quotidienne du croyant et de l’église

    - Croire trop facilement aux suggestions, tromperies, manigances, etc...

    L’éventuelle approbation ecclésiale d’un Miracle Eucharistique contient les éléments suivants :

    - le fait relatif à l’événement ne contient rien qui puisse entrer en contradiction avec la Foi et les bonnes coutumes. Il est permis de le rendre publique.

    - Les fidèles sont autorisés à donner aux miracles leur adhésion d’une façon prudente. Même si personne n’est obligé d’y croire, le chrétien sera respectueux à l’égard du Miracle Eucharistique dont l’authenticité a été reconnue par l’Église

 


Les Miracles Eucharistiques peuvent être une aide précieuse à notre Foi. Ils peuvent, par exemple :

 

  • Aider à aller au delà du visible, du sensible et à admettre l’existence d’un au delà. C’est parce qu’il est reconnu comme un événement extraordinaire que le Miracle Eucharistique ne trouve pas d’explication scientifique. Il dépasse la raison humaine et il interpelle l’homme à dépasser les sens, le visible, l’humain en admettant qu’il existe quelque chose d’incompréhensible, d’inexplicable pour la raison humaine et scientifiquement impossible à démontrer.

 

  • Offrir une occasion de parler, surtout pendant la catéchèse, de la Révélation et de son importance pour l'Eglise et pour le chrétien. L'Eglise est liée à l'événement unique de l'Histoire Sacrée et à la parole de la Bible. Sa mission est de garantir, d'interpréter, de témoigner la Révélation. Et cela est possible grâe à l'assistance particulière de l'Esprit Saint qui la guide et lui fait connaître toujours mieux Jésus Christ, le vrai trésor. Même si la Révéation est achevée, elle n'explique pas tout. Ce sera le rôle de la Foi chrétienne de la faire mieux connaître, de l'approfondir et de l'incarner continuellement en témoignant à tous avec fidélité et courage. On pourra ainsi en saisir le sens dans le cours des siècles.


 

Les Miracles Eucharistiques nous invitent à connaître, à apprécier, à aimer l'Eucharistie.

 

  • Ils peuvent aider la personne à redécouvrir le mystèe, la beauté et la richesse de l'Eucharistie, comme le dit le Compendio du Catéchisme de l'Eglise Catholique approuvéet publié par le Pape Benoit XVI en juin 2006 :
    “Elle est la source et le sommet de la vie chrétienne. L’action sanctifiante de Dieu envers nous et notre culte en Lui, touchent dans l’Eucharistie leur plus haut degré. Elle contient tout le bien spirituel de l’Eglise: le Christ lui-même, nos Pâques. La communion de la vie divine et l’unité du peuple de Dieu sont exprimées et produites dans l’Eucharistie. Grâce à la célébration Eucharistique nous nous unissons déjà à la Liturgie du Ciel et nous anticipons la Vie Eternelle” (n. 274).

 

  • Il ne faut jamais oublier ni passer sous silence que l’Eucharistie est le vrai, grand, intarissable Miracle quotidien.

    - Elle est un sacrement : les Sacrements « sont des signes sensibles et efficaces de la grâce. Le Christ les a institués et confiés à l’Église. A travers eux la vie divine nous est prodiguée. Ils sont efficaces ex opere (« parce que l’action sacramentelle est accomplie »), car c’est le Christ qui vit en eux et qui leur communique la grâce, indépendamment de la sainteté personnelle ».

    - L’Eucharistie est le Sacrement dominical par excellence. Il faut souligner que le Miracle le plus répandu et à la portée de tous est celui qui se produit dans nos églises pendant la célébration de la Messe.

    « C’est le sacrifice du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus Christ qu’il a institué en le rendant perpétuel dans les siècles jusqu’à son retour. C’est le sacrifice de la Croix, confiant ainsi à son église le mémorial de sa Mort et de sa Résurrection. C’est le signe de l’unité, le lien de la Charité, le banquet sacré dans lequel on reçoit le Christ. L’âme est comblée de grâces et reçoit le gage de la vie éternelle” (Compendio, 271).

    Il est vrai que le Miracle le plus important est celui qui advient chaque fois que l’Eucharistie est célébrée et dans laquelle Jésus Christ est présent “d’une façon unique et incomparable”. Il est présent vraiment, réellement, substantiellement avec son Corps et son Sang, avec son Ame et sa Divinité. Dans l’Eucharistie Il est présent sous les espèces du Pain et du Vin, le Christ tout entier: Dieu et Homme (Compendio, n. 282). En rendant présent et actuel Son Sacrifice sur la Croix, il devient notre nourriture et notre breuvage avec son Corps et Son Sang, nous unissant à Lui en devenant notre viatique dans le pélerinage terrestre vers la vie éternelle.

    Voilà le miracle mystérieux par excellence que nous sommes invités à célébrer chaque dimanche dans la Communauté écclésiale, en rompant le Pain unique qui, comme l’affirme Saint Ignace d’Antioche « est le remède d’immortalité, l’antidote pour ne pas mourir mais pour vivre pour toujours en Jésus Christ”.

