Avec un atterrissage à Paris prévu à l’aube du 15 août prochain, est venu pour moi le temps de quitter la terre camerounaise après cette décapante année de volontariat de solidarité internationale en tant qu’infirmière puéricultrice.
C’est l’heure où les sentiments s’entremêlent entre la nostalgie, la douleur de quitter et la joie, l’envie profonde de retrouver !
Je réalise et vous avoue que c’est une sensation particulière de fermer cette parenthèse d’un an et de se dire « ça y est, c’est fini », d’accepter de mettre un point à cette aventure.
Mais finalement quel type de point choisir et écrire : un point final ? Un point virgule ? Des points de suspension ? Il faut sans doute laisser le temps à la réponse de s’écrire elle-même, peu à peu.
Là où il y aura un point final, c’est à mes newsletters africaines. Ce récit sera le dernier qui vient clôturer cette année vécue au Cameroun. Je ne pensais pas que vous seriez autant à suivre mes aventures et ça fait vraiment plaisir de se dire que je n’ai jamais été seule là bas, vous étiez toujours un peu avec moi… Merci !
Et à présent quelle est la suite, me direz-vous ?!
Prendre le temps d’atterrir, de revenir, de revoir ceux que j’aime, ma famille, mes amis, les plus ou moins proches, se réadapter à une vie différente, retrouver ses repères, redécouvrir mon environnement, me réinstaller à Lille, mais aussi reprendre mon travail sur le pool des deux réanimations de l’hôpital Jeanne de Flandre, avoir le plaisir de retravailler avec mes collègues, de goûter à nouveau à la satisfaction de pouvoir soigner sans moyens limités, dans de bonnes conditions.
Prendre le temps aussi de penser à d’autres projets, mais surtout prendre le temps de vivre, de se laisser porter.
A l’heure du bilan, être volontaire dans la santé m’aura demandé un “lâcher prise” pour accepter des situations difficiles et si différentes. Cette nécessaire acculturation s’est faite parfois dans la douleur mais m’a permis de retenir des stratégies de travail local vraiment riches.
Travailler dans cet hôpital de semi brousse naissant, contribuer à une cause éthique, apporter une vision occidentale de la pratique infirmière, donner l’envie de panser les malades dans la globalité, promouvoir la santé, humaniser le travail et les soins, aider les professionnels à assurer la continuité des soins en étant leurs propres acteurs de santé et faire “avec” la population locale plutôt que “pour” fut pour moi une expérience passionnante et difficile à la fois.
Les chocs culturels et l’adaptation, les obstacles, l’ancrage des mentalités, la lenteur des processus, la difficulté à réaliser certains objectifs, les doutes, les nombreuses remises en question, le dépassement de mes limites, la hiérarchie et la soumission, la corruption, le désengagement des hommes politiques, les efforts pour comprendre l’autre, la patience au quotidien, l’acceptation et l’humilité ont finalement rendu mon expérience d’autant plus enrichissante.
Vivre cette année camerounaise, s’ouvrir et aller à la rencontre de l’Autre, être au plus près des démunis, soigner et prendre soin m’ont permis de découvrir d’autres réalités, de côtoyer la pauvreté, de rencontrer des destins tristes, brisés et d’écouter des vécus de vie émouvants; mais aussi de partager des moments d’insouciance et de bonheur, de connaître la simplicité dans les relations, de recevoir hospitalité et générosité. Quelle richesse humaine ! Inutile de vous dire que mon regard a changé et que je ne sors pas inchangée ni indemne de cette expérience unique de vie.
Je ne sais encore si mon poste sera reconduit et si un autre volontaire prendra ma suite. Cela m’attriste un peu, me pose question de “l’après”, de la pérennité de ce que j’ai lancé. Mais, j’essaye de me dire aussi que ce que j’ai vécu avec eux et ce que j’ai pu leur transmettre est déjà très important, valorisant et gage d’évolution, de développement.
Les restrictions sécuritaires et l’impossibilité des déplacements vers le Nord du Cameroun avec Boko Haram me laissent une petite déception et un goût amer, j’aurai tant aimé me rapprocher du Sahel, de cette région aride, de m’en mettre plein la vue avec un safari, de rencontrer ces populations dites si chaleureuses. Mais après tout, nous ne pouvons pas tout faire dans une vie et cela me laisse un petit goût de “revenez-y” ! ;-)
A tous, je vous souhaite un jour d’oser, de foncer et de vivre pleinement cette magnifique expérience tant humaine que professionnelle. Je tiens à remercier la DCC (Délégation Catholique pour la Coopération), mon chargé de mission, Chloé alias ma petite sœur africaine, et toutes les personnes qui de près ou de loin m’ont accompagnée, soutenue et encouragée à croire en ce rêve et à le réaliser.
1 an : le temps nécessaire pour découvrir, s’intégrer, s’enraciner, s’émerveiller, élargir son horizon, apprendre et se construire... Il est difficile pour moi de résumer en quelques minutes cette merveilleuse année mais nous pourrons nous y replonger à volonté lors de retrouvailles familiales, fraternelles, amicales, professionnelles. En attendant, rien de mieux pour clôturer ce récit que cette petite vidéo intitulée “Un an de volontariat”. Je vous laisse la savourer...
Je tiens enfin à remercier chacune et chacun d’entre vous qui a pris le temps, le plaisir, de partager en retour de mes newsletters africaines des nouvelles de sa vie. Ces moments de lecture étaient pour moi délicieux et m’ont beaucoup soutenue. C’était nous dire tous ces moments qui font de nos vies l’extraordinaire, le merveilleux, dans la simplicité du partage.
Je vous adresse un grand merci, le merci qui vient du cœur.
Au plaisir de vous retrouver, de vous serrer dans mes bras, de travailler ensemble, de nous sourire, de rire, de nous dire, et surtout pour moi, de vous écouter.
Je suis prête à repartir avec une valise pleine de souvenirs et vous embrasse tous très chaleureusement en attendant de m’envoler...
Claire