 

De même il est opportun de valoriser les Sanctuaires des Miracles Eucharistiques reconnus par l'Eglise comme lieux de célébrations liturgiques (en particulier du Sacrement de la Réconciliation), lieux de priièe et de spiritualité eucharistique, de catéchèse et de la réalisation de la charité.

 

 

Les Miracles Eucharistiques manifestent et réalisent leurs relations avec la piété populaire.

 

Ils proviennent souvent de la piété populaire et se reflètent sur elle lui donnant de nouvelles impulsions et entrouvrant pour elle de nouvelles formes. Ceci n’empêche pas qu’ils aient des effets dans la liturgie comme le témoigne par exemple la Fête Dieu. La liturgie est le critère, la forme vitale de l’Église dans son ensemble, directement nourrie par l’Évangile

 

L'histoire de l’Église catholique a été souvent jalonnée de signes, ou miracles ou prodiges envoyés par Dieu pour soutenir la foi des hommes. Le miracle se définit comme un fait extraordinaire, surnaturel que personne, ni les scientifiques ni les médecins, ne peut expliquer. Il est un signe que des témoins peuvent percevoir et attester. le miracle permet d'authentifier, confirmer la foi des baptisés, des croyants ; de manifester l'amour et la providence de Dieu qui prend soin de la vie spirituelle de ses enfants. Dans l'Ancien Testament, plusieurs situations nous font comprendre que Dieu est au cœur de toute l'histoire humaine. Dieu est omniprésent et il règle chacune de nos actions ...

 

Plusieurs miracles eucharistiques se sont produits. Ensemble nous allons essayer d'en énumérer quelques uns ainsi que les circonstances qui les occasionnèrent :

 

Il peut s'agir :

 

  • d'un doute chez le prêtre qui célèbre la messe (Lanciano, Bolsena),

 

  • d'un sacrilège qui peut être délibéré (hostie volée en vue d'une profanation ou d'un usage de sorcellerie : Santorem, Portugal)

 

  • d'une négligence coupable (un prêtre qui avec désinvolture met une hostie consacrée entre les pages de son bréviaire au lieu de la porter avec respect : l'hostie aurait saigné, Cascia en Italie, 1330) ; de façon purement matérielle, hostie tombée par terre à Douai en France ou encore le reposoir qui se serait enflammé (Faverney en Haute - Saône).

 

A l'heure actuelle, l’Église catholique parle de 132 lieux où des miracles eucharistiques sont advenus (lire notre page sur les miracles eucharistiques : circonstances, manifestations, aperçu de quelques miracles célébres)

 

Les miracles eucharistiques sont des signes visibles que Jésus offre aux fidèles afin de les conduire vers le mystère de sa présence réelle dans l'Eucharistie au-delà des apparences du pain et du vin. Par ces signes, Jésus soutient la foi et l'affermit à ceux à qui le signe est donné. La multiplication des pains (Jean, 6) est un signe visible qui préfigure l'Eucharistie, pain de la vie qui sera donné en abondance pour la vie de tous les hommes ; de même pour le premier miracle de Jésus, au jour des noces de Cana (Jean,3).

 

Saint Thomas d'Aquin utilise le mot « transsubstantiation » qui vient du mot « substance » : dans la consécration eucharistique du pain et du vin, il y a changement de substance, c'est à dire d'être (« Ceci est mon corps » dit Jésus). La substance du pain a changé. Mais le Christ reste le Christ. Le sacrement de l'Eucharistie n'enferme pas le Christ dans un lieu donné, dans une forme donnée. Le Christ reste présent dans la gloire divine, et par le sacrement de l'Eucharistie il nous attire à lui et nous unit à sa divinité. Ce langage est toujours d'actualité (catéchisme de l’Église catholique de 1998, § 1376). Cette précision du langage permet de comprendre les miracles eucharistiques : Un miracle eucharistique ne concerne donc pas le pain, mais concerne la forme que revêt le Christ. Si le pain consacré se conserve mille ans, s'il s'élève tout seul, s'il saigne, aucune solution ne sera trouvée dans l'étude de la farine ! Mais tout cela a pour origine le Christ qui manifeste sa présence à travers les "formes" et les "accidents". (Somme Théologique, III Qu.76 et 77) Les miracles eucharistiques obligent à réfléchir avec sérieux sur la présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie. De nombreuses personnes sont fascinées par les apparitions véritables ou présumées, mais l'Eucharistie c'est Dieu qui est présent parmi nous tous les jours; cela est donc plus important que les autres apparitions.


 

En pièces jointes :

Billets du doyen Ranst de Bercken et de Mornave

qui attestent de la conservation de l'hostie durant la Révolution

 

Article publié par MICHEL LAISNE • Publié le Mercredi 25 juin 2014 • 1782 visites

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